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Philippe Douste-Blazy au Quai d’Orsay : Que va-t-il faire de la diplomatie française ?

Publié le jeudi 9 juin 2005 à 08h24min

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Philippe Douste-Blazy figure dans le trio de tête du gouvernement de Dominique de Villepin. Il va devoir démontrer qu’il le mérite. Il est le numéro trois derrière Nicolas Sarkozy, ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire, et Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense.

Son prédécesseur, Michel Barnier, qui avait été auparavant ministre délégué aux Affaires européennes et commissaire européen, n’était que le numéro sept ; Dominique de Villepin, diplomate de carrière et proche collaborateur du chef de l’Etat pendant de longues années, n’avait été que le numéro quatre. Ayant été numéro quatre dans le dernier gouvernement Raffarin, il était difficile de ne pas faire "monter" PDB dans l’ordre protocolaire.

Sous la Vème République, on affirme (à tort) que les affaires étrangères sont le domaine réservé du chef de l’Etat. Ce n’est pas une règle constitutionnelle ; c’était lié à la personnalité de Charles De Gaulle et à sa vision particulière de ce que devait être la souveraineté de la France. Couve de Murville (1958-1968), Michel Debré (1968-1969) ont été ses deux patrons au Quai d’Orsay.

Sous Georges Pompidou, ils seront essentiellement deux (André Bettencourt n’ayant assuré qu’un intérim du 15 mars au 5 avril 1973) : Maurice Schuman (1969-1973) et Michel Jobert (1973-1974). Le septennat de Valéry Giscard d’Estaing va être marqué par trois ministres des Affaires étrangères (tous diplomates de carrière) : Jean Sauvagnargues (1974-1976), Louis de Guiringaud (1976-1978) et Jean François-Poncet (1978-1981).

François Mitterrand sera fidèle à Claude Cheysson (1981-1984) et, surtout, Roland Dumas (1984-1986 et 1988-1993). La première cohabitation voit venir au Quai d’Orsay Jean-Bernard Raimond (1986-1988) tandis que la deuxième cohabitation est marquée par l’arrivée de Alain Juppé (1993-1995).

Depuis l’accession à l’Elysée de Jacques Chirac, le Quai d’Orsay aura vu défiler pas moins de cinq ministres des Affaires étrangères : Hervé de Charette de la Contrie (1995-1997), Hubert Védrine (1997-2002), Dominique Galouzeau de Villepin (2002-2004), Michel Barnier (2004-2005), Philippe Douste-Blazy (2005- ?).

Douste-Blazy est le plus anachronique des ministres des Affaires étrangères de la Vème République. Pas un commentateur qui n’ait souligné son absence de compétences en matière de relations internationales ; et le personnel du Quai d’Orsay (qui n’avait pas hésité à recourir à la grève sous de Villepin) ne cesse de maugréer.

Il est vrai que, ni son CV, ni son parcours professionnel et politique, ne laissent penser que le Quai d’Orsay puisse être pour lui autre chose qu’une étape vers un destin plus national (auquel il ne cesse d’aspirer à voix haute) pour lequel il a besoin de conquérir une aura internationale.

Philippe Douste-Blazy est né le 1er janvier 1953 à Lourdes, dans le département des Hautes-Pyrénées. Son père, Louis Douste-Blazy (lui-même fils d’un pharmacien), originaire du Gers, est docteur en médecine, en pharmacie et ès sciences, il est également agrégé de biochimie médicale ; il a mené une carrière de professeur à la faculté de médecine et de chef du service de biochimie au Centre hospitalier régional de Toulouse.

Depuis 1990, il est membre de l’Académie nationale de médecine. C’est également à Toulouse que Philippe Douste-Blazy fera ses études secondaires et supérieures (lycée Pierre de Fermat et Collège de Caousou puis université de médecine et des sciences). Docteur en médecine, diplômé d’études et de recherches en biochimie humaine, il va, dès 1972, entamer une carrière médicale.

Interne des hôpitaux de Toulouse (1976), chef de clinique de cardiologie, assistant des hôpitaux (1982), professeur des universités (1988), Douste-Blazy mène une carrière médicale en province jusqu’à son élection comme maire de Lourdes en 1989. Il sera, cette même année, élu au Parlement européen sur la liste le Centre pour l’Europe. La politique va, dès lors, devenir son obsession : conseiller régional de Midi-Pyrénées (1992), député des Hautes-Pyrénées (21 mars 1993) inscrit au groupe de l’Union pour la démocratie française et du centre, il va être nommé ministre délégué à la santé auprès du ministre d’Etat, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville sous la deuxième cohabitation alors que François Mitterrand est à l’Elysée et Edouard Balladur à Matignon (1993-1995).

Entre temps, il aura été élu conseiller général des Hautes-Pyrénées (1994) et aura conquis le secrétariat général du Centre des démocrates sociaux (CDS) qui deviendra Force démocrate (FD). Pour sa première expérience gouvernementale, son patron est une patronne : Simone Veil, premier des ministres d’Etat.

