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Intellectuels burkinabè : "N’induisez pas le peuple en erreur !"

Publié le mercredi 22 juin 2005 à 08h13min

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Je ne suis pas un intellectuel mais j’ai pu rentrer à New York.
J’ai alors demandé à un de mes proches de m’aider à
extérioriser le présent point de vue qui ne reste, pour ce faire,
qu’un point de vue.

Sa justification vient du fait que malgré mon
niveau d’instruction qui est celui du secondaire, je suis de très
près, grâce à Internet, les débats qui agitent les milieux
burkinabè autour de l’élection présidentielle de novembre
prochain.

Certains sont pour la candidature de Blaise Compaoré parce
qu’il est bien et même très bien, d’autres, contre, parce qu’il leur
barre la route vers le "naam", tandis qu’une troisième catégorie
s’en fout éperdument de ce bras de fer qu’elle estime être la
bagarre des gens d’en haut. Une quatrième et dernière
catégorie, tout en n’étant pas connue pour avoir des atomes
crochus avec le locataire actuel de la présidence du Faso, sans
être ni pour ni contre, soutient que du point de vue
constitutionnel, rien ne s’oppose à la participation de Blaise
Compaoré au futur marathon.

Pour ma part, je suis loin de comprendre tous les arguments
des différents camps tant la compréhension de certains d’entre
eux requiert un niveau académique ou des connaissances
encyclopédiques du monde. Cependant, je puis dire que si en
ce XXIe siècle naissant, les intellectuels sont comme une
locomotive dont la responsabilité est de conduire le peuple,
force est de constater que plusieurs d’entre eux induisent plutôt
ce peuple en erreur.

Derrière leurs discours savants et
séducteurs, ils peuvent se révéler être des marchands
d’illusions. En outre, ils ont la méthode secrète dialectique de
prendre le contre-pied de ce qu’ils affirmaient hier, toute chose
contraire à l’éducation et à la morale d’un citoyen lambda
comme moi qui a appris de son père, lui-même ayant appris de
son père, que quand on mange dans la paume, il ne faut plus
manger sur le dos de la main.

Des exemples ? Et bien en voici :
- Au lendemain du 25 novembre 1980, c’est ce type
d’intellectuels qui a poussé le peuple à saluer le coup d’Etat du
Comité militaire de redressement pour le progrès national
(CMRPN), pour ensuite se rebiffer quelque temps plus tard et
combattre l’équipe du colonel Saye Zerbo aux lance-flammes.
- Le 7 novembre 1982, avec le Conseil du salut du peuple
(CSP) du médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo,
idem.
- Après avoir salué l’avènement de la Révolution démocratique
et populaire (RDP) le 4 août 1983, certains de ces intellectuels
se sont vite rangés dans le camp des farouches opposants de
la RDP.
- Et que dire du Front populaire, du premier et du deuxième
septennats de Blaise Compaoré ?

"Avec cette majorité de gens sincères ..."

S’il est vrai que nombre d’entre eux rompent avec les systèmes
auxquels ils appartenaient sur la base de principes justes, la
plupart tournent le dos à leurs camarades parce que leurs
intérêts individuels ne sont plus satisfaits et ils entreprennent de
courir derrière un hypothétique bonheur aussi insaisissable
qu’un mirage.

Aujourd’hui, j’ai personnellement abouti à la conclusion qu’avec
Blaise Compaoré, les paroles creuses n’ont pas droit de cité.
C’est plutôt du concret. Même les Américains ont fini par le
reconnaître après avoir écouté ces gens qui ne savent que
vendre leur patrie pour une pitance.
A New York ici, depuis cette histoire de l’AGOA, tout le monde
me connaît. On m’appelle le « Burkinabè ».

J’ai de ce fait choisi
de demander à Blaise Compaoré de se porter candidat et
d’ores et déjà, je me prépare pour le soutenir afin qu’il termine
le travail de réconciliation nationale, de justice sociale et de
construction de la démocratie qu’il a entamé. Les difficultés, il y
en aura, des erreurs et des incompréhensions, elles sont
inévitables, mais avec cette majorité de gens sincères qu’il a
avec lui, il réussira.

