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Caravane du Sahel 2005 : Une interpénétration artistique et culturelle Burkina/Ghana

Publié le mercredi 8 juin 2005 à 06h58min

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Le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme du Burkina organise depuis 1998, une tournée dans les pays limitrophes dans le but de provoquer un brassage des cultures inter-pays.

Dénommée "Caravane du Sahel", cette manifestation culturelle s’est rendue en Côte d’Ivoire en 1998, avec 8 troupes artistiques, au Mali en 1999, avec 5 troupes, au Niger en 2000 avec une délégation de 4 troupes.

Depuis l’étape du Niger, cinq années se sont écoulées avant que le Burkina ne reprenne le chemin, mais cette fois-ci, cap sur le Ghana, ce pays qui est intrinsèquement lié à nos origines, un pays où le passage des Burkinabè a ravivé la fierté des communautés burkinabè vivant au Ghana d’une part, et renforcé les liens d’amitié et de cohabitation entre Ghanéens et Burkinabè, d’autre part.

La Caravane du Sahel, initiée par le ministère burkinabè de la Culture, des Arts et du Tourisme s’est rendue du 28 mai au 4 juin 2005 au Ghana pour y apporter notre culture et recevoir la leur.

Quatrième sortie du genre après la Côte d’Ivoire, le Mali, et le Niger, la caravane avait pour chef de délégation, M. Raphaël Compaoré, directeur des arts, du spectacle et de la coopération culturelle (DASC), assisté de huit agents de son ministère.

Quatre troupes ont fait le déplacement du Ghana : la troupe warba de Zorgho avec pour manager Moïse Kaboré, la troupe Yayori de Sifarasso (Orodara) encadrée par Drissa Traoré, la troupe Fom Tugol de Dori, sous la responsabilité de Ousséni Hama Cissé et enfin, la troupe Kisto Koimbré de Kayouré Idrissa Ima dit Malgre naaba à Ouagadougou. Les villes concernées par les manifestations culturelles (danses et chants) ont été Kumasi le 30 mai 2005 à 20 h au Centre national de la culture, Sunyani le 31 mai au Centre national de la culture, à Tamalé le 2 juin à l’Association nationale des enseignants. Une exposition-vente précédait au cours de la journée, la présentation culturelle.

Initialement prévue pour être lancée à Accra le 27 mai, cette étape a été annulée parce que la capitale du Ghana observait à cette période, un rite qui interdisait toute manifestation, quelle qu’en soit son origine. Raison pour laquelle, Kumasi a été retenue pour le lancement officiel des prestations des troupes.

L’étape de Kumasi

Au Centre national de la culture de Kumasi, 30 mai à 10h : ouverture de l’exposition burkinabè consacrée aux batiks, foulards, pagnes teintés ou tissés, sacs en cuir, robes et chemises toute taille, nappes de table, bronze...

Le début du spectacle, prévu pour 20h00, ce 30 mai, a démarré tardivement dans la nuit. Et pour cause ? Une pluie est venue perturber l’affluence des spectateurs faisant ainsi de cette prestation, une réussite mitigée, même si les troupes se sont surpassées pour donner un spectacle devant des gradins presque vides (une centaine de fans de la culture à peine alors qu’on en attendait des centaines, voire un millier).

Malgré tout, le découragement n’était point à l’ordre du jour pour des Burkinabè qui n’ont que pour credo : "réussir le pari, émerveiller même le spectateur le moins réceptif".

La délégation du Burkina a eu droit à une présentation de la troupe ghanéenne, Amammereso Agofomma qui a ouvert le bal avec musique, chant et danse du terroir.

Viennent ensuite les troupes du Burkina. Des quatre troupes qui ont eu à se produire, le warba de Zorgho a ravi le public ghanéen et ce fut sur cette belle note que la soirée a pris fin à Kumasi en présence de M. Sini Pierre Sanou, ambassadeur du Burkina au Ghana.

La prestation à Sunyani

Sunyani est une des villes du Ghana, située au Sud-Ouest de Kumasi. La délégation burkinabè y a séjourné du 30 au 31 mai et présenté ce dont sont capables nos troupes qui devaient défendre les couleurs de notre pays. Outre l’exposition au cours de la journée, les troupes se sont produites aux environs de 21h30, le 31 mai au Centre national de la culture.

A l’ouverture de la manifestation qui a connu la présence effective des autorités administratives, politiques et religieuses locales, deux troupes du Ghana ont émerveillé, tour à tour, le public venu nombreux cette fois-ci. Un mouvement d’ensemble bien maîtrisé a capté tout au long du spectacle, le public qui était visiblement de corps avec les acteurs sur le podium.

Les troupes Tanokrom Agoromma et Wangara group ont fait leurs preuves avec une ambiance presque électrique. A la suite de ses troupes du pays frère, les Burkinabè sont montés sur le podium. La concurrence était ainsi ouverte pour démontrer laquelle des troupes était la meilleure. Les Burkinabè égratillés dans leur amour-propre se sont, du coup, réveillés. Des phases émouvantes tant du côté des danseurs que du côté des tambourinaires, flutistes ou balafonistes ont motivé beaucoup de spectateurs à leur lâcher des "feuilles juteuses" (entendez par là le cedi ghanéen). L’exhibition culturelle avait bien démarré à Sunyani.

