En rencontrant son hôte, Simon Compaoré, le bourgmestre de la ville de Ouagadougou, s’est drapé dans ses habits de poète pour dresser un portrait d’Alain Marie Juppé, accompagné de son épouse, Isabelle.

Et pour cela, il reprendra à son compte les écrits de ce dernier sur un autre élu bordelais : « J’ai trouvé un homme curieux de tout, vif, drôle souvent ; un écrivain cultivant tous les genres. Un sage par-dessus tout, dur aux méchants et aux sots, amoureux de la liberté, de sa liberté, et plus encore de celle d’autrui ».

Dans son envolée lyrique, le locataire de l’hôtel de ville de Ouaga s’est exclamé : « L’homme dont vous (Alain Juppé) parliez si brillamment est Charles de Montesquieu. Une fois de plus, votre modestie va en souffrir, mais ce portrait pourrait être le vôtre. Il est le vôtre. Il est le portrait d’Alain Juppé ».

Simon Compaoré, emporté par les dieux de l’inspiration, poursuivra en rendant hommage au fidèle de Jacques Chirac, pour avoir débuté sa carrière d’élu local et national en se présentant comme candidat dans une circonscription électorale de l’Est parisien, à savoir le 18e Arrondissement de Paris, à forte proportion d’immigrés, que l’on pourrait qualifier de défavorisés.

Et c’est cet homme d’Etat, cet élu, qui a su, tout au long de sa vie politique déjà très brillante, magnifier l’amitié entre les peuples et les hommes, a dit le maire de la ville, que le conseil municipal, au cours de sa séance extraordinaire, a élevé au titre de Citoyen d’honneur de la capitale du Burkina Faso. Un certificat lui a été donc décerné à cet effet et des présents lui ont été offerts.

Comblé par cette distinction, l’ancien Premier ministre français, tout en vantant l’hospitalité et la générosité légendaires des Africains, particulièrement du peuple burkinabè, s’est réjoui de se retrouver une fois de plus au milieu d’élus pour avoir exercé plus d’une vingtaine d’années cette fonction avant de l’abandonner en décembre dernier, dans des circonstances malencontreuses.

Juppé réaffirme sa fidélité à Chirac

« Le meilleur d’entre nous », comme a dit une fois de lui Jacques Chirac, fait sans doute allusion à ses déboires judiciaires liés aux financements occultes du RPR (aujourd’hui UMP). Il a d’ailleurs réitéré sa fidélité au président français, même lors des moments durs, contrairement à ceux-là, a-t-il martelé, qui quittent le navire lorsqu’il tangue.

Pour le désormais citoyen d’honneur de Ouaga, son amour pour l’Afrique, il le doit à son mentor, qu’il soutient depuis plus de 30 ans. Il a salué le dynamisme du maire de la capitale, qui s’est toujours battu pour relever les défis et satisfaire ses concitoyens. Il a relevé des axes tels que la formation professionnelle des élus ; l’aménagement d’espaces verts ; la santé ; la culture, dont Bordeaux, « sa ville », pourrait servir d’expertise à Ouagadougou. En effet, Simon Compaoré, qui sera un invité bordelais dans quelques jours, mettra certainement son séjour à profit pour sceller un partenariat très fructueux entre les deux villes.

Après l’hôtel de ville, celui qui était encore il y a peu de temps le dauphin putatif de Chirac est allé rendre une visite de courtoisie au chef de l’Etat. Une opportunité pour lui d’échanger avec le président du Faso sur les relations excellentes entre son pays et le Burkina Faso ; sur l’Europe ; sur les subventions que les pays riches accordent à leurs producteurs de coton ; sur le 23e Sommet France-Afrique, qui se tiendra dans quelques mois au Mali.

Notons que dans l’après-midi, Mme Isabelle Juppé a rendu visite à notre journal, l’Observateur paalga. Nous y reviendrons.

Cyr Payim Ouédraogo
L’Observateur