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7è sommet de la CEN-SAD : Laurent Gbagbo en attraction

Publié le jeudi 2 juin 2005 à 07h49min

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Les leaders et chefs de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) ont entamé, le 1er juin dans la salle des banquets de Ouaga 2000, la 7e réunion au sommet de l’institution. Intégration africaine, situations au Togo et en Côte d’Ivoire vont être au centre des échanges entre ces dirigeants.

Trois dirigeants ont été les vedettes de ce sommet : Kaddafi (Libye) naturellement, Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire) et Faure Gnassingbé (Togo).

Après ses randonnées dans l’Est du Burkina avec au programme chasse, visite de champs, de populations rurales..., et une virée nocturne le 31 mai, Kaddafi a déambulé sur l’avenue Kwamé N’Krumah sur 500 m, et a fait des haltes dans certains maquis et dans la pharmacie Kadiogo.

Le Guide de la Révolution El Fateh a donc consenti à ce que les choses sérieuses commencent. Ce fut le cas hier où, paré d’un boubou jaune moutarde et suivi de 13 de ses pairs, Kaddafi, l’un des sinon le géniteur de la CEN-SAD, fit son entrée dans la salle des banquets sur le coup de 11h 45 pour le début des travaux.

Cinq interventions ont marqué l’ouverture de ce sommet. Après une minute de silence demandée par Amadou Toumani Touré, président de la CEN-SAD, en la mémoire du général Sangoulé Lamizana, décédé le jeudi 26 mai dernier, c’est au président hôte Blaise Compaoré qu’a échu l’honneur d’ouvrir le bal des discours.

Le chef de l’Etat rappellera d’entrée l’idéal et les objectifs qui animaient les fondateurs de la CEN-SAD en 1998 : "Unir les peuples riverains du Sahara et du Sahel pour créer une véritable structure d’avant-garde de l’intégration africaine, basée sur une réelle solidarité africaine".

Tout en rendant hommage au chef de l’Etat malien et au guide libyen, Blaise Compaoré a salué la bonne collaboration entre la CEN-SAD et l’Union africaine, d’où, du reste, la présence, à ce sommet, du Nigérian Olusegun Obasanjo, président en exercice de l’UA. La mondialisation à tout crin doit trouver sur sa route un rempart des plus pauvres. Et le chef de l’Etat burkinabè en est convaincu, la CEN-SAD peut être ce rempart.

La CEN-SAD comme rempart

C’est pourquoi il dira "qu’il faut se pencher aujourd’hui sur l’élaboration d’un cadre pour l’intégration et l’harmonisation de nos politiques économiques et sociales...". Après le discours (en arabe) du Secrétaire général de la CEN-SAD, Mohamed Madani al Azari, ce fut le tour du président en exercice de la CEN-SAD de s’exprimer.

Amadou Toumani Touré fera le bilan de son mandat depuis le 6e Sommet de Bamako (15 et 16 mai 2004). Et il en est satisfait, car il a mis en exergue quelques pistes dans l’espace CEN-SAD qui pourront faire bouger les choses. Pour lui, il faut par exemple exploiter les nappes phréatiques, très denses dans cette zone.

Il citera les 100 mille hectares qu’il a mis à la disposition des pays de la CEN-SAD. Les conditions d’exploitation ayant été remises au SG Madani, il ne reste qu’à chaque Etat d’en faire la demande. Il a été sensible également à la visite de l’Office du Niger par le président Wade, ainsi qu’aux contributions des chefs d’Etat de la Tunisie, du Maroc et de l’Algérie à la lutte contre l’invasion acridienne.

Selon ATT, il n’est pas juste qu’on néglige par exemple les moyens de transport dans un espace où vivent 350 millions de consommateurs, d’où sa proposition d’adoption d’une convention en la matière.

Enfin, il a salué le travail abattu par le président sud-africain, Thabo Mbeki, dans la recherche de solution à la crise ivoirienne. De même, il encourage et soutient l’UA dans son action au Togo.

La présidente de la Chambre des Lords (Grande-Bretagne), la baronesse Amos, interviendra à la suite d’ATT et c’est Olusegun Obasanjo qui fermera la marche des interventions.

Gbagbo venu faire plaisir au Guide

On retiendra que tout comme à Bamako en mai 2004, Kaddafi a été la vedette de ce 7e Sommet de la CEN-SAD. Allure de seigneur, théâtral comme à son habitude, le regard constamment fuyant, le bédouin révolutionnaire de Syrte a eu droit à tous les égards, même s’il n’a pas pris la parole comme à Bamako, il y a un an.

En effet, lors du 6e Sommet, faisant une entorse au programme établi, ATT lui avait donné la parole pour "dire quelques mots". Ce qui fut pain bénit pour Kaddafi qui dispensa alors un cours de géopolitique pendant... une heure. Il avait alors évoqué la crise ivoirienne en disant : "C’est le peuple ivoirien qui a élu Laurent Gbagbo... ce dernier est donc le président légitime de la Côte d’Ivoire".

Un Laurent Gbagbo qu’il avait fait venir sur les bords du Djoliba pour l’adouber et le faire entrer dans la CEN-SAD. Tejan Kaba (Sierra Leone) et John Kufuor (Ghana), présents à Ouaga et qui frappent à la porte, pourront-ils bénéficier de la même faveur que la Côte d’Ivoire ? Sans doute.

En tout cas, le même Laurent Gbagbo, pour faire certainement plaisir au Guide libyen, est venu à Ouagadougou, où il ne passera même pas la nuit. Ce sommet permettra probablement à Blaise et à Gbagbo de se parler encore, pour lever certains quiproquos et apurer des contentieux vieux de plusieurs années, notamment depuis l’éclatement de la rébellion, le 19 septembre 2002.

Le premier a toujours accusé le second de surfer sur la vague dangereuse de la xénophobie et de maltraiter ses compatriotes, le dernier ayant, à son tour, toujours vu la main du président du Faso derrière les rebelles, dont il est réputé être le parrain.

La présence de Faure Gnassingbé, autre vedette de ce sommet, élu le 24 avril lors d’un scrutin controversé, s’explique aussi, car il fait parti des obligés de Kaddafi, et aussi de Blaise. On se souvient qu’au lendemain de son élection, il est allé à Tripoli remercier le Guide pour ses conseils avisés. Sans oublier que dans sa situation, il a plus que jamais besoin de ce genre de tribunes pour une reconnaissance internationale, à défaut d’une légitimité intérieure.

Le Sommet de Ouaga lui permettra encore de bénéficier des conseils de ceux qui sont suspectés d’être ses mentors, des conseils dont il aura bien besoin, puisque la situation au Togo est toujours pendante, "le gouvernement de large union" qu’il appelle de tous ses vœux tardant à voir le jour.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana Hamidou Ouédraogo
L’Observateur Paalga

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