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Côte d’Ivoire : A quand le désarmement des coeurs ?

Publié le vendredi 3 juin 2005 à 07h46min

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Alors que la communauté internationale se penche actuellement sur la tenue de la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire, prévue pour octobre 2005, les armes semblent reprendre du service avec les derniers affrontements sanglants à l’ouest de ce pays ; lesquels ont causé plusieurs dizaines de morts et de blessés. C’est le mercredi 1er juin vers 2 h du matin que des attaques de deux villages jouxtant la ville de Duekoué à savoir Guitrozon et petit Duekoué, ont eu lieu.

Celles-ci ont opposé des Guéré à des hommes armés se réclamant du nord de la Côte d’Ivoire et venus venger la mort de cinq des leurs trois jours auparavant. C’est donc surprises dans leur sommeil que les victimes sont tombées sous les balles de chasseurs traditionnels Dozos, ou suite à l’incendie de leurs habitations. Cette partie de la Côte d’Ivoire est désormais connue comme étant une grande poudrière où la moindre bombe ou flamme suffit pour réveiller les vieux démons.

Cette nouvelle attaque a eu lieu à un moment où le processus de désarmement annoncé pour commencer le 27 juin prochain, retient l’attention de plus d’un observateur ; Cette date devait en principe, sonner comme le signe d’un apaisement dans le processus de l’opération désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) que la communauté internationale appelle de tous ses voeux. On se rappelle un récent recensement effectué dans les différents états-majors des Forces nouvelles notamment à Bouaké, par des émissaires de l’ONU afin de s’assurer que toutes les armes seront remises à la fin de ladite opération.

Il reste, et les exemples libérien et sierra-leonais en disent long, que le désarmement des coeurs n’est jamais acquis de fait, même quand on a pris le soin de tout ensacher et de constituer ainsi des cargaisons d’armes soigneusement remises aux inspecteurs et autres émissaires de l’ONU dépêchés sur les lieux. En Côte d’Ivoire, même si les rebelles, tout comme les loyalistes, peuvent montrer patte blanche, qu’en sera-t-il des milices dont les chefs ont vite fait de grossir comme des moutons d’embouche face à la galère de certains éléments de leurs troupes qui doivent se contenter de vaches maigres en attendant des lendemains meilleurs ?

Autrement dit, ces colonnes incontrôlées et incontrôlables même par les forces de l’ONU-CI, (puisque les auteurs de la dernière attaque de Duekoué ont pu les contourner et accomplir leur besogne), seront-elles désarmées elles aussi ? Nous voulons bien y croire tant que Laurent Gbagbo peut continuer de montrer de faux bons signes, tels ses derniers propos à Ouagadougou lors du sommet de la CEN-SAD, pour lequel, arrivé parmi les derniers, il est reparti presqu’aussitôt.

En tout état de cause, à ce stade du processus, Gbagbo peut louvoyer jusqu’en octobre, comptant sur ses jeunes patriotes dont trois mille ont été enrôlés pour la défense de leur patrie sous la conduite de leur général Charles Blé Goudé passé maître dans les déclarations incendiaires lors des meetings ; et que dire quand ce dernier vient d’installer une académie dite politique juste en face du siège, sis au quartier Plateau, du Rassemblement des républicains de l’opposant Alassane Ouattara ?

Gbagbo pourra-t-il dire à son "premier" admirateur, et défenseur Blé Goudé de se tenir à l’écart et laisser ainsi la communauté internationale remplir aisément sa mission d’interposition entre les différentes parties en conflit ? Toute la question est là quand, dans un pays où la méfiance est de mise (et ce n’est pas Soro Guillaume qui connaît Gbagbo, "passé maître dans la roublardise") selon ses propres termes, qui se laissera surprendre.

La paix des braves n’est assurément pas pour demain si les choses continuent ainsi, avec une communauté internationale qui a passé son temps à tolérer les caprices de Gbagbo. Celui-ci ne s’est jamais départi de son scénario secret qui consiste à faire en sorte que la situation reste en l’état jusqu’en octobre. Ce qui lui permettrait alors de légitimer son recours à l’article 48 pour se maintenir au pouvoir. Ceux qui continuent de croire dur comme fer à l’élection présidentielle d’octobre 2005, doivent faire preuve de prudence et de patience.

Le Pays

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