Pour Balladur, face aux gaullistes, il était nécessaire de développer un pôle centriste : les affaires sociales, au sens large, sont donc tombées dans leur escarcelle. PDB y cueille sa part malgré Valéry Giscard d’Estaing qui s’était opposé à ce que les leaders du CDS rejoignent l’équipe Balladur. Commentaire de Veil le jour de la formation du gouvernement : "Balladur est le seul qui puisse nous débarrasser du couple maudit Chirac-Giscard. Pour conduire à bien cette oeuvre de salubrité publique, les Français vont le plébisciter" (déclaration aux auteurs de De si bons amis - Plon 1994). PDB affirme de son côté : "Nous sommes la garde rapprochée du premier ministre ".

Quand Jacques Chirac prend la suite de Mitterrand et Alain Juppé celle de Balladur, PDB cesse d’être balladurien et devient juppéiste. Il est nommé ministre de la Culture (1995-1997). François Fillon, pendant la campagne présidentielle de 1995, aura cette réflexion cruelle qui positionne bien PDB sur son propre échiquier politique : "Il m’est arrivé la pire chose de ma vie, on vient de me prendre pour Douste-Blazy".

Le Lourdais n’a pas la meilleure des réputations. "Il est tenté de tirer la couverture à lui" dira Yves Rolland, conseiller de Juppé à Matignon pour la culture et l’audiovisuel. PDB, à la Culture, sera l’instigateur du rapport Rigaud qui vise à refonder la politique culturelle ; le projet sera lancé le 6 mars 1997 par Juppé, quelques semaines avant les élections législatives qui vont virer la droite de Matignon.

PDB sauvera son siège de député à l’occasion des législatives anticipées ; il est élu dans les Hautes-Pyrénées, inscrit au groupe UDF dont il sera le président à l’assemblée nationale dès 1998. Il va prendre ses distances avec François Bayrou (candidat de l’UDF contre Jacques Chirac) et rameuter les députés de son groupe pour soutenir la candidature Chirac.

En 2001, il va être élu député de la Haute-Garonne alors qu’il vient de conquérir la mairie de Toulouse (il a pris la suite de Dominique Baudis). Une élection qui va l’empêcher ("par respect pour mes électeurs toulousains") d’accepter d’être, en 2002, le numéro trois du gouvernement au portefeuille de ministre de l’éducation nationale. En fait, déjà, il voulait Matignon ou, au moins, Bercy (mais il obtiendra, le 17 novembre 2002, lors du congrès fondateur de l’UMP un des trois postes de direction).

Deux ans plus tard, il s’est lassé de Toulouse, loin de Paris et des caméras de télé (dans Le Monde, Yves Bordenave a évoqué, joliment, au sujet de PDB, sa crainte "d’un manque d’exposition médiatique"). Dans le gouvernement Raffarin III, il obtient le portefeuille de ministre de la Santé et de la Protection sociale (intitulé qui deviendra par la suite : ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille) ; il prend la suite de Jean-François Mattéi.

Après le remaniement lié au départ de Nicolas Sarkozy, il se retrouvera en quatième position derrière François Fillon, Dominique de Villepin et Jean-Louis Borloo, mais devant Michèle Alliot-Marie, Dominique Perben et Michel Barnier. Un Barnier qu’il remplace au Quai d’Orsay. En attendant autre chose tant il est vrai que la question qui se pose est de "savoir ce qu’il vise à travers ce poste ". C’est, selon un de ses anciens conseillers, avec lui, toujours la question essentielle. Notons quand même que PDB est, à l’Assemblée nationale, membre de la Commission des Affaires étrangères présidée par... Edouard Balladur.

A suivre

Jean-Pierre Béjot
La Dépêche Diplomatique


Cursus

- 1982 : Docteur en médecine.
- 1983 : Maîtrise en sciences (section biochimie).
- Ancien chef de service au centre hospitalier régional de Toulouse.

Fonctions électives

- 1989-1993 : député européen.
- 1989-2000 : maire (UDF) de Lourdes (Hautes-Pyrénées).
- 1994-2001 : conseiller général (UDF) des Hautes-Pyrénées, canton de Lourdes-Est.
- 2001-2004 : maire (UMP) de Toulouse (Haute-Garonne).
- Depuis 2001 : député (UMP) de la Haute-Garonne (1ère circonscription : Toulouse-Centre).
- Depuis 2001 : président de la Communauté d’agglomération du Grand Toulouse.

Fonctions ministérielles

- 1993-1995 : ministre délégué à la Santé dans le Gouvernement Edouard Balladur.
- 1995-1997 : ministre de la Culture dans le 1er et le 2ème gouvernements Alain Juppé.
- 31 mars 2004 - 29 novembre 2004 : ministre de la Santé et de la Protection sociale.
- 29 novembre 2004 - 31 mai 2005 : ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille.
- Depuis le 2 juin 2005 : ministre des Affaires étrangères.

Fonctions politiques
- Depuis 2002 : secrétaire général de l’Union pour un mouvement populaire (UMP).

Source : http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/gouvernement/

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