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Nouveau gouvernement togolais : Conseil des ministres ou conseil de famille ?

Publié le jeudi 23 juin 2005 à 07h43min

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11 jours après sa nomination,Edem Kodjo retrouve, avec le fils, le poste de Premier ministre qu’il avait occupé 10 ans auparavant avec le père.

Le nouveau gouvernement togolais a fini par être rendu public le lundi 20 juin, à l’issue d’interminables tractations. Sans bien sûr les ténors de l’opposition radicale.

Celle-ci avait en effet placé la barre si haut qu’elle avait peu de chance d’être franchie par Faure Gnassingbé, qui s’est finalement rabattu sur des opposants plus accommodants. Ceux qui attendaient un véritable gouvernement d’ouverture sont donc désillusionnés, car la porte a tout juste été entrebâillée pour laisser pénétrer quelques convives.

Sur trente portefeuilles ministériel, le Rassemblement du peuple togolais s’est taillé la part du lion, ne laissant que le menu fretin aux autres (Justice, Droits de l’Homme, secrétaire d’Etat auprès du ministère de la Jeunesse, Enseignement supérieur).

Là où le tandem Faure- Kodjo a lâché du lest, c’est au niveau des Affaires étrangères ; lequel portefeuille échoit à Zarifou Ayéva, président du Parti pour la démocratie et le renouveau. Encore que le PDR ne soit rien d’autre qu’un parti dit de l’opposition modérée ou de façade.

Défense, Sécurité, Economie et Finances ont ainsi été attribués aux fidèles du clan Eyadéma. L’opposition, ou ce qui est considéré comme telle, ne s’en tirant qu’avec des maroquins symboliques.

De quoi douter de la réelle volonté d’ouverture politique, pourtant promise par le nouveau chef de l’Etat togolais, élu, comme on le sait, dans des circonstances très controversées. D’ailleurs celui-ci avait justement besoin d’un vrai gouvernement d’union nationale pour redorer son blason combien terni.

Hélas, pour bien verrouiller le système et perpétuer la mainmise de son clan sur l’armée en la plaçant sous bonne garde, Faure n’a pas trouvé mieux pour occuper le maroquin de la Défense que son frère Kpatcha Gnassingbé.

C’est à se demander si en lieu et place des conseils des ministres, on n’aura pas droit à des conseils de famille à Lomé, où on semble avoir hérité d’Eyadéma la gestion patrimoniale de l’Etat. Résumons donc :

un coup d’Etat militaire sur fond de tours de passe-passe constitutionnels le 5 février 2005 ;

une élection calamiteuse le 24 avril, avec tueries et exil de milliers de Togolais vers le Bénin et le Ghana voisins à la clé ;

la nomination le 9 juin 2005 d’un premier ministre, caution morale d’un régime dont il est habitué à être le sapeur-pompier, donc pas vraiment de l’opposition.

enfin, ce gouvernement, dont les membres non RPT ne seront que des faire-valoir.

On aura constaté que le refus de coopérer de l’opposition dite "radicale", incarnée notamment par l’Union des forces du changement (UFC) et les accents revanchards de son président, Gilchrist Olympio, n’ébranlent en rien une dynastie décidée à marquer de son seul sceau l’histoire de tout un pays.

Autant dire que le problème togolais est loin d’être une affaire résolue pour ne pas dire qu’il reste entier. Mais une porte entrebâillée ne vaut-elle pas mieux qu’une barricadée avec des serrures ? Car peut-être qu’un jour, on laissera entrer dans la famille les enfants les plus indésirables du pays.

Kader Traoré
Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 25 juin 2005 à 11:18, par Pagomziri Alexandre OUEDRAOGO En réponse à : > Nouveau gouvernement togolais : Conseil des ministres ou conseil de famille ?

    Mon cher TRAORE,

    De Bruxelles d’où je suis pour une mission d’échange d’expérience sur les Maisons de Justice, j’ai bien apprécié ton article sur le Togo. Quoi d’étonnant sur ce qui se passe chez notre voisin, la France et ses "amis " africains l’ont voulu ainsi.Tout est fait pour que ça soit ainsi, malgré la volonté du peuple Togolais de se défaire et d’en découdre avec le régne Gnassinbé. Pour moi le reste à faire c’est la gestion préventive d’une guerre civile ou éthnique comme cela se passe dans d’autre contrées de l’Afrique. Le mot d’ordre pour la gestion du pouvoir africain, c’est la création des empires économiques pour une monarchie plus durable.

    aujoud’hui le Togo et à qui le tour ?

    • Le 1er juillet 2005 à 11:02, par Joseph N’GBENYA En réponse à : > Nouveau gouvernement togolais : Conseil des ministres ou conseil de famille ?

      Il est question d’être réaliste ; le togo connais une crise politique. La proposition des chefs d’état de la CEDEAO la formation d’un gouvernement d’union naionale. Avez vous lu la plate-forme de l’opposition "radicale" ? C’est inadmissible surtout que l’élection de Faure Gnassingbé est validé par les chefs d’état de l’UA. Pourquoi chercher à juger les actions de Faure par rapport à ses origines (ex. fils du dictateur Eyadéma ; Conseil des ministres ou conseil de famille). Mon cher amis en mission à bruxelle, le problème togolais n’est pas l’affaire de la : ( France et ses "amis " africains) comme tu le pense. Et il n’y aura pas de guerre civile au togo, ne rêve pas. Le togo a sa propre réalitée. Je souhaite pour m’arrêter à l’opposition radicale au togo d’aller au pouvoir par étape, ne pas chercher tout et tout de suite. (NB, depuis 1990 j’usqu’alors l’opposition est restée au même point de départ). Elle doit réfléchir au lieu de jouer le même jeux. Il faut que la presse soit aussi sérieuse, juger les actions des personnes au lieu des origines.

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