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Après la sortie de Me Hermann Yaméogo sur RFI : Une réplique à la réplique du TOCSIN

Publié le lundi 27 juin 2005 à 10h44min

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La sortie du président de l’Union nationale pour la démocratie
et le développement (UNDD), Hermann Yaméogo, sur RFI le 22
juin, continue de susciter des commentaires.

Le président du
TOCSIN, Albert Ouédraogo, n’a pas mâché ses mots dans un
écrit paru dans notre édition du 26 juin. L’un des proches de Me
Hermann Yaméogo estime, lui, que le TOCSIN est passé à côté
de la plaque. En voici les raisons.

Je n’ai pas l’habitude d’être irrespectueux surtout vis-à-vis des
aînés. Mais Albert Ouédraogo, le président du TOCSIN, qui nous
a habitués à des embrouilles, vient maintenant de dépasser les
bornes dans son écrit calomniateur vis-à-vis de Me Hermann
Yaméogo et d’une tromperie inacceptable vis-à-vis du peuple.

Je
me sens l’obligation de répondre parce que je sais qui est
Hermann Yaméogo et parce que je suis un citoyen burkinabè
concerné par la diffusion publique de l’écrit.
Je ne sais pas ce qui a poussé Albert Ouédraogo à déborder
de l’humanitaire pour se muer en critique politique , je ne
connais pas son passé qui puisse éclairer les raisons
profondes de la malveillance qui l’habite mais je sais qu’il est
enseignant et responsable d’une organisation de droits
humains travaillant plus ou moins dans l’humanitaire.

Je dis en
conséquence qu’un enseignant, qui est aussi un responsable
d’un mouvement de défense des droits humains, ne doit pas
mentir, proférer des accusations gratuites, tromper ses
étudiants, ses militants et le peuple. Pourtant, c’est bel et bien
ce qu’il fait. En voici les preuves.

Il affirme que le Tocsin est le premier à s’être préoccupé du sort
des Burkinabè de Côte d’Ivoire et exprime du mépris pour les
partis politiques de l’opposition qui n’assument pas, de ce point
de vue, leurs responsabilités, et qui sont incapables de
proposer des modèles de développement alternatifs. Eh bien,
les Burkinabè apprendront que Albert Ouédraogo est un sacré
hâbleur.

Avant que Albert Ouédraogo soit catapulté comme leader du
Tocsin, Hermann Yaméogo a pressenti que des conflits
pourraient survenir en Côte d’Ivoire ; il les voyait venir à cause
du seuil atteint par l’émigration à un moment où la mévente du
café et du cacao provoquait des tensions sur le secteur de
l’emploi. Il a proposé, pour prévenir le choc, que le FOSIDEC soit
transformé en banque d’intervention afin de financer des projets
générateurs d’emplois dans les pays enclavés.

Albert
Ouédraogo n’était peut-être pas au Burkina Faso en ce
moment-là comme il n’y était pas lorsque Hermann Yaméogo
luttait à travers conférences et déplacements dans les pays
africains pour sensibiliser sur la nécessité d’investir
préférentiellement dans les pays sans littoral pour aider les
populations de l’intérieur dont les Burkinabè. On peut passer
l’éponge.

Mais si on ne sait pas quelque chose, on cherche à
comprendre avant de se lancer dans des affirmations fiérotes.
Lorsque, de façon hautaine, le professeur demande à connaître
quelles sont les personnalités politiques de la majorité et de
l’opposition qui ont réagi après les meurtres de Tabou du temps
de Bédié et après ceux survenus à l’avènement de Laurent
Gbagbo, qu’il proclame que cette classe politique a péché par la
conspiration du silence et manquer d’anticipation, on a de la
pitié mais aussi de la rage à lire cet intellectuel.

Pourquoi ?
Parce qu’aveuglé par une haine qu’il dissimule mal, Albert
Ouédraogo dame sur le fait que Me Yaméogo a tiré la sonnette
d’alarme en s’activant pour que Bédié et Compaoré renouent
après leur brouille (due à la gaffe du Président du Faso qui,
après le décès d’Houphouët Boigny, a envoyé ses
condoléances à Alassane Ouattara) afin de promouvoir
ensemble des politiques de joint-venture, de délocalisations,
qui permettent le brassage des populations et infléchissent
l’émigration en Côte d’Ivoire.

