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Situation en Côte d’Ivoire : Salif et le "chargé de mission"

Publié le vendredi 24 juin 2005 à 07h53min

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Après Me Hermann Yaméogo le mercredi 22 juin 2005, c’est Salif Diallo, fidèle parmi les fidèles de Blaise Compaoré, qui était hier l’invité de Christophe Boisbouvier sur RFI. Une réponse du berger à la bergère, que nous avons retranscrite pour vous, comme ce fut le cas pour le premier interviewé.

Que répondez-vous à ceux qui disent que Blaise Compaoré n’a pas le droit de se présenter une troisième fois ?

• Je renvoie à notre Constitution qui, effectivement, donne la possibilité au président Compaoré, après sa révision, de se présenter parce qu’en décembre 99, il a été institué une commission composée de partis politiques de la majorité, de l’opposition et de la société civile. Et de façon consensuelle concernant la révision de la Constitution, la commission a de manière unanime arrêté que cette révision n’était pas rétroactive et que le président Compaoré pouvait se présenter dans le cadre des nouvelles dispositions constitutionnelles.

Est-ce que politiquement, il n’est pas contradictoire de dire : d’un côté j’accepte la limitation à deux mandats et de l’autre côté, je me présente pour un troisième mandat ?

• Non, ce n’est pas pour un troisième mandat. C’est une nouvelle disposition constitutionnelle qui est là, donc en réalité, le président Compaoré entame dans le cadre des nouvelles dispositions son premier mandat en tant que tel, si je peux parler ainsi, du point de vue des textes.

Est-ce que tous les Burkinabè qui ont manifesté en 99 pour que l’on rétablisse la limitation à deux mandats ne vont pas se sentir floués par cette candidature de Blaise Compaoré pour un troisième mandat ?

• Je crois qu’il y a une confusion qu’on essaie d’entretenir. Les Burkinabè n’ont pas manifesté pour un mandat de telle ou telle durée. Les manifestations avaient trait à la protection des droits de l’homme, au respect de la démocratie, etc.

A la suite de l’assassinat de Norbert Zongo

• Exactement. Mais il n’était pas question de poser le problème du mandat.

Salif Diallo, voilà 18 ans que vous gouvernez, est-ce que vous ne craignez pas l’usure du pouvoir ?

• Bien sûr que quand on est au pouvoir, ce phénomène peut arriver. Mais dans notre contexte, malgré la pauvreté de notre pays, il y a des acquis sur le terrain, dans les secteurs sensibles tels que l’éducation, l’approvisionnement en eau potable, même la situation alimentaire. Cette année effectivement, vu la rareté des pluies et l’attaque acridienne, nous avons quelques problèmes. Cela est indéniable, mais il faut reconnaître que sur 9 campagnes, nous avons réalisé plus de 8 campagnes exédentaires. Nous avons eu même un taux de croissance moyen annuel de 5,4%.

Alors par ailleurs, il y a un phénomène inquiétant, c’est la montée de l’insécurité sur les routes dans les villages. Est-ce que cela ne risque pas de vous coûter des voix le 13 novembre prochain ?

• Bien sûr que le phénomène de l’insécurité est devenu une préoccupation et le gouvernement a pris des mesures fortes, pour réduire les poches d’insécurité.

Cette insécurité prouve que les armes circulent, voire prolifèrent. L’opposition dit que vous vous êtes ingérés dans les affaires intérieures de plusieurs pays voisins (la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Guinée Conakry) et qu’aujourd’hui, c’est cela que vous payez par la montée de l’insécurité sur le territoire burkinabè.

• Ce sont des assertions, des allégations sans fondement. Ils ne peuvent pas apporter la preuve de ce qu’ils avancent. Ce sont des déficits démocratiques dans ces pays, des difficultés internes. Nous mêmes, nous payons un lourd tribut parce que nous avons des compatriotes à ce niveau qui sont victimes des exactions et ce n’est pas nous qui avons inventé les concepts ethnicistes dans certains pays. Ce n’est pas nous qui avons procédé à l’exclusion politique dans ces pays pour voir jaillir les crises. Donc le Burkina n’est pas responsable de ces situation, loin s’en faut.

Vous faites allusion à l’ivoirité, est-ce que vous n’avez pas une part de responsabilité dans la crise ivoirienne par le soutien que vous avez apporté à la rébellion du nord de la Côte d’Ivoire ?

• Nous n’avons jamais apporté un quelconque soutien à une quelconque rébellion. Nous avons, à tous les pouvoirs successifs en Côte d’Ivoire, signalé la présence d’éléments militaires sur notre sol national. Nous leur avons toujours demandé de créer les conditions propices au retour de ces messieurs dans leur pays. Nous l’avons demandé au président Guéi, nous l’avons demandé au président Gbagbo. Donc, nous n’avons apporté aucun soutien à qui que ce soit. Et nous sommes toujours disponible pour aider à la paix et à la sécurité dans notre sous-région. On nous fait un mauvais procès pour des raisons, bien sûr de politique politicienne.

Et que répondez-vous à l’opposition qui dit que vous avez manqué plusieurs fois l’occasion de vous réconcilier avec Laurent Gbagbo et qu’ainsi vous avez maintenu cette tension en Côte d’Ivoire dont ont souffert beaucoup de Burkinabè de Côte d’Ivoire ?

• Ecoutez, quand des politiciens burkinabè se transforment en chargés de mission et soupent à la présidence de la Côte d’Ivoire, pendant que nos populations sont victimes d’exactions de toutes sortes, ils ne peuvent que tenir ce langage. Nous avons toujours maintenu le contact avec Laurent Gbagbo. Moi-même qui vous parle, je suis allé deux fois m’entretenir avec le président Laurent Gbagbo. Donc ils ne peuvent pas vraiment apprécier notre attitude. Nous avons toujours dit la vérité au président de Côte d’Ivoire quant aux possibilités de sortie de crise en bon voisin et en ami.

Voulez-vous dire que l’opposant Hermann Yaméogo est un chargé de mission du président ivoirien Laurent Gbagbo ?

• J’ai dit simplement que ceux qui prétendent que nous sommes impliqués dans la crise ivoirienne, sont ceux-là mêmes qui, effectivement, sont devenus des chargés de mission et qui tentent de crédibiliser des attitudes négatives telles que reconnues par la communauté internationale.

Propos recueillis par Christophe Boisbouvier

Retranscription deAnnick Kandolo (stagiaire)
L’Observateur

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