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Dérives morales au Burkina : Les « avertissements » du Comité national d’éthique

Publié le lundi 27 juin 2005 à 07h34min

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Les huit membres du Comité national d’éthique ont publié à Ouagadougou le 23 juin 2005, leur rapport sur les maux dont souffre l’administration publique, l’éducation et la santé au Burkina Faso. Ces dérives, note le comité, sont à même de menacer gravement la paix, la sécurité et le développement du Burkina.

Veiller à la sauvegarde des valeurs laïques et républicaines au plan moral, culturel, humain et de façon plus spécifique.

Proposer et suggérer toutes les mesures tendant à la préservation du civisme et à la moralisation de la vie publique et sociale. Contribuer à transformer l’accalmie sociale que connaît le Burkina en paix sociale durable, en vue de consolider la cohésion nationale retrouvée.

Aider à édicter des codes pertinents de bonne conduite. C’est là les missions et objectifs du Comité national d’éthique. Pour les mener à bien, il dispose de prérogatives dont la publication de son rapport annuel sur l’état de l’éthique (la morale) au Burkina Faso.

Dans cet élan, ses membres conduits par son président, le Ouidi Naaba, ont transmis à la presse nationale, jeudi 23 juin 2005, copie de son rapport d’activité pour l’année 2003 à son siège de Ouagadougou.

Ont été abordés dans le fond, les secteurs de l’administration publique, de l’éducation et de la santé.

Au niveau de l’administration publique, le rapport du comité jette un regard sur la politisation de l’administration, la corruption, l’incivisme, l’absence de conscience professionnelle, l’effritement du pouvoir hiérarchique et de l’autorité de l’Etat, l’inexistence d’une culture de mérite, la mauvaise gouvernance, la non application des lois et règlements.

En outre, le Comité national d’éthique parle de mauvaise gestion des ressources humaines, de lenteurs dans le traitement des dossiers de carrière des agents, de mauvais rapports entre l’administration et les administrés.

Ensuite, il note un déficit de communication entre l’administration et les administrés, un mauvais fonctionnement des mécanismes de l’administration publique, une baisse de la qualité du service public. Enfin, les huit du Comité parle de faiblesses dans le suivi et dans la coordination des politiques administratives et des projets nationaux, de déséquilibre entre zones urbaines et zones rurales, de mauvaise représentation de l’Etat.

Les plaies du système éducatif burkinabè

Les comportements du personnel du paysage des enseignements au Burkina, du politique et des usagers des services de l’éducation ont permis au Comité national d’éthique de peindre les insuffisances du système éducatif burkinabè.

Il s’agit des notes de complaisance dues au harcèlement des enseignants d’élèves/étudiants et vice-versa, de la tendance vers le laisser-aller, du manque de conscience professionnelle, du recours exagéré aux vacations, avec pour conséquence, la surcharge des enseignants du secteur public intervenant dans les établissements privés.

Le comité n’est pas également content de l’introduction frauduleuse d’autres valeurs que les compétences intellectuelles et le mérite dans le système d’évolution et d’affection des agents de l’enseignement (politique, argent, sexe), ainsi que de l’abondon des valeurs traditionnelles positives ( l’amour de la patrie, le respect du bien public, des aînés...).

La démission des parents de leur rôle d’éducateur, le manque de civisme et la montée de la violence dans les établissements scolaires et universitaires, la dépravation ô des mœurs véhiculées par les Nouvelles technologies de la communication, etc., ont été « dénoncés » par le Comité d’éthique.

Les maladies du secteur de la santé

« Largement exposées dans le rapport 2002 sur l’état de l’éthique au Burkina Faso » ces dérives et comportement du secteur de la santé, continuent selon les membres du Comité national d’éthique, d’être signalées et concernent aussi bien le personnel soignant, les usagers des services que les responsables administratifs et politiques.

Elles se retrouvent, selon les huit du comité, dans le favoritisme, la corruption, le racket, le vol, les détournements et vente des médicaments destinés aux malades, la déshumanisation de la médecine, l’exploitation de la situation de détresse des malades et accompagnants.

Le Comité national d’éthique parle également d’absentéisme et d’incompétence, de non assistance aux malades en difficulté dans les formations sanitaires, de l’engouement des praticiens pour les établissements de soins privés plus rémunérateurs, du mauvais accueil et du manque d’informations pour les malades et de communication de certains acteurs de la santé à l’endroit des usagers.

Face à tous ces contats, les membres du Comité national d’éthique, notent que le manque cruel d’infrastructures, de ressources humaines, matérielles et financières sont insuffisants à expliquer à eux seuls, ces mauvais comportements.

C’est pourquoi avant de faire des recommandations à tous les Burkinabè et à la classe dirigeante, les huit ont entre autres réaffirmé que « le non respect de la personne physique résulte d’une mauvaise éducation et d’un incivisme notoire.

Cette absence d’éducation en sens littéral du terme est source de nombreuses dérives ... ».

Le Comité national d’éthique, créé par décret présidentiel, le 8 juin 2001, est composé du Ouidi Naaba (son président), Mme. Andréa S. Yaméogo (son rapporteur), le professeur de médecine Rambré Moumouni Ouiminga, le Cheick Boubacar Doukouré, M. Pascal Sanou, Mme Alimata Salembéré, M. Henri Bruno Bessin et l’intendant militaire de première classe Poko Ilboudo.

El Hadj Ibrahiman SAKANDE (ibra.sak@caramail.com)
Sidwaya

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