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L’Afrique au Conseil de sécurité : Ce n’est que justice !

Publié le mardi 28 juin 2005 à 07h27min

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Dans une semaine, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) se retrouveront en Libye pour leur désormais conférence annuelle. A l’ordre du jour, il y aura l’incontournable point sur le choix des deux candidats africains aux sièges permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.

Cette conférence des chefs d’Etat et de gouvernement africains se tient à un moment où le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan se prépare à soumettre, en mi-septembre, sa vaste réforme de l’organisation internationale. Cette réforme se veut fort ambitieuse dans des domaines comme la sécurité, les droits de l’Homme et le développement. Les chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique seront sans doute, à cette rencontre mondiale pour discuter, une fois de plus, des nombreux problèmes qui assaillent leur continent et qui nécessitent le soutien de la communauté internationale.

Au sommet de New York, cette même communauté internationale devrait avoir les noms des deux pays africains candidats aux sièges permanents du Conseil de sécurité. Cet organe est le plus important des Nations unies et ceux qui y siègent comme membres permanents (les Etats-Unis, la Russie, la France, la Grande Bretagne, la Chine) sont perçus comme les plus « puissants du monde ». Parce qu’ils ont le droit de veto et décident des questions de paix et de guerre. Leur légitimité, ils la tirent, entre autres et surtout de la Seconde guerre mondiale de laquelle ils sont sortis vainqueurs. Même si sur les questions du monde, ces cinq grands n’ont pas toujours les mêmes positions ou les mêmes intérêts comme c’est le cas sur l’Irak, ils s’entendent sur l’essentiel : être parmi les seuls privilégiés à avoir le droit de veto.

On comprend dès lors pourquoi ils ne veulent pas, sinon hésitent à accepter d’autres membres dans leur club. Au point de « transformer’’ ce groupe des permanents du Conseil de sécurité en une espèce de « mafia’’ où on décide, à cinq, du sort des autres, parfois sans les entendre. On doit comprendre, dès lors, pourquoi le milliard d’Africains qui doit être entendu sur tous ces sentiers de l’universel, veut des représentants en ce haut lieu des décisions.

Le monde a beaucoup évolué depuis la création de l’ONU en 1945 alors que les membres permanents du Conseil de sécurité sont restés les mêmes. Les propositions de réformes de Kofi Annan dérangent certains d’entre eux, surtout les Etats-Unis qui croient avoir le droit de vie et de mort sur l’organisation.

Au fur et à mesure que la rencontre de New York s’approche, les Américains se font de plus en plus découvrir au sujet de leurs préférences dans le choix des permanents. Il en est de même des autres membres mais de manière plus subtile, plus réservée pour ne pas dire de manière « moins claire ». Néanmoins, il ressort de certaines indiscrétions, de certains bruits de couloirs ou de rumeurs que Washington soutient la candidature du Japon alors que Pékin s’y oppose. De même, Washington ne veut pas d’un Conseil de sécurité élargi au-delà de vingt membres alors que Kofi Annan voudrait le porter à vingt-quatre ou vingt-cinq sièges. Quand on suit de près les discours des uns et des autres, les Américains, pour tout dire, ne voudraient pas d’un pays africain comme membre permanent du Conseil de sécurité. Tout comme, ils ne veulent pas de la candidature de l’Allemagne tout en préférant celle de l’Inde.

Si ce jeu des USA se poursuit, la volonté des Africains de siéger en tant que membres permanents dans ce puissant organe qu’est le Conseil de sécurité, n’en serait que plus difficile. Face à cela, les Africains ont intérêt, d’ores et déjà, à jouer en rangs serrés et à ne laisser paraître aucune division, aucune faille dans leur dispositif. Les grandes puissances n’hésitent pas et n’hésiteront pas à exploiter les divergences des Etats africains, surtout qu’elles savent qu’il y en a et qu’elles peuvent (s’il n’y en avait pas) les susciter. Les Africains, dit-on dans certains milieux, notamment occidentaux, sont nés pour ne pas s’entendre même pas pour défendre leurs intérêts.

Le rendez-vous de la Libye, à cet égard, devrait être historique. Les égoïsmes nationaux, la recherche d’un positionnement international, les calculs mesquins doivent céder le pas aux réalités de ce monde. Contre l’apartheid, la colonisation, l’Afrique a fait preuve de cohésion, de conhérence, de courage et de détermination. Il doit en être de même en tout temps dans les épeuves auxquelles elle est confrontrée. Cinq pays (Afrique du Sud, Kenya, Egypte, Nigeria, Sénégal) sont pour le moment sur la liste des candidats pour les deux sièges. Quoi de plus normal, de plus légitime qu’un Etat qui croit avoir le profil postule à ce poste de membre permanent du Conseil de sécurité. Mais n’est pas membre permanent du Conseil de sécurité qui veut. Il faut espérer qu’en toute franchise et sans se déchirer l’UA choisisse les deux meilleurs de l’heure.

Ce ne serait que rendre justice aux Etats africains dont la plupart n’étaient pas nés quand l’ONU a été créée. Ce ne serait aussi que rendre justice à un continent qui avec une population avoisinant le milliard de personnes, est appelé OK pour peu qu’il soit mieux organisé, à peser sur les affaires du monde.

Les Africains auront à discuter, entre autres, des critères de respect des droits de l’Homme et de démocratie pour accéder aux sièges de membres permanents du Conseil de sécurité. Ils ne doivent pas, sur ce terrain, tomber dans ce qui peut apparaître comme un piège. Car, des pays africains qui remplissent ces conditions, il y en a. Même mieux que certains donneurs de leçons de démocratie.

Bessia BABOUE
Sidwaya

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