C’est mon droit en tant que citoyen d’espérer
après tout. Tout comme c’est mon droit de demander à nos
compatriotes tant à l’étranger qu’au Burkina Faso d’aider Blaise
dans l’accomplissement de sa noble tâche. Cela passe par une
mobilisation des citoyens qui, sans être de ces intellectuels
comme ceux perchés sur les tours de verre à New York et se
laissant bercer par l’illusion d’une grandeur d’âme et d’esprit
déconnectée du vécu quotidien de leurs parents restés au pays,
je disais une mobilisation des citoyens dont la sueur et le sang
constituent plutôt la clef de voûte des succès à l’actif de Blaise
Compaoré. Je n’ai pas besoin d’être un intellectuel pour le
savoir.
Mon père n’a jamais été un intellectuel, mais il a su trouver pour
me dire que c’est quand on est assis qu’on sait lutter. Lui au
moins ne parlait pas au hasard."

Un citoyen burkinabè

Aly OUEDRAOGO (alypauline@yahoo.com)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 22 juin 2005 à 09:04, par Francky En réponse à : > Intellectuels burkinabè : "N’induisez pas le peuple en erreur !"

    Je ne suis pas un intellectuel mais j’ai pu rentrer à New York.... A ma connaissance New York n’est pas la Silicom Valey ou la NASA et il n’y ait pas exigé un niveau d’instruction minimumpour y entrer. Pourquoi alors cette precision ?
    A New York ici, depuis cette histoire de l’AGOA, tout le monde me connaît. On m’appelle le « Burkinabè ».... comme ca, l’AGOA c’est une histoire....tu peux nous la raconter ?
    Pour le reste de tes propos, je prefère ne pas faire de commentaires...

  • Le 22 juin 2005 à 13:08, par Nogo En réponse à : > Intellectuels burkinabè : "N’induisez pas le peuple en erreur !"

    Monsieur le "non intellectuel", je dois reconnaître que vous parlez assez bien le Français pour quelqu’un qui a un niveau Bepc. En dehors de ça je me méfie d’habitude des termes intellectuels et intelligents car leurs sens prêtent à débat, néanmoins une définition communement admise du mot intellectuel est quelqu’un d’instruit, qui met son instruction au service de son peuple afin de l’éclairer sur les enjeux de son organisation sociale interne et de ses relations avec les autres peuples. Dans ce sens il ne suffit pas d’être instruit pour être intellectuel mais on ne peut l’être sans un minimum d’instruction. Ceci etant dit, il faut faire la part des choses entre les hommes politiques qui ont participé à la vie politique du pays , pour ou contre les régimes en place, et les intellectuels même si ces deux groupes se recoupent souvent. Si on définissait mal ce qu’est un intellectuel, on pourrait croire que Blaise a bcp plus d’intellectuel avec lui car le CDP regorgent bcp plus de diplomés qui du reste sont d’ailleurs bcp plus nantis que ceux de l’autre camp.
    Si les intérêts individuels étaient le leitmotiv de ceux qui critiquent Blaise actuellement, à quelques exceptions près, je pense qu’ils feraient mieux de prendre la carte du CDP car cela rapporterait plus. C’est pour dire que certains intellectuels critiquent la manière dont le pays est géré parce qu’ils font leur devoir, de dire à leur peuple qu’il doit emprunter un autre chemin, que s’il ne fait pas attention il risque de disparaître : il y a des peuples disparus ou en voie de l’être, qui peuplaient des surfaces plus vastes que le Burkina ou l’Afrique.
    Pour l’AGOA, laisse moi dire que contrairement à l’apparence, ce n’est pas un avantage pour le Burkina, cela prendrait bcp d’espace pour en donner la raison. Le rôle des intellectuels, une fois de plus c’est de voir au delà de l’apparence, c’est de voir ce qui est caché dans ce cadeau drapé de feuillets d’or.
    Quant tu affirmes, " je me prépare pour le soutenir afin qu’il termine le travail de réconciliation nationale, de justice sociale et de construction de la démocratie", je pense que là ton erreur de jugement n’est pas d’ordre intellectuel, car on n’a pas besoin d’être intellectuel pour savoir qu’on ne se reconcilie pas avec soi même ou avec ceux qui nous sont déjà acquis, si tu accepetes ne serait-ce que proisoirement d’être honnête avec toi même ; pas avec nous, ce n’est pas nécessaire, tu veras bien que ton père t’a appris qu’on ne demande pas pardon sans reconnaître qu’on a fait une faute, c’est ce que les" intellectuels" nomment "pardon sans repentance".
    Pour finir, les intellectuels n’ont pas forcément raison, cela est-il possible , vu qu’ils ne sont même pas d’accord entre eux souvent ? Mais parmi le flot d’idées qu’ils émettent, il doit y avoir de quoi puiser pour faire avancer un peuple, et d’ailleur il est inutile de prendre ce qu’ils disent pour de l’argent comptant, il suffit juste de prendre en considération ce qu’il y a de plus simple, de plus juste, de plus honnête, de plus intègre, qui jaillisse de la profondeur du SOI, pour être en soi-même un intellectuel ou tout au moins un intelligent.

