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Candidature de Blaise Compaoré : Chronique d’une victoire certaine

Publié le lundi 20 juin 2005 à 07h35min

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En réalité, ce fut un non-événement. L’événement ou plutôt le
tonnerre ou le séisme, sans nul doute, aurait été que Blaise
Compaoré ne fût pas investi par le CDP (Congrès pour la
démocratie et le progrès) lors de son congrès extraordinaire
tenu les 17 et 18 juin derniers à Ouagadougou.

Déjà, le thème
même de ces assises, " Bilan du septennat et perspectives"
était prémonitoire et ne laissait aucun doute sur la candidature
de Blaise Compaoré pour un troisième mandat présidentiel.
Une façon de dire que la politique suivie par Blaise Compaoré
durant son magistère était bien la sienne. Pour le CDP en tout
cas, hier comme aujourd’hui, on ne change pas un candidat qui
gagne. Disqualifier Blaise Compaoré équivaudrait donc à
admettre ses propres échecs.

Du reste, même si le CDP avait
été tenté par la solution du changement, avait-il un candidat de
rechange ? Rien n’est moins sûr. Qu’on le veuille ou non, pour
l’instant en tout cas, Blaise Compaoré reste la seule
personnalité, dans les arcanes du CDP, à pouvoir fédérer autour
de lui, des militants venus d’horizons divers et qui ont troqué
leurs chapelles politiques d’hier, pour ne pas dire leurs
convictions, contre leur reconversion en apôtres et zélateurs du
cédépisme.

On ne saurait oublier en effet qu’en dépit des
apparences, le CDP est un groupe composite, un puzzle dont le
seul dénominateur commun est la fidélité à un seul homme.
Sans oublier les différents partis satellites, ces mouvanciers qui
ne sont prêts à jouer la carte unitaire qu’à la seule évocation du
nom du président.

Enfin, Blaise Compaoré de son côté, s’il a
gardé le silence jusqu’à présent sur sa possible candidature, ce
n’est pas par désintérêt pour les plaisirs vrais ou supposés que
procure la présidence. Même s’il dissimule encore ses vraies
intentions en s’abritant derrière l’humour et l’esquive, la volonté
de Blaise Compaoré de rebeloter est sans équivoque pour ceux
qui savent lire entre les lignes.

Le président peut-il refuser cette
investiture ? Va-t-il simplement attendre son heure, le temps de
mesurer le degré de fidélité de tous ceux qui se réclament de lui
 ? Et ils sont nombreux ceux-ci, dont les voix comptent en
période électorale. Le président ne peut abandonner tout ce
beau monde au milieu du gué. Et ils sont nombreux, parmi
lesquels les fidèles et amis de la première heure et de tous les
jours et dont le vote est acquis d’avance, mais aussi les ouvriers
de la dernière heure, qui, de manière spontanée ou
caporalisée, ont battu le pavé pour le supplier de se
représenter.

L’investiture de Blaise Compaoré par le CDP
va-t-elle contribuer à baisser la fièvre préélectorale qui agite la
classe politique dans son ensemble ? Ce n’est pas évident.
Cependant, ce qui est sûr, constitutionnalistes et autres juristes
auront désormais peu de grain à moudre dès lors que Blaise
Compaoré a dévoilé ses intentions, sauf à vouloir mener des
combats d’arrière-garde.

De toute évidence, l’investiture de
Blaise Compaoré sonne comme la chronique d’une victoire
certaine, qu’il y ait fraudes ou pas. Un autre atout dont dispose
le candidat du CDP, c’est la sympathie dont B.C jouit à
l’extérieur. En l’occurrence, il est élève de la BM et du FMI, et ses
rapports avec la France et les USA sont plutôt bons.

