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Démocratie au Burkina : Echanges entre le CERPRADE et les acteurs politiques

Publié le mardi 28 juin 2005 à 07h40min

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Le Centre d’études et de recherches sur les pratiques de la démocratie (CERPRADE) a organisé un atelier, samedi 25 juin 2005, au Centre des calculs de l’Université de Bobo-Dioulasso. Ce fut une rencontre entre acteurs à différents niveaux de la scène politique à savoir les partis politiques, les centrales syndicales, les différentes organisations de la société civile et des personnes ressources.

La rencontre d’échanges de Bobo-Dioulasso fait partie d’une suite d’ateliers à conduire à travers les régions du pays sur un thème central : “L’état des lieux de la démocratie au Burkina Faso”.

Il s’est agi en fait d’animer le débat à partir d’une étude réalisée par le CERPRADE sur ce thème à contenus véritablement multiples. L’étude a été présentée par le professeur Valentin Ouoba, enseignant à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) avec pour modérateur le Docteur Yacouba Sanou. Au-delà de l’aspect théorique, les participants ont été invités à évoquer chacun son expérience personnelle et mieux, à faire des propositions allant dans le sens de l’amélioration du système démocratique.

Avant la présentation de l’étude, c’est le Dr. Arsène Bongessan Yé, parlementaire, ancien président de l’Assemblée nationale et actuel directeur exécutif du CERPRADE qui a pris la parole pour présenter son association dans sa nature, ses objectifs, sa structuration et ses activités menées depuis la création en juin 2004.

Le constat primordial qui a été fait par les animateurs est que “la démocratie est en état de souffrance latente”. Un rappel historique sur les origines de la démocratie (à partir du 18e siècle) a permis d’en arriver au cas burkinabè, lequel a toujours consacré dans ses différentes constitutions depuis l’indépendance, la démocratie comme système avec les principes centraux de la séparation des pouvoirs et du multipartisme, deux indicateurs fondamentaux.

Un constat majeur : c’est que le Burkina offre un multipartisme intégral, c’est-à-dire sans limitation. D’où la pléthore des formations qui sont à l’heure actuelle au nombre de plus de 105 partis. Multipartisme oui ! Mais la pléthore ne dénote-t-elle pas d’une irresponsabilité ? Ne faut-il pas une limitation par les textes ? La question a été posée autant par les animateurs que les participants, en prenant pour exemple la France, les Etats-Unis où le nombre est très réduit.

Cependant, malgré cette pléthore ici constatée, des caractéristiques ont été établies pour l’ensemble des partis : ils ne sont pas confessionnels, régionalistes, mais n’ont pas de programmes et de projets de société. Ils se caractérisent tous par la tendance à l’émiettement (les scissions). Et depuis l’indépendance, il y a constance d’un parti dominant.

Le conférencier a insisté sur la nécessité d’une stratégie élaborée (concertée) de conquête du pouvoir de la part de l’opposition, pouvant permettre d’éviter la création de ces semblants de partis à base “familiale”. La gestion du cycle électoral a été passée en révue (liste électorale, et révision, par responsable des partis). Une question a été lancée à la réflexion : l’Etat ne doit-il pas financer les participants aux opérations de gestion du cycle plutôt que les partis politiques ?”

La question de la dépolitisation des institutions républicaines a encore été soulevée. Celle de la gouvernance aussi qui en appelle à une meilleure coordination des actions de l’Etat, la mobilisation des moyens pour une production optimale, la répartition des richesses, la lutte contre la corruption, la transparence, etc.

L’étude du CERPRADE propose un engagement sur l’évolution du rôle du parlement qui devrait se doter de plus de commissions d’enquêtes, l’implication de la justice et du parlement dans la moralisation de la vie politique.

Au nombre des recommandations politiques, la possibilité des candidatures indépendantes (individuelles), la réglementation du financement des partis politiques (transparence). Il a été recommandé l’élaboration d’un code d’éthique pour l’administration, et d’un code d’éthique pour les observateurs étrangers.

Les travaux ont pris une matinée entière. Les débats, assez mesurés, ont révélé des critiques acerbes sur le fonctionnement de la démocratie. Quand bien même les acquis républicains ont été perçus en bien, on a parfois eu l’impression dans les débats que la démocratie se devrait d’être un plateau acquis une fois pour toute. Mais c’est là aussi la vérité des temps qui ne fait que positiver le combat du CERPRADE.

Jean-Luc BONKIAN
Sidwaya

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