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Mort des silures sacrés de Bobo : lettre ouverte au ministre de la Culture

Publié le jeudi 30 juin 2005 à 08h12min

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Lecteur fidèle de Lefaso.net, M. sidkiéta Zabré se dit personnellement touché par la mort des silures sacrés de Bobo Dioulasso qu’il qualifie de catastrophe écolo-culturelle. En réaction, il adresse cette lettre ouverte au ministre chargé de la culture.

Monsieur le ministre,

Il est un secret de Polichinelle d’affirmer que depuis un certain nombre d’années, des efforts ont été déployés par vos prédécesseurs (je pense notamment au ministre Somda) et vous même pour le rayonnement de notre culture. Plus particulièrement, votre arrivée dans le département de la culture a contribué à une meilleure visibilité et surtout à la prise de conscience par les uns et par les autres de l’importance que revêt la sauvegarde de notre patrimoine culturel.

Nous sommes conscients, Monsieur le Ministre, que la tâche qui est la vôtre est immense.
Le drame, la catastrophe écolo-culturel qui se sont produits dans le marigot Houët le 21 juin ne font que confirmer notre propos ci-dessus.

Monsieur le Ministre,
Le combat pour la sauvegarde de notre patrimoine culturel doit être permanent et sans relâche. Ce combat est non négociable.

Monsieur le Ministre,
Des centaines de nos silures sacrés ont été massacrés par la faute d’individus sans scrupules, sans loi ni foi. C’est donc peu parler de drame, de catastrophe pour ceux qui savent ce que représentent ces silures. Il s’agit d’un crime contre notre culture. Ceux qui ont, d’une façon ou d’une autre favorisé et contribué à ce drame doivent être considérés comme des voyous, des bandits, des ennemis de notre culture.

Monsieur le Ministre,
Nous aurions cependant aimé vous voir, vous et l’ensemble de votre staff en première ligne, aux côtés de ces braves citoyens (c’est à leur honneur) qui ont utilisé les moyens de bord pour sauver le reste de nos silures.

Monsieur le Ministre,
Nous vous savons amoureux de notre culture. C’est pourquoi nous aurions voulu vous voir mobilisé et impliqué pour dénoncer à coup de déclarations et d’actes concrets ce crime.

Monsieur le Ministre,
Nous vous invitons à vous rendre sans tarder (si ce n’est déjà fait) sur les lieux du drame pour marquer et réitérer votre attachement à notre patrimoine, à nos croyances, à nos valeurs.

Nous vous invitons également à saisir sans délai votre collègue de la justice afin qu’une information judiciaire soit ouverte sur ce crime. Les délinquants de notre culture doivent être inquiétés par notre justice. Ils doivent répondre de leurs actes devant la justice. Monsieur le Ministre, on ne peut pas allier laxisme d’une part, respect et sauvegarde de notre patrimoine d’autre part.

Aujourd’hui et plus qu’hier, nos silures sont plus qu’en danger. Ils sont menacés d’extinction. Mesurons nous vraiment la perte qu’une telle situation provoquerait ?
Monsieur le Ministre, une partie de nous est en train de mourir. Il y’a nécessité et urgence de prendre des mesures immédiates et idoines pour sauvegarder l’une de nos fiertés, l’une de nos richesses que sont les silures sacrés.

Monsieur le Ministre,
cette situation exige et suggère la désignation d’une commission d’experts (hommes de culture, de la société civile, écologistes) sous votre patronage, pour réfléchir au devenir de notre patrimoine culturel. Cette commission se penchera sur l’état général de notre culture et proposera des mesures définitives pour nous prévenir de tels drames. Elle devrait également proposer les grandes lignes pour la vulgarisation et le rayonnement de notre culture.

Aujourd’hui, ce sont nos silures sacrés, demain ça pourrait être les caïmans sacrés, après demain la profanation de lieux chargés d’histoire (tombe de Oubri, que vous avez réhabilité et c’est à votre honneur) ou que sais-je encore.

Ensemble agissons afin que de telles catastrophes ne se reproduisent plus.

Plus jamais ça.

Sidkièta ZABRE

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