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Union africaine : Un architecte nommé Khadafi

Publié le mercredi 1er juin 2005 à 07h56min

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Aujourd’hui s’ouvre à Ouagadougou, la 7e session de la Conférence des leaders et chefs d’Etat de la CEN-SAD. L’occasion de revenir sur l’immense contribution du Guide de la Jamahiriya arabe libyenne socialiste et populaire Muammar Khadafi dans la construction de l’Union africaine.

On ne peut parler de l’unité du continent sans affirmer que celle-ci a été une succession d’actes manqués, d’espoirs déçus et de fausses promesses sur fond d’incurie des dirigeants africains de la première génération.

Théorisée par Kwamé N’Krumah avant même que le Ghana n’accède à la souveraineté internationale, mise en pratique avec des couacs par Senghor et Modibo Kéïta (rappelez-vous la Fédération du Mali), souhaitée par Julius Nyeréré, Nasser.... l’unité africaine s’est révélée être un serpent de mer jusqu’à ce que Khadafi ne réveille le rêve à Syrte le 9/9/1999. Bien auparavant, le guide suprême de la Révolution libyenne avait au début de la décennie 70 expérimenté une union régionale avec ses pairs syrien et égyptien à travers la République Arabe unie (RAU) qui ne survivra hélas pas à la guerre du Kippour en 1973.

Comme cette RAU éphémère, l’unité du continent aura du mal à se faire, tant il est vrai que de "tristes sires" (suivez notre regard) n’avaient aucun intérêt à ce que cette union se fasse tant elle serait venue mettre à mal leurs intérêts. Conscient de cette prédation politique et économique dont les conséquences feront le Congo-Kinshasa se déliter, le Nigeria imploser et emprisonneront l’Afrique du Sud dans le système inique de l’apartheid, le Guide libyen mettra son africanité en sourdine jusqu’à ce que la réalité s’impose aux Africains qu’à l’heure de la mondialisation, la suivie passait par l’union. Khadafi l’Africain pouvait donc investir et s’investir dans son rêve pour que celui-ci prenne corps en dépit du fait que certains de ses partenaires (?) africains allaient à cette union à leur corps défendant.

Syrte ou le réveil d’un continent

Il vous souviendra dans ce registre que certains chefs d’Etat avaient émis des réserves avant le Sommet de Lusaka (en 2001) arguant qu’ils n’étaient pas prêts à "sacrifier" tout ou partie de leur souveraineté sur l’autel de l’unité. Mais, il y avait eu Syrte où nos chefs d’Etat à l’invitation du Guide avaient planté les racines de l’Union africaine lors de la quatrième session extraordinaire de leur conférence tenue les 8 et 9 septembre 1999. Conformément à la décision de la 35e session ordinaire tenue en Algérie du 12 au 14 juillet 1999, les invités de Syrte discutèrent des voies et moyens de renforcer l’organisation continentale afin de la rendre plus efficace et de lui permettre de s’adapter aux changements sociaux-politiques et économiques qui se produisaient à l’intérieur et à l’extérieur du continent. La décision fut prise de créer une union africaine conformément aux objectifs fondamentaux de la Charte de l’OUA et aux dispositions du traité instituant la Communauté économique africaine (CEA). Aussi, la décision d’accélérer le processus de mise en œuvre du traité instituant la CEA fut prise de même que cette de mandater le conseil des ministres pour prendre les mesures nécessaires pour assurer la mise en œuvre des décisions susmentionnées et en particulier, d’élaborer l’acte constitutif de l’Union, en tenant compte de la charte de l’OUA et du traité instituant la CEA.

Une UA dont le Guide libyen avait fait son credo, mettant toute son énergie et ses immenses moyens en jeu pour son aboutissement. Il vous souviendra qu’il avait parcouru toute l’Afrique (dont le Burkina Faso) pour rallier ses pairs au Sommet de Lomé qui devait adopter son acte constitutif. Cela sera effectif à Lomé en juillet 2000, avec entre autres objectifs, de réaliser une plus grande unité d’action et de solidarité entre les pays africains et entre les peuples d’Afrique. Autres décisions d’importance, "la défense de la souveraineté de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de ses Etats membres."

Il s’agissait aussi, "d’accélérer l’intégration politique et socioéconomique du continent" et de créer les conditions pour faire jouer à l’UA "le rôle qui est le sien dans l’économie mondiale et dans les négociations internationales". S’en suivra une succession d’actes pour consolider les pas du nouveau "bébé", notamment l’adoption des textes relatifs aux quatre (4) organes principaux de l’UA, (la Conférence de l’Union, le Conseil exécutif, le comité des représentants permanents et la Commission) et la désignation du président de la Commission et des Commissaires.

Khadafi qui avait créé auparavant la CEN-SAD avec 5 de ses pairs en avril 1998, communauté dont il est le principal contributeur (40%) du budget) touchait enfin au but, même si le continent n’est pas totalement guéri de ses "maladies infantiles" (guerres civiles, absences d’espaces véritablement républicains par endroits) ; toutes choses qui l’empêchent d’amorcer son décollage économique. En axant davantage son action sur l’économie (réduction de la pauvreté comme facteur de paix) ainsi que le fait si bien la CEN-SAD ("l’axe du bien", dixit Blaise Compaoré en 2002), l’Union ferait montre de plus de pragmatisme que la défunte OUA.

Avec Muammar Khadafi à la baguette, il y a des raisons d’espérer et cette 7e session devrait en apporter une preuve éclatante. Pour le bonheur des peuples africains.

Boubakar SY
Sidwaya

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