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UNDD : de la candidature de Blaise Compaoré

Publié le vendredi 24 juin 2005 à 07h42min

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Pour l’Union nationale pour la démocratie et le développement, de Me Hermann Yaméogo, qui s’insurge contre la candidature du président sortant, Blaise Compaoré, "Le complot contre la Constitution est en marche, mais le crime n’est pas encore tout à fait consommé".

Le Bureau exécutif national de l’UNDD, sur convocation de son président, Me Hermann Yaméogo, s’est réuni à Ouagadougou ce mercredi 22 juin 2005, au lieu habituel, à 18 heures, sur l’ordre du jour suivant :
- Analyse de la situation nationale ;
- Regard sur l’actualité internationale ;
- Divers.

1. Analyse de la situation nationale

Le Bureau exécutif national (BEN), conformément aux recommandations de ses dernières réunions, a procédé aux réajustements dans l’organe exécutif du parti afin d’être plus opérationnel à l’aube des consultations à venir.

Le BEN s’est ensuite penché sur l’investiture du président sortant par le CDP, investiture qu’il a condamnée sans réserve au regard certes du bilan peu reluisant du septennat en finition, mais surtout en considération de l’interdit absolu qui, aux termes de l’article 37, empêche le président sortant de briguer un troisième mandat. Conformément à ses déclarations et à celles d’Alternance 2005, l’UNDD dénonce cette machination contre la Constitution et met en garde le Conseil constitutionnel contre l’obéissance au pouvoir, dont on sait qu’il est l’obligé, en homologuant cette investiture.

Les membres du BEN ont par ailleurs réfuté le fallacieux argument selon lequel l’opposition serait mal venue de se plaindre d’une éventuelle candidature de Blaise Compaoré puisqu’elle n’a pas saisi le moment de la révision constitutionnelle, pour obtenir qu’une clause précise que la limitation s’applique au mandat en cours du chef de l’Etat. Pour le BEN, la révision de 2000 est comme la réparation de la révision fautive de 1997 ; elle est la condamnation de Blaise Compaoré qui, en fraude de la Constitution, avait déverrouillé le mécanisme de la limitation.

On ne saurait le condamner pour ce chef, l’obliger à réparation à travers la réhabilitation de la limitation et prendre, dans le même temps, une mesure dérogatoire l’autorisant justement à continuer sa forfaiture. Si du reste, le pouvoir lui-même, à qui on peut retourner le reproche, n’a pas pris soin de consacrer dans un texte spécial que Blaise Compaoré n’est pas obligé par le rétablissement de la limitation, c’est parce qu’il savait qu’il ne pouvait pas violer aussi outrancièrement la loi, qui reste de portée générale, d’égale application à tous.

Le BEN a décidé en conséquence d’en appeler à tous ses militants de l’intérieur comme de l’extérieur du Burkina Faso, à protester (dans leurs structures partisanes ou en collaboration avec d’autres structures partageant ses points de vue) contre cette violation de la Constitution dans les formes qu’autorisent les lois nationales et celles des pays d’accueil.

Quant aux suggestions indécentes recommandant à l’opposition de saisir le Conseil constitutionnel, l’UNDD exprime les plus vives réserves compte tenu de sa nature et réaffirme qu’elle reste vigilante pour voir s’il restera respectueux de la Constitution, à laquelle sont astreints tous les Burkinabè, qu’ils soient à la tête d’organes institués ou non, qu’ils soient civils ou militaires.

Pour le BEN, le complot contre la Constitution est en marche, mais le crime n’est pas encore tout à fait consommé. Il le serait si le Conseil constitutionnel, encore une fois, s’en rendait complice en validant la candidature de Blaise Compaoré. Alors dans ce cas, on se trouverait dans les conditions de l’article 166, c’est-à-dire en face d’une violation caractérisée de la loi fondamentale, donc d’ un crime contre le peuple ; le pouvoir se trouverait du coup sans base légale, et le citoyen, autorisé à le contester conformément à l’article 167.

Venant à l’organisation des élections, les membres du BEN, après avoir pris connaissance du rapport faisant état de fraudes généralisées sur l’ensemble du territoire à l’occasion des inscriptions sur les listes électorales, exigent les décisions minimales immédiates suivantes :

revenir aux échéances électorales telles que stipulées par la loi ou, à défaut, faire coïncider les municipales avec la présidentielle ;
trouver une solution consensuelle afin que le code d’accès au fichier électoral ne soit plus entre les seules mains du CENATRIN et accepter que des experts, pris en charge par l’Etat compte tenu des moyens limités des partis d’opposition, puissent contrôler, comme ils l’entendent, le fichier de bout en bout ;
accepter que soit portées la photo sur la carte d’électeur ainsi que les empreintes digitales ;
décider que l’affichage des listes aura lieu plus d’un mois avant la tenue des scrutins ; - accepter le vote des Burkinabè de l’étranger ; - revenir, pour ce qui concerne le paraphe, à la situation d’avant 2002, c’est-à-dire que le bulletin soit contresigné au fur et à mesure de la votation par un représentant de la majorité et un de l’opposition.

Le BEN souhaite que le président du bureau de vote ne puisse faire partie des personnes signataires du paraphe du bulletin.

II. Regard sur l’actualité internationale

Abordant la question de l’effacement de la dette, le BEN s’en est félicité, y voyant l’aboutissement certes de l’engagement personnel de Tony Blair, mais aussi de tous ceux qui, dans le monde, ont lutté pendant des années pour obtenir une telle mesure. Celle-ci, pour salutaire qu’elle soit, devrait être soutenue par son élargissement à tous les pays qui en souffrent, par le doublement de l’aide publique au développement et par des politiques internationales préférentielles qui intègrent la suppression des subventions pour donner du répit aux pays en développement afin qu’ils se mettent plus à niveau.

Mais tout cela devrait s’accompagner, pour les membres du BEN, par la mise en place au plan national, d’un Haut Conseil de l’Aide véritablement indépendant, pour contrôler l’utilisation qui sera faite de cet effacement et de toutes les aides à venir, l’objectif à long terme devant conduire à l’abandon de la politique de prêts qui est un instrument qui favorise l’endettement cumulatif chronique, au profit des dons, comme le préconise d’ailleurs depuis plusieurs années, le Canada.

Au plan sous-régional, les membres du BEN se sont émus du référendum qui vient de se tenir au Tchad. Faisant le parallèle entre cette situation et celle qui prévaut au Faso et dans bien d’autres pays africains, ils ont tenu à condamner ce crime d’autant plus aggravé contre la démocratie que le Président Idriss Déby s’est arrogé, comme un souverain absolu, la prérogative exclusive de réviser la Constitution.

L’UNDD, au regard de l’effet d’imitation de toutes ces violations constitutionnelles, lance un appel à l’unité d’action de tous les démocrates et républicains africains pour qu’ils puisent dans leurs concertations et leur sursaut collectif, les moyens de conjurer la vague totalitaire qui risque de replonger le continent dans la nuit noire des dictatures passées.

III. Divers

Un compte-rendu a été fait des dernières réunions au niveau d’Alternance 2005.
Le Trésorier général a fait un point sur la trésorerie du parti.
La séance a été levée à 21h 30.
Ouagadougou, les jours, mois et an que dessus

Pour le Bureau exécutif national

Le Président
Me Hermann Yaméogo

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