"Vrai ou faux ?"

Après Tabou, il a écrit au PDCI-RDA pour s’émouvoir des
souffrances des populations et demander de travailler à la
réconciliation entre Ivoiriens et Burkinabè. Ce n’est pas tout. Il a
permis à son parti d’alors de contribuer, avec une somme de
470.000 FCFA, à la CONASUR. Le Ministère de l’Action sociale a
remercié, la presse en a fait état.

Si les propos catégoriques sur la conspiration du silence des
opposants, sur leur manque d’anticipation, sont dus à
l’ignorance du président du Tocsin, il doit alors des excuses
publiques pour compenser le mal injuste qu’il a fait et pour le
trouble causé à l’opinion en égarant certains Burkinabè.

Mais je suis au regret de dire qu’il a aussi une habitude de
cacher des choses qu’il connaît dans la seule intention de
blesser, de nuire ou peut-être de servir des causes louches. On
peut comprendre qu’il n’aime pas Laurent Gbagbo et qu’il
appuie sur l’incident diplomatique entre ce dernier et Omar
Bongo, sur les événements de Dukoué et les mesures qui ont
été prises à leur suite pour pourfendre le président ivoirien.

On
sait que, s’il ne tenait qu’à lui, il y a belle lurette que le pays
aurait rompu les relations diplomatiques avec la Côte d’Ivoire et
engagé la guerre contre elle. J’exprime seulement mon
indignation face à toute cette incontinence verbale qui l’amène
pêle-mêle à accuser le président de l’UNDD de déconsidérer
l’ivoirité, de couvrir les tueries des Burkinabè en comparant
Laurent Gbagbo à Lumumba et à N’Krumah.. Quelle relation y
a-t-il entre le fait d’apprécier la lutte incontestable que mêne L.
Gbagbo pour l’indépendance économique de son pays (comme
l’ont fait hier les présidents congolais et ghanéen) et les
développements sinueux et nauséabonds pour conclure à la
complicité d’Hermann Yaméogo dans tout ce qui se passe en
Côte d’Ivoire ?

D’abord, est-il vrai ou faux que Laurent Gbagbo refuse la
mainmise extérieure sur les richesses de son pays et qu’il veut
mettre fin au Pacte colonial ? Qu’y a-t-il de criminel à souligner
qu’à côté de l’ivoirité, il y a aussi d’autres raisons à la crise ? Le
président du Tocsin ne va pas continuer à intoxiquer les
Burkinabè, à détourner leur attention des vraies causes de ce
conflit.

Non, il faut dénoncer le rôle qu’il joue comme beaucoup
qui gravitent dans des partis politiques et des mouvements
associatifs créés de toutes pièces pour endormir l’opinion afin
de permettre que des prédateurs d’Etat fassent tranquillement
des affaires en Côte d’Ivoire, comme on les a vus en faire au
Liberia, en Sierra-Leone...

L’ivoirité a été portée par des causes économiques qui datent
de l’époque d’Houphouët et même bien avant. Hermann
Yaméogo le dit : qui peut honnêtement le contredire sur ce point
 ?

Le Président du Tocsin prétend défendre les intérêts des
Burkinabè de Côte d’Ivoire en jouant minablement sur la corde
patriotique mais voilà, le pot aux roses est d’écouvert : c’est du
Burkina que les rebelles ont attaqué le 19 Septembre la Côte
d’Ivoire, provoquant l’irréversible, les massacres, les pillages.

"Qui profite de cette guerre ?"

Ici, tout le monde les voit s’acheter maquis, restaurants,
véhicules de luxe sans immatriculation (avec lesquels ils
écrasent d’honnêtes gens) ; tout le monde les voit, bedonnant,
dansant dans des boîtes de nuit, dépensant sans compter
l’argent des casses, achetant villas à Ouaga 2000 comme des
arachides alors que la faim tenaille les populations. Y a-t-il pire
félonie que cela ?

