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Communication dans les partis politiques : "Une plaie béante à soigner"

Publié le vendredi 24 juin 2005 à 07h14min

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"Il faut que les gens se parlent, se tolèrent, se comprennent,
surtout à l’opposition, pour aller à la conquête du pouvoir". C’est
l’un de nos lecteurs, Aristide Ouédraogo, qui le préconise. Il
estime que la communication actuelle au sein des partis et
formations politiques pèchent à plusieurs niveaux.

"Quand l’on fait une petite analyse de la situation qui prévaut
dans les partis, formations et organisations politiques, on se
rend compte que les dirigeants se parlent très peu ou presque
pas. Cela se constate aussi à tous les niveaux. C’est
incompréhensible et ça fait désordre de constater que dans la
jungle des 112 partis qui existent, seul le parti au pouvoir n’a
pas connu de remous assez tangibles. Cela s’explique par le
fait qu’il est au pouvoir et que les autres partis, à l’exception des
partis de la mouvance, sont créés pour aller à la conquête de
celui-ci.

Les causes des divorces au sein des partis et organisations
politiques sont diverses et nombreuses, mais le plus souvent, il
ne s’agit que d’un déficit de communication, une explication mal
donnée pour que quelqu’un parte créer sa propre formation. La
politique ne saurait être un jeu de carte ou une partie de football
 ; la politique répond à des règles, à une posture et à une façon
de voir, de concevoir et proposer d’autres choix de
gouvernement pour une meilleure vie dans la cité.

Alors, il faut que l’ensemble de ceux qui se retrouvent pour
penser et discuter sur des idées novatrices sachent utiliser le
potentiel des membres à sa juste valeur. La valeur, devant être
le capital que peut apporter un individu dans un groupe pour une
dynamique. Mais qu’est-ce qui se passe aujourd’hui dans les
partis, formations et organisations politiques ?

"Des frustrations naissent, couvent et s’éclatent"

Il se passe trois choses :
- Premièrement, dans aucun parti politique, il n’y a eu une
véritable politique de communication organisée et au sein du
parti et à l’endroit des citoyens. Peut-être à quelques exceptions
près, mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Les dirigeants
entretiennent le plus souvent des relations exécrables entre eux,
faisant de la rétention de l’information un jeu de cache-cache,
une partie de ping-pong. Les premiers responsables sont
toujours indexés puisque étant le pilier central du parti.

Ils ne
sont tout de même pas blancs comme coton, parce qu’il arrive
que des responsables ménagent des militants ou des individus
dans l’optique que leurs départs ne fassent pas scandale,
chose dont la presse en raffole. Pourquoi ces situations
perdurent-elles ? Eh bien, parce qu’il se trouve que quelque fois,
des gens de bonne volonté s’associent à un groupe afin de
contribuer à la bonne marche.

Mais à certaines occasions, ils se
montrent peu malléables et ils deviennent difficiles à ménager.
Le premier responsable décide alors de ne plus les associer à
certaines prises de décisions, à certaines activités pour ne pas
courir le risque d’avoir des débats "stériles et inutiles". Courir le
risque d’être contrarié, et contredit et comme en pareille
situation, celui qui détient les cordons de la bourse s’avère être
celui qui dirige ; des frustrations naissent, couvent et s’éclatent.

- La deuxième cause que l’on peut avancer, est la mauvaise
utilisation, des compétences dans les partis, formations et
organisations politiques.
En politique et à notre sens, il y a en Afrique trois genres de
militants.
- primo, ceux qui ont la faculté de production intellectuelle et qui
participent aux débats d’idées.
- Secondo, ceux qui ont les moyens financiers et qui misent sur
les formations comme on mise au PMU et escompte avoir des
avantages après l’accession au pouvoir ou après que le parti a
eu une parcelle de pouvoir.

- Tierso, nous avons ceux qui écument les villes, provinces, etc.
pour convaincre, rassembler les citoyens pour les élections.
Mais il y a aussi les symboles, surtout en pays mossi, comme
les origines de la famille, l’image que renvoie un personnage
illustre disparu, la nostalgie d’une certaine époque.

"A cause de leur tube digestif, ils trahissent"

Il faut donc éviter les amalgames et travailler à ce que les gens
se comprennent et travaillent ensemble. Quel que soit le
problème, il doit être posé, identifié, disséqué et résolu sans
complaisance pour la bonne marche du parti, de l’organisation
ou de la formation.

La troisième chose qui contribue et nous croyons qu’elle
participe aussi à l’incompréhension, ce sont entre autres les
non dits, les ingérences et la fourberie. Pour les non dits, les
premiers responsables ont quelquefois des accords secrets,
des financements occultes et des alliances contre nature qu’ils
ne peuvent dévoiler à la face de tous les membres dirigeants et
cela contribue, si de la fumée commence à s’échapper de
quelque part, pour pourrir la situation. Les ingérences sont
courantes dans toute activité où des hommes se retrouvent pour
telle ou telle raison, mais comme la fourberie, il faut être
pragmatique et aller à l’essentiel.
Il faut que les gens se parlent, se tolèrent, se comprennent
surtout à l’opposition pour aller à la conquête du pouvoir.

Nous
sommes convaincus que les séparations liées au manque de
communication, de débats et d’humilité sont plus grandes que
la volonté de changer l’idéal auquel on s’était attaché.
Nous ne doutons pas que certains, à cause de leur tube
digestif, trahissent, mais si l’on revoyait la copie côté
communication, beaucoup de choses allaient s’arranger. Il est
plus que jamais nécessaire, surtout aujourd’hui que cela
change pour qu’au soir du 13 novembre 2005, nous puissions
réaliser l’alternance afin que progresse notre pays.

Nous savons que ce n’est jamais de gaieté de coeur que
certains choisissent de partir quelquefois, mais ils pensent
qu’on ne les écoute ni les comprend. Choisir toujours la voie de
la sagesse ne pourra qu’être responsable pour réaliser
l’alternance."

Aristide OUEDRAOGO
Tél : 76 65 78 01

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