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La démocratie et l’alternance politique au Burkina

Publié le jeudi 16 juin 2005 à 07h09min

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Un atelier régional sur la démocratie et l’alternance politique a eu lieu vendredi 3 juin 2005 à Fada. Une rencontre qui a été initiée à l’intention des acteurs à la base par le Centre d’études et de recherche sur les pratiques de la démocratie (CERPRADE), une structure associative qui œuvre à la promotion de la démocratie, de la citoyenneté des droits humains, la liberté d’expression et la culture de la paix au Burkina.

L’atelier de Fada a duré une journée et a réuni un parterre de partis politiques et d’associations de la société civile. Dans un exposé préliminaire le conférencier Paul Kiemdé a rappelé que le CERPRADE a entrepris un projet sur le thème "Démocratie et Alternance politique" et dont l’objectif est de "contribuer à faire avancer de façon significative le processus démocratique en cours en favorisant le dialogue et l’instauration de la confiance entre les acteurs". Et c’est justement dans le cadre de la réalisation de ce projet que le CERPRADE a passé au microscope la pratique de la démocratie au Burkina Faso.

Etat des lieux de la démocratie au Burkina Faso

Dès son accession à l’indépendance en 1960, le Burkina Faso a connu une vie politique mouvementée, marquée par des avancées démocratiques (4 constitutions) mais également par des reculs notables (régimes d’exception). A travers ces différentes constitutions, le Burkina Faso a fait le choix de la démocratie en affirmant sa volonté d’édifier un Etat démocratique.

Pour le conférencier, le choix du modèle démocratique de nos jours, est celui de la démocratie dite libérale mise en exergue depuis la chute du bloc communiste et dont les éléments fondamentaux sont :

- la séparation des pouvoirs : l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Pour Paul Kiemdé, cette séparation est une réalité au Burkina Faso même si tantôt des critiques sont faites çà et là.

- l’existence d’un pluralisme politique qui s’affirme ici au Burkina Faso par la présence du multipartisme avec certes, un parti majoritaire mais également un leader de l’opposition.

- l’existence d’élections régulières et transparentes même s’il est vrai que les élections ne sont pas la démocratie, la démocratie ne saurait cependant se passer d’élection au Burkina Faso, le système électoral mis en place et piloté par une Commission électorale nationale indépendante (CENI) bien que parfois contesté, est un moyen d’enracinement de la culture démocratique.

- la bonne gouvernance (politique, économique, administrative) car il est désormais établi, qu’il existe une relation dialectique entre démocratie et bonne gouvernance. Une démocratie qui se moque de l’intérêt général et relègue à l’arrière plan la gestion cohérente et rationnelle des affaires publiques ne peut être durable. Somme toute, les pratiques démocratiques au Burkina Faso se mènent avec plus ou moins de réussite, des insuffisances et des acquis.

Interrogations et inquiétudes des leaders d’opinion

Certains leaders d’opinion, vivement intéressés par l’exposé fait, n’ont pas hésité à mettre en doute la séparation des pouvoirs au Burkina Faso. D’aucuns aussi, se sont inquiétés de la floraison et du nomadisme des partis politiques et ont en outre fustigé le code électoral qui avantagerait le parti majoritaire. D’autres enfin, ont voulu savoir si la limitation des mandats était un gage de démocratie ou pas. Mais à toutes ces inquiétudes et interrogations, le conférencier Paul Kiemdé a su, avec assez d’adresse, apporter des éléments de réponses, somme toute, satisfaisants.

Véritable tribune d’expression, d’échanges, l’atelier de Fada a été bénéfique à plus d’un titre, en ce qu’il a permis aux différents participants de cerner les multiples contours des pratiques démocratiques au Burkina Faso, mais aussi en ce qu’il a permis au CERPRADE de recueillir les avis des différents acteurs que sont les leaders d’opinion. Nul doute que l’état des lieux de la démocratie ainsi dressé, permettra d’apprécier l’état actuel de la démocratie au Burkina Faso et partant de servir de situation de référence pour les actions de formation. Ce faisant, le CERPRADE vient ainsi de jouer sa partition et il revient aux autres acteurs de jouer la leur.

Issaka OUEDRAOGO
AIB/Fada

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