  • Le 22 juin 2005 à 17:54, par Théophile En réponse à : > Intellectuels burkinabè : "N’induisez pas le peuple en erreur !"

    Vu les commentaires que certains ont déjà écrit sur ton article, je me permet de te répondre et de te dire merci d’avoir donné ton point de vue. En effet, combien de gens de niveau BEPC peuvent se targuer de ton abnégation ? Et je ne pense pas que ceux qui ont commenté ton texte (Nogo et Francky) en aient vraiment compris la portée. Ce que je pense, c’est que ton texte n’est pas matière à débat, il est le reflet de ce que pense la majorité de la population burkinabé. Je reconnais dans ton article beaucoup de mes parents, amis et connaissances qui peut-être ne vivent pas à Ouagadougou, mais représentent au moins 10 millions de personnes. Que Francky et Nogo ironisent, c’est concevable, mais je crois qu’ils devraient plutôt, en tant qu’ "intellectuels" se demander comment les idées et les informations devraient être passées et expliquées aux populations que ce soit en politique, en économie, en science, en santé... si le citoyen normal ne comprend pas, ou comprend mal une situation, c’est que, quelque part, celui ou celle qui a eu le privilège de l’acquisition de l’information a mal expliqué ou expliqué en des termes non ’inculturalisés’. C’est le devoir de tous ceux qui ont soi-disant étudié le papier du blanc et qui comprennent "ses machinations". Et tant que les hommes politiques ne feront pas de discours dans les langues des populations et qu’ils ne leur expliqueront pas le déroulement des affaires courantes (en dehors des campagnes électorales), le Burkina votera toujours pour la "stabilité" qui pourrait, en sciences politiques, se nommer ’statu quo’.

    • Le 23 juin 2005 à 10:32, par Nogo En réponse à : > Intellectuels burkinabè : "N’induisez pas le peuple en erreur !"

      C’est ton point de vue mais je pense que d’entre nous, nous sommes ceux qui ont le moins mal compris son message, qui est un appel formel à opter pour la continuité politique. Tu veux nous faire croire que c’est le "reflet de ce que pense la majoité des burkinabès" mais , ne serait ce que le titre "Intellectuels burkinabè : "N’induisez pas le peuple en erreur !" prouve que ce n’est pas quelqu’un à la recherche de l’information mais plutôt quelqu’un qui a déjà choisi son camp. Mathématiquement si tu as déjà eu la chance de regarder la TNB ou d’écouter la Radio Nationale, tu comprendrais pourquoi il y a des burkinabès qui pensent comme lui. Ce n’est pas seulement parce que les "intellectuels" font mal passé le message mais c’est parce qu’il n’ont même pas les moyens de le faire passer. En effet, quand on passe tout le temps à repéter des mensonges, on en vient à penser que c’est la vérité. Et Malheureusement les moins instruits sont les plus sujets à ce genre de manipulations.
      POur les hommes poliiques, peut être qu’ils s’expriment mal mais il ne faut jeter sur eux la responsabilité de "parler", c’est le devoir de tous les burkinabès y compris toi et moi de faire passer le message et de dire que "la patrie n’est pas sur la bonne voie". Et la question que je te pose maintenant, c’est que fais tu et pense tu faire mieux que les autres ou bien fais tu partis de ceux pour qui ça ne dérange pas et qui ne voeint pas en quoi le pays n’est pas sur la bonne voie.

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