A la vérité, Albert Ouédraogo n’aime pas les Burkinabè de Côte
d’Ivoire ; il est une sorte de démarcheur des rebelles et de leurs
parrains, celui qui essaye de faire supporter à des gens comme
Me Yaméogo, la responsabilité de tous les malheurs qui arrivent
aux Burkinabè de Côte d’Ivoire alors qu’en bas, il sait très bien
que les Burkinabè de Côte d’Ivoire ont été spoliés, massacrés,
parce que tout simplement après le Liberia et la Sierra-Leone, la
Côte d’Ivoire a été ciblée comme le pays à piller.

C’est Hermann
Yaméogo qui demande que cesse la comédie depuis
longtemps : en demandant de ne pas mettre de l’huile sur le feu,
de trouver des solutions durables. Celui qui dit la vérité, c’est Me
Hermann, qui aime ses compatriotes résidant en Côte d’Ivoire et
personne ne fera croire qu’il peut se réjouir qu’on les massacre .
Mais on peut comprendre que quand il y a des attaques du
genre dans un pays, il y ait des réactions terribles et que des
massacres s’en suivent.

Nous autres Burkinabè, nous savons
cela. Des Maliens, nous en avons spoliés, nous en avons
blessés, nous en avons tués, même parfois avec des actes de
barbarie, parce que tout simplement, nous étions envahis par la
colère de l’atteinte à notre souveraineté par l’agresseur malien.

Le président du Tocsin se tait là-dessus pour déblatérer sur le
manque d’éthique de Me Yaméogo qui boit le sang de ses
compatriotes, guidé qu’il est par des seuls calculs politiques.
Mais il n’est pas indiqué, le professeur, pour parler d’éthique, lui
qui prête sa plume et sa parole pour servir la cause d’une
guerre de prédation en Côte d’Ivoire en utilisant nos propres
compatriotes comme prétexte, bouclier et chair à canon.

Qui politiquement et même économiquement, profite de cette
guerre ? Qui a intérêt qu’elle perdure ? Lorsque les Burkinabè
voient passer des files ininterrompues de camions chargés de
café, de cacao, Albert Ouédraogo pense-t-il qu’ils ignorent au
compte de qui tout ce commerce s’effectue ? Pourquoi se tait-il,
lui le "chevalier" des Burkinabè, le défenseur intrépide de leurs
droits ?

Que dit-il de ce coton qu’on va chercher en Côte d’Ivoire
parce qu’il est "plus bon marché" comme on dit, pendant qu’on
laisse pourrir le coton burkinabè sur place et que des femmes
et des enfants en meurent de faim, que des hommes se
suicident pour avoir trop fait confiance au pouvoir qui les incitait
à produire toujours plus de coton et qui se retrouvent trahis,
sans ressources et sans cultures vivrières ?

Parce qu’il s’élève contre tout cela, Me Yaméogo est celui qui
lutte pour les intérêts des Burkinabè de l’étranger et de ceux
restés au pays. Les rapatriés d’ailleurs, le savent bien qui
viennent dans une conférence de se plaindre d’être délaissés
par le pouvoir et de le remercier d’avoir épargné des vies à
l’époque où il a conseillé à B. Compoaré de ne pas mettre de
l’huile sur le feu.

Que le Président du Tocsin bouge un peu plus
pour obtenir qu’on fasse le bilan de l’Opération Bayiri afin de
démentir Olivier Blot qui s’est étonné de ce que sur 8 milliards
FCFA de l’aide pour les rapatriés, 358 millions FCFA seulement
aient été utilisés pour aider nos compatriotes dans la détresse.

"La vérité a neutralisé le mal"

S’il n’avait fait que cela, Albert Ouédraogo, je le respecterais
mais il n’a pas ouvert sa bouche. Et je n’en ai pas fini. On saura
définitivement ce que vaut ce monsieur quand on apprendra qu’il
n’était pas ignorant des efforts pionniers que Me Hermann
Yaméogo a fournis dès le début de cette crise pour lui trouver
une solution.