La seule
préoccupation du candidat du CDP à sa propre succession
reste le taux de participation de l’électorat et la victoire au
premier tour. Il peut compter sur la grosse machine du CDP qui,
grâce à ses puissants moyens matériels, logistiques, financiers
et ses ressources humaines, ne ménagera aucun effort et
aucune astuce pour appâter l’électorat. Cette machine est
d’ailleurs renforcée par des supplétifs de 23 partis se réclamant
de la mouvance présidentielle.

Il est d’ailleurs à parier que les
intentions de Blaise Compaoré étant officiellement repercutées
par le CDP, une bonne partie des 112 partis officiellement
reconnus va entamer une sorte de procession vers le candidat
du parti majoritaire. Quelle va être la réaction de l’opposition
au-delà de sa rhétorique habituelle dans les médias ? On le
saura dans les tout prochains jours.

En tout état de cause, à défaut d’une alternance physique, il faut
espérer du nouveau président du Faso, l’instauration d’une
alternance dans la conduite des affaires de l’Etat, celle qui
tranche avec la situation actuellement peu reluisante du pays
sur plusieurs plans.

En cela, le nouveau mandat du chef de
l’Etat gagnerait à être aux antipodes du précédent qui a, à son
passif, trop de chantiers et de champs de bataille mal défrichés
et pleins de ronces : ils ont pour noms, impunité, inégalités
sociales, chômage, frustrations, corruption, absence de
solidarité, paupérisation croissante. Pour y parvenir, le nouveau
mandat du président devrait être celui de la fermeté vis-à-vis des
profiteurs de la malgouvernance.

En définitive, le seul ennemi
du régime de Blaise Compaoré pourrait être l’usure du pouvoir,
l’ankylose qui finit par gangréner tous les pouvoirs en Afrique
comme ailleurs. La victoire de Blaise Compaoré devrait donner
à réfléchir à l’opposition qui, réellement, ne s’est pas toujours
donné les moyens de ses ambitions. Plutôt que d’inscrire sa
stratégie de conquête du pouvoir dans l’immédiateté, elle devrait
miser sur le moyen et le long termes dans la mesure où
l’accession au pouvoir est une course de fond.

Encore faut-il
savoir mesurer le rapport des forces en présence et en tirer
profit en bannissant les querelles de personnes et de
chiffonniers. On est tenté de dire que l’opposition n’a qu’à s’en
prendre à elle-même. Et ce, pour avoir ignoré ou feint d’ignorer
cette réflexion du président du MBDHP pour qui, l’essentiel
n’était pas que Blaise Compaoré fût candidat, mais plutôt
comment le battre.

La seule solution pour l’opposition, c’est son
unité. Il n’est pas tard pour elle de se remettre en cause en
chassant les démons de ses déchirements. C’est à cette
condition qu’elle pourrait inquiéter, mettre en ballotage, voire
battre Blaise Compaoré.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 20 juin 2005 à 18:13, par Sidbala En réponse à : > Candidature de Blaise Compaoré : Chronique d’une victoire certaine

    Vous affirmez qu’avec ou sans fraude, la candidature de Blaise donne le départ d’une "chronique d’une victoire annoncée". Les Burkinabè dans leur majorité trouverait le bilan de Blaise tellement positif que ce dernier n’a à se soucier que du taux de la victoire. Soyons sérieux, on croirait lire la déclaration zélé d’un laudateur du CDP.
    Quels sont les acquis si positifs que blaise peut montrer au Burkinabè ? Vous l’avez bien résumé en le presentant comme urgence de son prochain mandat : nous n’avons que pauvreté, corruption, clientelisme, insécurité primaire avec ses braquages aux portes de Ouaga, position dangereuse dans la sous-région, etc..
    Je serai vous je ne ferai pas des affirmations si gratuites sur la victoire de Blaise (même si je l’appelle de mes voeux) si des élections vraiment transparentes etaient organisées...La population n’est ni aveugle, ni ignorante.
    Le problème ce n’est pas l’opposition. le problème c’est blaise lui-même et sa clique. Et croyez moi qu’il existe de milliers de Burkinabè capables de mieux diriger ce pays.

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