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France-Afrique : Le double-jeu de Chirac

Publié le jeudi 2 juin 2005 à 07h40min

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Sans tambour ni trompette, Dominique de Villepin a remplacé Jean Pierre Raffarin à la tête du Gouvernement français. Cette nomination qui survient au lendemain de la victoire du "non" au traité constitutionnel européen a, sans nul doute, marqué des points pour la démocratie française. En France, toutes les composantes de la classe politique ont fait campagne, qui pour le "oui", qui pour le "non" à la constitution européenne.

L’histoire retiendra que la démocratie française s’est, pour l’occasion, affichée comme pourvoyeuse de la libre expression, favorable à l’opinion plurielle. Au sein d’un même parti, il y en a qui ont défendu le "oui" et d’autres, le "non" sans que cela n’offusque aucun militant. Les hommes politiques africains devraient tirer leçon de cette prouesse démocratique à la française.

Ainsi donc, le gouvernement Raffarin fait place au gouvernement Villepin. Ce changement consacre le retour, du reste très remarqué, de Nicolas Sarkosy, président du parti majoritaire, UMP et désormais numéro deux de cette nouvelle équipe. Cet homme, apôtre de l’ultralibéralisme et qui aime bien les Africains quand ils sont chez eux en Afrique, ne fait pas dans le détail quand il s’agit d’immigration.

Son retour au ministère de l’intérieur met les pays du sud sous l’épée de Damoclès. Il est en effet perçu en Afrique comme l’homme des charters, le chasseur des "sans papiers". Sarkosy est obstinément réfractaire aux politiques intégrationnistes en France. Peut-être faut-il que les Africains eux-mêmes tirent leçon du come-back de Sarkosy, en apprenant à rester chez eux.

Certes, la France a donné un bel exemple de démocratie à travers le traitement diligent qu’il a fait de toutes les questions liées au scrutin référendaire du 29 mai. Mais le président Chirac semble occulter le caractère universel de la démocratie. Sa politique à l’intérieur de la France contraste avec celle pratiquée à l’extérieur, notamment avec les pays du sud. La démocratie africaine n’a presque pas d’enseignements à tirer de la politique africaine de la France telle que menée par Jacques Chirac. Car le président français encourage en Afrique ce qui, généralement, relève du démocratiquement incorrect.

Des vertus démocratiques, la France en a à revendre. Mais elle semble ne pas vouloir les partager avec les pays du sud. Pour les intérêts de la France et de Chirac, que ne ferait pas Paris ?

La gestion trop controversée que Chirac a faite des crises politiques en Côte d’Ivoire et au Togo montre bien comment le locataire de l’Elysée tire les démocraties africaines par le bas.

En somme, la plupart des implications de Jacques Chirac dans les crises politiques en Afrique ont concouru à créer des imbroglios inextricables. C’est peut-être là une manifestation de la présomption longtemps entretenue par le président français et selon laquelle les pays africains ne seraient pas mûrs pour la démocratie.

Les pays du sud devraient, en théorie pousser un "ouf" de soulagement suite à l’échec du "oui" à la constitution européenne tant défendu par Chirac et Raffarin. La victoire du "non" est en même temps un "oui" à une Europe plus sociale, plus humaine, plus solidaire avec le reste du monde et en premier lieu, avec les pays du sud.

Le Pays

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