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Investiture de Blaise Compaoré par le CDP : Questions et réponses en suspens

Publié le samedi 25 juin 2005 à 10h06min

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On n’en attendait pas moins du CDP. Un Congrès qui, de l’avis des observateurs, a été bien organisé. Des discussions sereines, l’investiture sans surprise de Blaise Compaoré avec en moins le folklore dispendieux...

La Maison du peuple, comme d’habitude, a refusé du monde. C’est rassurant pour la direction du parti au sujet des scrutins majeurs à venir. A priori, si le parti dirigeant se porte bien dans une maison bien ordonnée, tout le sérail politique, tout le Burkina devrait en ressentir les bénéfices. Mais le congrès est terminé, il reste des sujets de questionnement. Les uns plus importants que les autres.

Par exemple pourquoi un hymne du parti quelque dix ans après sa naissance ? Est-ce un tocsin de ralliement, un cri de victoire, un credo d’éternité ? Cela n’a l’air de rien mais ce genre de chœur c’est du déjà vu dans certains pays du temps du rideau de fer à l’Est et du règne des partis uniques et des dinosaures politiques en Afrique. Sans présager du contenu de cet hymne - nous n’avons pas lu le texte - on reste dubitatif sur son utilité dans un contexte de démocratie et de multipartisme intégral. De ce fait, tous les partis politiques devraient engager leurs actions dans un dynamisme de mutation et de remise en cause positive. Dans le fond et sur la forme.

Que serait devenu l’hymne de l’ODP/MT s’il en avait existé un. Que seraient devenus les hymnes du RDA, de la CNPP/PSD, de l’ADF s’il en existait ? Il faut vivre avec son époque et refuser l’immobilisme sclérosant ou les prétentions de gloire éternelle qui peuvent justifier ces réflexes arriéristes. Qu’on ne se trompe pas sur le fond du problème. Ce qui est en cause ce n’est pas la longévité stabilisatrice du CDP dans le landerneau politique national.

Ce dont il est question c’est d’éviter le culte du statu quo et le corporatisme qui donnent l’illusion de l’ordre et de la discipline. N’ayant pas de mandat électif à défendre ni l’ambition de promouvoir des concurrents existants ou inexistants du parti majoritaire, nos questionnements sont inspirés par la sagesse romaine du "Qui bene amat bene castigat”, qui aime bien châtie bien. Un bon sens, n’est-ce pas ?

On s’interroge aussi pourquoi Blaise Compaoré n’a pas fait le déplacement de la Maison du peuple pour étancher la soif d’impatience de ses camarades politiques à l’entendre dire oui à leur requête. Est-ce un problème d’organisation, de calendrier, de confiance ou une stratégie de communication ?

Ceux qui rêvent d’un divorce entre le président et son parti se perdent en conjectures aussi saugrenues qu’invraisemblables ? C’est vrai que Blaise Compaoré présent, la clôture de ce congrès extraordinaire du CDP aurait pu être différente et l’on peut comprendre les attentes non satisfaites des militants les plus bouillants qui voulaient lui serrer la main et pourquoi pas, le porter en triomphe pour récuser de la façon la plus magistrale les allégations de l’opposition.

Mais la campagne politique de nos jours est un art. L’art de convaincre les électeurs qu’on est le meilleur avec le meilleur projet pour tous et pour chacun. On comprendra alors cette stratégie du camp présidentiel de ne pas laisser apparaître Blaise Compaoré comme le candidat du seul CDP qui accourt dès qu’il se réunit en congrès d’investiture. Certes, le CDP reste le principal soutien du président sortant mais il n’a pas un droit de monopole.

Si Blaise Compaoré se décide donc à briguer un autre mandat, il revêtira les aspirations de tout le peuple burkinabè diversement exprimées par les ABC, l’AJCBC, le GSCBC, l’AMP dont le CDP, etc. Il ne reste donc qu’à souhaiter pour les soutiens inconditionnels du président, qu’il rompe le silence...bientôt et avec la manière pour répondre à tous et dans le sens souhaité.

Djibril Touré
L’Hebdo

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