Et c’est cela qui me fait particulièrement mal. Je le
dis vraiment : s’il avait un peu honte, il nous épargnerait
définitivement de sa vue. Dès le commencement de la crise, le
premier homme politique à faire une déclaration, c’était encore
une fois Hermann Yaméogo. Il y a dit, de façon poignante,
comment ce qui se passait en Côte d’Ivoire, était inconcevable. Il
a immédiatement approché le CDP, les autorités, les partis
politiques, la société civile, pour élaborer une proposition de
sortie de crise.

Il en a même adressé un exemplaire au
Président du Faso, au Président de l’Assemblée nationale, à
l’Ambassadeur de France Portiche. Tout cela a abouti à une
conférence au Liptako Gourma où il a été proposé, compte tenu
des blocages constatés en Afrique, de tenir une Conférence
internationale sur la Côte d’Ivoire en France où se retrouveraient
les acteurs de la vie politique, les organisations internationales,
les bailleurs de fonds pour se pencher sur les causes du
différend et en trouver des solutions durables.

Et cela passait
non seulement par le règlement des questions politiques mais
aussi par celui des questions économiques par la prise en
compte de pôles de développement dans la sous-région. Albert
Ouédraogo était là comme était là l’Ambassadeur de France, le
représentant de l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire, des membres
d’organisations internationales, des représentants de partis
politiques, d’ONG. Je lui ai même donné le micro pour qu’il
intervienne. Il a apprécié l’initiative comme l’Ambassadeur de
France qui, du reste, invitera le député Salif Ouédraogo, désigné
par Me Hermann Yaméogo, pour le Sommet de Kléber ; du rôle
joué par Me Yaméogo, tous ici sont informés ; l’ambassadeur de
France l’a publiquement reconnu, Albert Ouédraogo était au
Burkina, il ne peut pas l’ignorer.

Pourquoi alors soutenir que
sauf le Tocsin, personne n’a rien fait dans ce dossier ? Le
peuple devrait le blâmer de s’être ainsi moqué de lui !
Mais il fallait bien qu’on en arrive à le démasquer. Et si pour
cela Hermann Yaméogo a dû prendre un coup et l’opinion, une
offense, ce n’est pas grave puisque maintenant, la vérité, en
rattrapant le mensonge, a neutralisé le mal.

Pour terminer,
Ouédraogo Albert doit apprendre aussi que ce n’est pas
d’aujourd’hui, ni de la crise ivoirienne, que date le combat
d’Hermann Yaméogo pour que les Burkinabè de l’extérieur,
surtout de Côte d’Ivoire, puissent voter. Cela fait bientôt 10 ans
qu’il le réclame, 10 ans qu’il le fait et que le pouvoir tergiverse.
S’il demande que les Burkinabè de l’extérieur puissent voter,
c’est tout simplement pour mieux les sécuriser.

Actuellement, la
méconnaissance de leur nombre participe des peurs qui leur
portent préjudice ; on trouve qu’ils sont utilisés comme bétail
électoral, comme terroristes déstabilisateurs en puissance du
régime.

Si à la faveur de l’opération d’identification appuyée par
la communauté internationale, on arrivait à connaître leur
nombre, à les intéresser aux affaires du Burkina, cela les
protégerait en rassurant les Ivoiriens. Mais le vote des
Burkinabè d’extérieur, c’est aussi la reconnaissance d’un droit
garanti par la Constitution en son article 12.

Ils participent au
développement national par les transferts importants qu’ils font ;
ils sont choyés pour cela ; alors pourquoi ne pas leur
reconnaître leur droit de vote surtout que la plupart des pays
venus à la démocratie après nous, permettent à leurs citoyens
de voter ?

Si comme Albert Ouédraogo doit le penser, les
citoyens en Côte d’Ivoire détestent autant Hermann Yaméogo, lui
et ses mandants n’ont rien à craindre qu’ils puissent voter
puisque leurs suffrages iront à tout autre sauf au président de
l’UNDD.

Voilà ce que je voulais dire, que certainement d’autres aussi
outragés que moi auraient mieux dit mais je me sens la
conscience tranquille parce que je suis convaincu qu’après cela,
on aura contribué à mettre à bas le mensonge !

Aristide OUEDRAOGO
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