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Une matinée au Pentagone : Crise ivoirienne, Togo, dossier Taylor, Salafistes au menu

Publié le lundi 20 juin 2005 à 07h17min

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Crise ivoirienne, situation au Togo, au Liberia, coopération militaire USA-CEDEAO, USA-Union africaine, lutte contre le terrorisme transsaharien.

Ce sont entre autres les thèmes que deux responsables du Pentagone, Mme Theresa Walen, secrétaire déléguée adjointe pour les affaires africaines, et le colonel Vic Nelson, directeur Afrique de l’Ouest pour les affaires de sécurité internationale, ont développés pour nous en cette matinée du 17 juin, qui marque la fin de notre séjour dans la capitale américaine (lire l’Observateur du mardi 14 juin 2005).

Le Pentagone ! Que n’a-t-on pas dit ou vu souvent à la télévision sur ce département, siège du ministère de la Défense américain où trône Donald Rumsfeld, maître des lieux, architecte de la guerre en Irak et fidèle parmi les fidèles du président George Bush ! Nous voilà en tout cas à 9 h (13 h GMT) devant l’entrée du bâtiment de 3 étages avec 2 étages en sous-sol, un immeuble situé dans l’Etat de Virginie, donc administrativement séparé de Washington, après avoir montré patte blanche, nous voilà à l’intérieur pour une visite guidée par un soldat E1 (équivalent d’un soldat de 1re classe).

Le Pentagone a été construit en 16 mois (11 septembre 1941-15 janvier 1943), et au premier étage se situe l’état-major de l’armée de l’air. Dolnad Rumsfeld a ses bureaux au 3e étage. Dans les couloirs du 1er étage sont affichés les drapeaux des pays membres de l’OTAN. 23 000 personnes travaillent au Pentagone, dont 16 000 militaires avec 12 000 officiers en leur sein. La rénovation du bâtiment, débutée 1995 prendra fin 2010. "Cela équivaut à la destruction d’un gratte-ciel new-yorkais, sans transférer les gens à un autre lieu". Ce qui signifie que la rénovation se fait sans que les employés quittent leur lieu de travail.

Un appui consistant à la CEDEAO et à l’Union africaine

L’aile Est du Pentagone où l’avion des terroristes s’était crashé a été totalement rénovée. Un mémorial a été érigé dans une salle pour honorer la mémoire des 185 tués de cette attaque terroriste du 11 septembre 2001. Toutes les victimes ont reçu le médaillon de défense de la liberté, et un livre y est exposé contenant la biographie de chacune d’elle. Mais quelles sont les priorités du Pentagone dans le domaine de la défense en Afrique subsaharienne ? C’est ce qu’a tenté de nous expliquer Mme Theresa Whalen, qui, d’entrée de jeu, a situé la politique américaine en matière de défense en Afrique.

Pour elle, il y a un programme qui s’appelle ACOTA (Assistance pour les opérations d’urgence en Afrique) qui appuie l’Afrique notamment dans ses volets résolution des conflits et aide humanitaire. Ainsi, les USA ont doté la CEDEAO en matériel de communication, pour ses opérations de maintien de la paix. L’Union africaine (UA) a été aussi appuyée pour qu’elle puisse mener efficacement ses actions en Sierra Leone, au Liberia et en Côte d’Ivoire.

En 2003 il y a eu un déploiement de groupes amphibis le long de la Côte libérienne afin de stabiliser la capitale, Monrovia. Au sujet du Liberia et particulièrement du cas de l’ex-chef de l’Etat, Charles Taylor, le Pentagone reste catégorique sur sa position : il faut que Taylor soit jugé. On sait que ce dernier a été inculpé par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, dans la guerre qui a ravagé la Sierra Leone entre 1991 et 2001.

Son procureur, David Crane, va plus loin en affirmant que Taylor, depuis son exil doré à Calabar (Nigeria), tente de déstabiliser la sous-région (cas de la Guinée-Conakry) et aurait même effectué un voyage au Burkina Faso pour convaincre un de ses hommes liges de se présenter à la présidentielle libérienne. Des affirmations qui ont été relayées par le New York Times, il y a quelques semaines de cela. Selon le Pentagone embouchant la même trompette que le Conseil de sécurité de l’ONU, tous les inculpés du TSSL doivent être jugés. "La justice américaine considère Charles Taylor comme un fuyard, cette roue de la justice américaine tourne lentement, mais moud finement", a martelé le responsable du Pentagone.

"Charles Taylor est un fuyard"

Pour le département de la défense donc, le célèbre rouquin de Monrovia devra tôt ou tard répondre des chefs d’accusation retenus contre lui. Le chef de l’Etat nigérian, président en exercice de l’UA, qui était à Washington il y a quelques semaines (5 mai) de cela pour négocier l’effacement de la dette de son pays, est bien disposé à livrer Taylor à un ... gouvernement libérien démocratiquement élu. La crise en Côte d’Ivoire est également suivie au Pentagone, et l’institution estime que le président sud-africain, Thabo M’Beki, a fait œuvre utile, en aboutissant aux Accords de Pretoria.

Sur le Togo, les USA se rangent sur la position de la CEDEAO, laquelle dit qu’il faut soutenir la constitution ; donc l’oncle Sam soutient la constitution même si sur la présidentielle du 24 avril 2005, il y a des choses à dire, selon la première puissance mondiale. Enfin selon le Pentagone, quelque 200 salafistes évoluent actuellement dans le No Man’s land (grand désert) commun au Mali, au Niger et à l’Algérie. Des salafistes qui auraient des accointances avec le GIA et surtout la nébuleuse Al Quaïda, qu’il faut anéantir.

Sans oublier le Darfur qui préoccupe les USA. Ce sur lequel les responsables du Pentagone n’ont pas insisté, c’est cet intérêt grandissant pour l’Afrique du pétrole, car, n’oublions pas que 15% du pétrole importé par les USA provient de l’Afrique subsaharienne, un chiffre qui s’accroîtra dans les années à venir. Au moment ou nous quittions Washington (samedi 18 juin) pour Tulsa (Etat d’Oklaoma), la phobie sécuritaire semblait avoir redoublé dans la capitale américaine.

Et pour cause, ce mardi 21 juin, dans l’Etat du Marylanyd (20 km de Washington) se tient le Sommet USA-Afrique, organisé par le corporate council on Africa. C’est la ville principale, Baltimore, qui abritera les travaux, auxquels prendront part plusieurs présidents africains. George Bush ouvrira la cérémonie.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
Observateur Paalga

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