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Florence Aubenas : Sauvée par le « Non » !

Publié le mercredi 15 juin 2005 à 07h16min

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Ouf ! Enfin libres de leur mouvement après un séjour de 157 jours entre les mains de leurs ravisseurs en Irak : Florence Aubenas, journaliste française du quotidien Libération, et son guide irakien, Hussein Hanoun Al Saadi, ont été relâchés samedi 11 juin 2005.

A la suite de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, libérés en décembre 2004 par leurs kidnappeurs, l’extraordinaire mobilisation en France et à l’étranger, appuyée d’une véritable campagne médiatique, a dû avoir un effet sur l’issue heureuse de ce rapt.

Mais avec l’extrême prudence du groupe qui détenait les séquestrés, on redoutait également le pire surtout que sur une vidéo cassette enregistrée le mardi 1er mars 2005, notre consœur laissait échapper, impuissante, ses angoisses en lançant un appel au député français Didier Julia de lui venir en aide urgemment. Pourtant, on sait que dans le cas de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, ce dernier avait été vomi pour avoir retardé la libération des deux journalistes suite à sa démarche parallèle à celle des autorités françaises qui a accouché d’une souris.

Si avec cette nouvelle affaire, cet homme qui dit fréquenter l’Irak depuis 40 ans avait la ferme intention de se taper un brin de popularité, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, précédemment Premier ministre, qui avait réussi le coup de poker en libérant les deux journalistes otages, entendait faire vaille que vaille de l’affaire Florence Aubenas sa chasse gardée.

Ce rapt, surtout qu’il venait du bourbier irakien, ne pouvait qu’être un enjeu hautement politique pour le président Jacques Chirac et ses lieutenants. Et la libération du journaliste de Libération et de son compagnon irakien vient à point nommé relever la cote de popularité de la « Chiraquie », qui était en chute libre avec un référendum sur la Constitution européenne sanctionné, il y a de cela quelques semaines, par le rejet, le « Non » des Français. Ce qui emporta Jean-Pierre Raffarin et on trouva un autre fusible en la personne de Dominique De Villepin pour jouer aux pompiers.

Le président Chirac ne peut que remercier le ciel d’avoir rencontré sur son chemin une certaine Florence Aubenas qui lui a d’ailleurs donné sa première accolade à son arrivée à l’aérodrome militaire de Villacoublay, en région parisienne. Un geste hautement symbolique, mais dont les dividendes politiques profitent au patron de l’Elysée, qui devait frémir de joie. Mais à voir de près, notre consœur de Libération doit aussi remercier ses compatriotes d’avoir placé le gouvernement français dos au mûr lors du référendum, à telle enseigne que ce dernier ne pouvait que saisir ipso facto cette belle opportunité d’engranger des points.

Peut-être que le scénario pour libérer les otages aurait été encore plus long si les autorités se trouvaient confortées par un « Oui » des Français. Loin de lancer des diatribes à l’endroit du régime chiraquien, nous disons que la politique a aussi ses intérêts et ses raisons qui ne sont pas forcément ceux des gouvernés.

La preuve est que l’affaire Guy André Kieffer, journaliste franco-canadien porté disparu au temps fort de la crise ivoirienne, semble presque reléguée aux oubliettes. Pourquoi ?

On dira que ce n’est pas une situation de prise d’otage et qu’en face on n’a pas d’interlocuteur pour négocier, mais la France dispose quand même d’énormes moyens techniques et humains pour éclaircir cette affaire qui n’a que trop duré ! A moins que le dossier Kieffer ne comporte pas, pour le moment, d’enjeu politique.

Cyr Payim Ouédraogo
L’Observateur

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