Que dire de la rencontre des cultures à Tamalé ?

C’était tout simplement merveilleux. En fait, la qualité des prestations des troupes est allée en "crescendo", dixit le directeur Compaoré des arts, du spectacle et de la coopération culturelle.

La délégation burkinabè rejointe à Tamalé par le secrétaire général du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme a vécu de 21h36 à 22h35, au local de l’Association nationale des enseignants, le spectacle le plus émouvant. C’était le 02 juin 2005.

Démarrée assez tardivement et avec quelques petits flottements, la cérémonie a connu la présence du gouverneur adjoint de Tamalé. La communauté burkinabè au Ghana est sortie nombreuse revivre sa culture. De Kisto Koimbré en passant par Yayori de Sifarasso, Fom Tugol de Dori au Warba de Zorgho, chacune des troupes s’est montrée superbe.

L’on peut ainsi retenir la généalogie des Mosse, égrenée par Kisto Koimbré, le "rap peulh" improvisé par Fom Tugol... la salle s’est mise debout, l’argent a jailli des mains des spectateurs pour les danseurs. Le petit danseur de warba n’en dira pas le contraire, lui qui n’arrivait plus à danser correctement à cause de la foule de spectateurs qui l’entourait, soit pour danser, soit pour lui offrir le cedi ghanéen.

La soirée a été clôturée en beauté avec la prestation de la troupe Yamgarinaa de Tamalé.

Cette troupe a agréablement surpris les Burkinabè par son mouvement d’ensemble harmonieux, par la presque similitude des pas de danse qui ressemblent fort bien au warba burkinabè.

Rythmé par les tambours et par des chants stridents à percer le tympan, Yamgarinaa s’est montrée la meilleure des troupes du Ghana que la délégation du Burkina a eu le plaisir de rencontrer.

Le gouverneur adjoint de Tamalé s’est déclaré satisfait de l’initiative du Burkina dans le cadre du brassage des cultures interpays.

"Nous devons sauver cette richesse culturelle qui fait la fierté de nos peuples", a-t-il confié.

Le secrétaire général, M. Sanhour Ambroise Méda n’a pas manqué pour sa part, de remercier les autorités et les communautés-sœurs du Ghana d’avoir accepté partager leur culture avec nous. M. Méda a souhaité un renforcement plus accru de cet échange culturel qui doit aider à rapprocher davantage nos peuples.

Pour M. Méda, l’objectif poursuivi par la Caravane du Sahel répond à la volonté des autorités burkinabè de promouvoir les échanges d’expériences entre les cultures du Burkina et du Ghana, de susciter un brassage des cultures de la sous-région ouest-africaine, de promouvoir l’intégration artistique et culturelle de notre sous-région.

Gambaga, ville de nos ancêtres

Arrivée à Gambaga aux environs de 12 h 00 le 3 juin 2005, la caravane du Sahel s’est ébranlée vers le domicile du chef suprême de Mamprusi, dans le village de Nalerigu, situé à une dizaine de kilomètres après Gambaga.

Cette visite de courtoisie était un passage obligé avant de pouvoir rencontrer le chef de Gambaga, détenteur des origines des Mossé. Ce fut fait avec beaucoup de plaisir et la liesse populaire à l’arrivée de la caravane dans les deux localités renforce si besoin en était encore, cette soif ressentie de part et d’autre de mieux connaître nos racines mossé.

* Une sortie majestueuse

Sous un grand parasol couvert de velours marron à terminaison rouge, le chef suprême de Mamprusi a pris une trentaine de minutes pour sortir de sa cour et s’installer majestueusement sur son trône. Une trentaine de minutes pour parcourir la vingtaine de mètres, mais le public n’a pas senti le temps passé. Tout simplement parce que cette sortie entourée d’un grand cérémonial suscitait la curiosité des visiteurs que nous étions.

Une fois installé, le chef suprême de Mamprusi, Naa Nayiri Mahamadou Abdoulai Bohougou Sheriga II a accepté la salutation de la caravane (40 000 cedi et une calebassée de colas ont été offerts au chef Sheriga II).

Après avoir donné l’objet de la visite à Gambaga : nous ressourcer sur nos origines, la délégation a écouté avec intérêt le chef exprimer sa satisfaction de ce retour aux sources.

Très content de cette visite qui lui fait honneur, le chef Sheriga II a offert un taureau à la délégation burkinabè qui fut dégusté le lendemain à Bolgatenga.

Chez le chef de Gambaga, le même cérémonial s’est repété, mais en miniature.

La même satisfaction se lisait sur le visage du chef de Gambaga. Après les salutations d’usage, les Burkinabè ont visité les tombes de Rialé et de Yennenga, situées en pleine ville à Gambaga.

Nous reviendrons sur la légende de Yennenga, princesse des Dagomba dans nos prochaines éditions.

Jean Bernard ZONGO
Sidwaya

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