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Nouvelle conscience africaine : Appel à une éthique du débat politique

Publié le mercredi 8 juin 2005 à 06h45min

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Les périodes électorales sont des moments durant lesquels
l’émotion prend le pas sur la raison, la plupart du temps. A l’orée
de l’élection présidentielle du 13 novembre 2005 et des
municipales de 2006, la Nouvelle conscience africaine (NCA)
qui a pour vocation la défense de la liberté d’opinion et la
promotion de la démocratie, appelle les acteurs politiques à
adopter une éthique dans leurs débats.

C’est désormais officiel. Le 11 mars 2005, le gouvernement a
rendu public le calendrier des prochaines consultations
démocratiques. La date de l’élection présidentielle est prévue le
13 novembre 2005, et celle des élections municipales le 22
février 2006.

C’est aussi effectif ; une révision des listes électorales, étalée
du 25 avril au 24 mai 2005, a précédé ces consultations afin de
les rendre plus démocratiques et moins contestables. Mais
cette première étape de révision des listes électorales est à
rééditer au regard du niveau d’affluence constaté, afin de
permettre aux retardataires de s’inscrire et de réussir cet aspect
de notre processus électoral.

De prime abord, la CENI est à
féliciter, au regard des initiatives nombreuses et heureuses en
matière de sensibilisation sur la question.

Ces rendez-vous politiques devraient marquer définitivement le
choix irréversible du peuple burkinabè de la démocratie comme
unique moyen d’accès au pouvoir.

Nouvelle conscience africaine
(NCA) invite tous les Burkinabè qui ne sont pas encore inscrits
sur les listes électorales à le faire dans le délai imparti, et à se
rendre très massivement dans les bureaux de vote le jour des
élections, lieux d’expression de la pleine et entière citoyenneté
de chacun.

A six mois de l’élection présidentielle, NCA lance un appel à
tous les dirigeants des partis politiques, à leurs militants, aux
associations de la société civile, aux citoyens burkinabè, à
adopter une éthique dans le débat politique.

Avant et durant la
campagne officielle prévue le 23 octobre 2005, tout Burkinabè
doit pouvoir jouir, sans risquer sa vie, de la liberté d’opinion
garantie par la Constitution de 1991.

Rien de ce qui touche à la
gestion de la chose publique ne doit être soustrait au débat
contradictoire, l’absence de contradiction étant, sauf en période
exceptionnelle, ce qu’il y a de plus nocif pour la vitalité de notre
démocratie.

NCA souhaite que tous les acteurs politiques
fassent leur le postulat selon lequel, tout doit être discuté sans
tabous. Il ne faut pas taire les oppositions, ni chercher à les
aplanir artificiellement, mais au contraire les promouvoir, car la
contradiction est le moteur de tout mouvement.

La campagne
électorale doit être l’occasion pour les partis politiques de
proposer aux citoyens les alternatives possibles, de les éclairer
afin qu’ils puissent choisir librement le projet de société qu’ils
estiment meilleur pour leur avenir.

Eviter le manichéisme

A l’heure où, progressivement les frontières nationales tendent
à disparaître, quelle école est à même de préparer la jeunesse
de notre pays au monde de demain ?

Face à l’économie
mondialisée, comment favoriser une économie nationale
créatrice d’emplois pour les Burkinabè dont beaucoup sont
tentés par l’émigration ? Ayant adopté la Charte de l’Union
africaine, notamment le respect des frontières et la
non-ingérence dans les affaires des Etats tiers, de quelle
politique étrangère doter notre pays compte tenu de son
enclavement géographique ?

Autant de questions sur
lesquelles nul ne doit prétendre détenir la vérité. "Discuter, c’est
prendre le risque de penser autrement après qu’avant".

Nous
devons éviter le manichéisme dans la polémique politicienne
qui se plaît à opposer le bien incarné par les uns et le mal
incarné par les autres. Le débat démocratique n’étant pas la
guerre, il incombe à chacun de bannir l’excommunication et la
diabolisation de l’adversaire.

En disant cela, NCA a encore fraîchement en mémoire un fait
grave qui remet en cause les acquis de notre processus
démocratique. En novembre 2004, un groupe d’intellectuels
avaient signé un texte protestant contre la destruction, par
l’armée française, des avions de combat du gouvernement
ivoirien.

En réaction à ce texte, des individus se réclamant d’un
Rassemblement patriotique burkinabè (RPB) avaient
pratiquement prononcé une fatwa contre le groupe
d’intellectuels, "discrédités de toute prétention patriotique
vis-à-vis de notre pays".

Plus explicite, le RPB avait estimé le
temps venu de "séparer le bon grain de l’ivraie afin de
reconnaître vraiment les siens", c’est-à-dire, les vrais Burkinabè
des faux. "L’ivoirité" a fait des émules au pays des hommes
intègres ! Pour y parvenir, le RPB s’est engagé à "prendre les
responsabilités qui sont les nôtres pour épurer notre peuple
des partisans d’un intellectualisme aventuriste et suicidaire".

Nouvelle conscience africaine (NCA) dont la vocation est de
défendre la liberté d’opinion et de pensée, de promouvoir les
droits de l’homme et la démocratie, voudrait rappeler que les
plus grands crimes et les génocides commis dans l’histoire
l’ont été au nom de la pureté. C’est au nom de la pureté de la
race que des millions d’hommes ont été gazés par Adolphe
Hitler durant la deuxième guerre mondiale.

Plus près de nous,
c’est toujours au nom de la pureté de l’ethnie que le génocide
rwandais, avec ses 800 000 morts, a été perpétré en 1994. NCA,
qui sait que les mots précèdent souvent les balles et les
machettes, lance cet appel maintenant, car il ne faut pas,
comme on dit, laisser entrer le fantôme dans la maison pour
crier après coup au fantôme. Plus on s’approchera de
l’échéance du 13 novembre, plus l’émotion pourrait prendre le
pas sur la raison ; d’autant que, contrairement à l’élection de
1991 et 1998, la compétition s’annonce, cette fois-ci, plus
ouverte et plus démocratique.

NCA invite les pouvoirs publics à
prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la
sécurité des biens et des personnes durant ces élections, et
empêcher les prétendus patriotes burkinabè de mettre
éventuellement à exécution leur plan d’épuration. "Mieux vaut,
dit-on, prévenir que guérir". Une prescription banale qui pourrait
échapper à notre vigilance.
Ainsi s’exprime notre conscience !

Pour Nouvelle conscience africaine (NCA),
La coordination

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