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Côte d’Ivoire : Entre Sisyphe et Icare

Publié le lundi 27 juin 2005 à 07h16min

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C’est en principe ce matin que les leaders de la classe politique ivoirienne se retrouvent à Tswane (Afrique du Sud) autour du président Thabo Mbéki. Après les pourparlers d’avril dernier dont l’application des résolutions marque le pas, le risque de voir Tswane II, appeler Tswane III est malheureusement plus que réel.

Ce ne serait ni une première, ni une surprise. Avant l’Afrique du Sud, il y a bien eu la France (Marcoussis), le Ghana avec Accra I, II et III, et le Sénégal.

Tswane II. Oui à compter de ce matin, les protagonistes de la crise ivoirienne se retrouvent dans la capitale sud africaine. Après les accords du 6 avril dernier qui avaient sanctionné les premiers pourparlers avec comme principal médiateur le président Thabo Mbéki, seuls quelques points avaient eu une suite favorable. Dont l’un des plus importants certainement, la possibilté désormais reconnue au leader du Rassemblement des républicains M. Alassane Dramane Ouattara d’être candidat à la présidentielle d’octobre prochain.

Laurent Gbagbo, le chef de l’Etat ivoirien fait de cette levée d’interdiction pour Alassane Dramane Ouattara de se présenter à la présidentielle, une concession majeure au point de la clamer chaque fois que l’occasion lui est offerte. Cependant que l’une des questions phares, le fameux désarmement, démobilisation, réinsertion (DDR) constitue toujours une épine dans le processus qui pourrait aboutir à une sortie de crise.

Débuté à grand renfort médiatique par les milices progouvernementales, le désarmement est mort de sa belle mort avec les massacres de Duékué dans la zone ouest qui ont fait près d’une centaine de morts et de nombreux déplacés. Les militaires ( Forces armées nationales de Côte d’Ivoire ) et Forces armées des Forces nouvelles s’étaient fixé une date butoir pour ce 27 juin pour entamer ce désarmement. Ce qui de toute évidence ne pourra plus se faire. Dans ce balbutiement, Tswane II pourra - t- il aider à aller vers une sortie véritable de crise ? La présidentielle n’est plus qu’à quelque quatre mois.

Sur cette question, les grandes avancées demeurent les retrouvailles entre Houphouétistes de tout bord qui se disent prêts pour la présidentielle, et prêts à appeler au repport de voix sur le mieux classé au premier tour. De son côté le Front populaire ivoirien (parti présidentiel) sort timidement avec la nomination d’un directeur de campagne. De part et d’autre, les préalables n’ont pas bougé d’un iota. Et avant même l’élection, chaque camp spécule sur ce qui juridiquement pourrait advenir en cas de non vote.

Faisant de ce point une inconnue qui pourrait être source de troubles aux grandes conséquences. La méfiance est tellement forte que s’en inquiéter est loin d’être une vue de l’esprit. On se rappelle que pour Laurent Gbagbo, il faut absolument que le pays soit réunifié (autrement que le désarmement soit effectif). Alors que pour les Forces nouvelles, pour une transparence du scrutin, il faut une supervision onusienne de bout en bout. La Côte d’Ivoire au plan politique et militaire est un capharnaüm. Ses leaders politiques semblent se complaire dans ce méli-mélo.

Le grand danger qui guette ce pays, n’est pas tant le silence qui prévaut sur la question mais le fait que le problème donne l’impression de lasser. Les multiples revirements du président ivoirien peuvent en être la principale raison. Que pourra donc faire Thabo Mbéki les 27 et 28 juin ? En avril dernier, il avait presque sommé tous les protagonistes à trouver une solution, faute de quoi, il ne leur était pas permis de quitter la capitale sud africaine.

Va-t- il répéter cette méthode pour le résultat que l’on sait ? Au plan purement intérieur, les massacres de Duékué ont eu pour conséquence pour le président Gbagbo de mettre en place un poste de commandement opérationnel qui regroupe toutes les forces de défense et de sécurité en permanence 24h sur 24 à Abidjan.

De même qu’il s’en est saisi pour nommer des préfets militaires dans la zone concernée de Duékué. Convaincu que ce "redéploiement militaire" ne se justifie que parce que le chef de l’Etat veut instaurer un état de siège, les Forces nouvelles ont décrété un couvre-feu dans ce qui semble être leur véritable bastion, Korogho, Au plan extérieur la passe froide que Gbagbo assène à ses homologues n’est pas fait pour arranger les choses.

Celui que certains peignent comme le "Nkrumah des temps modernes" adore souffler le chaud et le froid. En même temps qu’il s’en prend à Bongo, il court rendre visite à Dos Santos (Angola) et Kagamé (Rwanda). Autant, il affirme que Jacques chirac "m’a déçu", autant il s’affiche avec les Américains. Sacré Koudou.

Tel Sisyphe qui échouait à chaque fois qu’il se croyait au bout de ses peines, le peuple ivoirien et la communauté internationale tombent des nues chaque fois qu’ils se croyaient à la sortie du tunnel. Il faudrait seulement faire attention pour ne pas être Icare. La fin que la mythologie lui colle est sans espoir. Icare est "resté" entêté qu’il était d’aller au soleil alors que les ailes qu’il s’était fabriquées ceint de la cire ont simplement fondu.

Jean Philippe TOUGOUMA (jphilt@hotmail.com)
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 27 juin 2005 à 15:43, par jacques lohourou digbeu-badlor En réponse à : > Côte d’Ivoire : Entre Sisyphe et Icare

    ah bon !?

    votre regard sur Gbagbo semble evoluer nonobstant une resistance bien comprehensible ; vous aviez ete si loin dans la diabolisation... seriez-vous en train d’ operer un leger reequilibrage dans le traitement de l’ info sur la crise ivoirienne ; il est des signes qui ne trompent pas...
    hah, que ce serait bien !!!
    Jacques lohourou digbeu-badlor

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