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Promotion des droits humains : Le cinéma mobilise dans le Sahel

Publié le mercredi 15 juin 2005 à 06h42min

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Onze jours de tournée à travers le Sahel. C’est ce qu’a fait le tandem ministère de la Promotion des droits humains (MPDH) et FESPACO, du 2 au 12 juin 2005. Le MPDH, à travers ce partenariat vise, à promouvoir les droits humains par la projection de films traitant des thèmes y relatifs suivis d’échanges. Nous vous proposons la première partie du 2 au 6 juin.

Le ministère de la Promotion des droits humains en collaboration avec le FESPACO, a sillonné le Sahel burkinabè du 2 au 6 juin 2005. Dix départements et villages ont reçu la mission. Pour s’en tenir à la première partie de cette mission, ce sont les populations des départements de Bani, Gorgadji, Dori, Sampelga (Séno) et Sebba qui ont eu droit aux soirées cinématographiques. La deuxième partie, sur laquelle nous reviendrons, concerne les localités du Yagha, de l’Oudalan et aussi des villages de Bani (Seno). La délégation est revenue pour une deuxième fois dans le Séno pour des raisons d’impraticabilité des routes dans les autres provinces suite à la grande pluie du 4 juin dernier.

La première étape fut Bani, la cité aux multiples mosquées, le 2 juin 2005. Arrivée sur place aux environs de 16 heures, la délégation est accueillie par le préfet M. Amidou Dayo, un Bobo au milieu de Peulhs. Après les salutations d’usage et la présentation des membres de la mission, le programme de la soirée a été porté à la connaissance de l’hôte. Il prévoit trois films, à savoir "Sans papier à Ouaga’’ (de l’Union nationale des femmes professionnelles de l’image et du son : (UNAFIB), "Si longue que soit la nuit" de Guy Désiré Yaméogo et "Les vrais faux jumeaux’’ de Valerie Kaboré.

Le premier film traite de la nécessité pour chaque citoyen de disposer des papiers administratifs, en l’occurrence la carte d’identité burkinabè (CIB) et l’acte de naissance ou à tout le moins, le jugement supplétif pour les tout-petits. "Si longue que soit la nuit’’ évoque la question de l’enfant handicapé (encéphalopathe) qui doit mériter tous les égards des parents et l’assistance de tous. Le troisième film "Les vrais faux jumeaux’’ stigmatise la discrimination en matière de scolarisation des enfants, la jeune fille étant obligée de rester auprès de sa mère pour les travaux ménagers.

Le préfet à l’issue des projections, a dit que les Peulhs ne sont pas prompts à aller vers les différents documents. Par conséquent, il a lancé un appel aux populations afin qu’elles se ressaisissent. Après la projection, la mission a quitté Bani à 22 heures pour regagner Dori vers 23 heures pour y passer la nuit. Le lendemain 3 juin 2005, cap sur Gorgadji à 56 km de Dori, route de Djibo. Là, en plus de "Sans papier à Ouaga" (programmé dans toutes les localités), les habitants de Gorgadji ont eu l’occasion de voir aussi "Le mariage de Binéré’’ (de Kadidia Sanogho et autres).

Ce deuxième film parle du mariage forcé ; ce dont les "Gorgadjiens’’ se sont émerveillés non seulement pendant la projection, mais aussi après. Car lors des débats, les villageois ont reconnu l’existence du phénomène. "Que faire à l’avenir si des problèmes de ce genre surviennent après le départ de la mission" ? a demandé un père de famille qui milite pour la suppression du mariage forcé. Pour réponse, le chef de la mission du MPDH, Mme Dominique Nyaméogo a laissé entendre qu’à l’âge de la majorité, chaque garçon et fille est autorisé à choisir librement son conjoint ou sa conjointe.

La troisième soirée cinématographique a eu lieu à Dori-ville, le premier soir après la grande pluie. L’humidité et la fraîcheur ont fait se terrer les habitants chez eux.. Néanmoins, une foule de jeunes et de femmes ont pu deviser autour des films à partir de 19h40. "Sans papier à Ouaga’’, "Si je savais’’ et "Nandi’’ de Kader Hervé Cessouma (sur la scolarisation de la jeune fille) ont permis à l’assistance d’échanger avec le MPDH. Les intervenants pour la plupart des filles (lycéennes), ont été sensibilisés sur l’importance d’être en règle en matière de papiers d’identité.

A Sampelga, dernière localité avant de pénétrer le Yagha, ce sont "Sans papier à Ouaga’’, "Si je savais’’ et "Les vrais faux jumeaux’’ qui ont été proposés. Les villageois sont restés très mobilisés au lieu de la projection, place du marché. Ainsi, ils ont stigmatisé l’excision et admis que depuis la fin des années 90, la pratique n’est plus en vigueur dans le département. "Au CSPS, les infirmières surveillent le fléau auprès des jeunes filles qui y viennent en consultation’’, a expliqué une témoin. Un jeune homme, a dit lors des débats qu’il n’est pas près d’épouser une fille excisée ; ce à quoi la délégation répond pour tempérer : "On peut et doit épouser une fille déjà excisée, mais c’est le fait de continuer exciser qui est condamnable’’.

Evoquant le cas de l’enseignement dans le département, les instituteurs en poste ont dit qu’à cause des pesanteurs socioculturelles, les filles sont confinées à la maison pour aider leurs mères à piler le mil (absence de moulin à grain oblige), aller à deux kilomètres pour chercher le bois de chauffe... Le préfet de Sampelga, M. Amadou Ly est tout de même confiant au regard de la sensibilisation et des efforts du gouvernement pour inscrire gratuitement, entre autres, les filles à l’école.

La première partie de la mission a pris fin à Sebba, le 6 juin par la projection des films sur les papiers, le mariage forcé et l’excision. Le haut-commissaire du Yagha, son secrétaire général, le préfet de Sebba et les chefs de services ont dirigé les débats.

Souleymane SAWADOGO
Sidwaya

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