LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

TOGO : Les contours et défis du nouveau gouvernement

Publié le jeudi 23 juin 2005 à 07h28min

PARTAGER :                          

Le Togo dispose, depuis la nuit du 20 juin dernier, d’un
nouveau gouvernement. Il comprend 30 ministres et compte à
son sein plusieurs membres du Rassemblement du peuple
togolais (RPT), parti au pouvoir. On y retrouve également des
représentants de l’opposition modérée, des membres de la
société civile et un président d’un des six partis de l’opposition
radicale, en la personne de Tchessa Abi, au poste de ministre
de la Justice, Garde des sceaux.

Ce gouvernement était attendu après la nomination d’Edem
Kodjo, président de la Convergence patriotique panafricaine
(CPP), comme Premier ministre. Maintenant que celui-ci est
connu, quelle lecture peut-on en faire, au regard des réticences
et des espoirs suscités auprès des différents acteurs de la crise
togolaise ?

Avons-nous réellement affaire à un gouvernement
"d’union nationale", comme le promettait le successeur du
président Eyadéma Gnassingbé, décédé le 5 février dernier ?
Ou, est-on en présence d’une équipe de continuité ? Ou encore,
s’agit-il tout simplement d’un gouvernement d’ouverture ? Ce
sont là autant d’interrogations que se posent les observateurs
de la scène politique togolaise.

En réussissant à faire entrer des représentants de l’opposition
dans le gouvernement, Faure Gnassingbé peut se targuer
d’avoir mis en place un gouvernement "d’union nationale" et
jouer sur ce tableau pour reprendre la coopération avec l’Union
européenne, en proie, en ce moment, à d’énormes difficultés.
La présence de l’opposition radicale dans l’équipe
gouvernementale, permettant ainsi au pouvoir togolais de
sauver les symboles, était prévisible (voir notre livraison n°3393
du 10 juin 2005).

C’est, peut-être, là l’erreur de cette opposition
qui n’a pas su garder ses rangs serrés après l’élection
contestée du 24 avril dernier. Une faille que le nouvel homme
fort du Togo semble avoir bien exploitée, en rejetant en bloc les
revendications de ceux qui lui sont le plus hostiles et en
admettant celles des opposants dociles. Mais, comme on le dit,
l’arbre ne doit pas cacher la forêt.

Un problème de légitimité secondaire semble se poser par
rapport à l’équipe gouvernementale. En effet, au vu de la
répartition des portefeuilles ministériels, l’on peut se demander
si l’ouverture tant prônée était sincère et si Faure Gnassingbé
n’est pas, en fait, en train de suivre les traces de son défunt
père.

Ainsi, les postes stratégiques sont attribués aux membres
du RPT et à la famille Gnassingbé. Le Premier ministre Edem
Kodjo se retrouve lui-même avec seulement deux membres de
sa formation détenteurs de porte-feuilles de moindre
importance. Le gouvernement est visiblement accaparé par les
barons du parti au pouvoir. Dans ce contexte, l’on peut se
demander de quelles marges de manoeuvre dispose le
Premier ministre, pour conduire l’action gouvernementale ? Son
champ d’action semble circonscrit d’avance sinon étroitement
surveillé.

Le pouvoir de Lomé attend surtout de lui, compte tenu
de ses compétences et de ses relations, qu’il relance la
coopération avec l’Union européenne (UE). Le président du CPP
semble l’avoir bien compris, et il n’est pas exclu qu’il se rende
sans délai à Bruxelles, siège de l’UE. A tout considérer, Kodjo
risque de ne faire qu’un bref passage à la tête de l’exécutif
togolais, juste le temps de renouer le contact avec les bailleurs
de fonds.

Mais qu’à cela ne tienne. Le gouvernement devrait travailler, à
asseoir une véritable réconciliation nationale. Cela passe par
des mesures visant à assurer les Togolais qui continuent d’être
victimes d’exactions de la part des partisans du RPT et à arrêter
le départ massif de réfugiés vers le Bénin et le Ghana voisins.
C’est à ce niveau que l’équipe d’Edem Kodjo est, avant tout,
attendue par l’ensemble des Togolais et la Communauté
internationale.

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique