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Togo : La bonne volonté ne suffit pas selon Alpha Oumar Konaré

Publié le mercredi 1er juin 2005 à 07h32min

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Dans un entretien accordé à Radio France internationale sur la situation au Togo, le président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré a recommandé la mise en place d’une Commission d’enquête internationale dans ce pays. Rappelons à cet effet que la mort du président togolais, Gnassingbé Eyadéma le 5 février 2005, avait plongé son pays dans une incertitude profonde.

Faure Gnassingbé avait, de ce fait, pris la place de son père sans avoir eu le souci de respecter la Constitution. En somme, un coup d’Etat. Le président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré, et d’autres hautes personnalités au moment de cette crise, avaient appelé au respect strict de la constitution à Lomé et la "rétractation" de tous les actes posés depuis le 5 février pour organiser la succession d’Eyadéma.

C’était lors d’une "session extraordinaire sur le Togo." La communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait, en son temps, menacé les nouvelles autorités de sanctions prévues dans l’article 45 de son protocole sur la bonne gouvernance et la démocratie.
Une élection présidentielle approximative avait dès lors permis à Faure Gnassingbé d’être réélu à la tête de l’Etat togolais le 24 avril dernier.

Cette victoire, contestée par les dirigeants de l’opposition radicale, avait entraîné des manifestations sanglantes et entraîné la mort de plusieurs dizaines de personnes. Soumis à la pression de la communauté internationale, Faure Gnassingbé avait jeté du lest en annonçant la mise en place d’une commission d’enquête nationale. Commission qui, aux yeux du président de la Commission de l’UA ne présente aucune crédibilité. Il propose plutôt une Commission d’enquête internationale. A part cette exigence, Alpha Oumar Konaré s’est voulu, contrairement à son intervention d’avril dernier, plus diplomate sur la situation togolaise.

Une baisse de ton qui pourrait donner lieu à diverses interprétations. Force est de reconnaître que les textes fondamentaux de l’UA, notamment sa charte, limitent la liberté de manoeuvre de Konaré. Sans une réforme de l’UA, Konaré restera un simple exécutant. Il serait souhaitable que le président de l’UA, à l’exemple de la Commission européenne, soit affranchi de certaines pesanteurs.

Il faut reconnaître néanmoins de Konaré les mérites de l’homme, même si, avec l’existence de fait du fameux syndicat de chefs de l’Etat, il lui sera difficile de continuer sa mission. Alpha Oumar Konaré a fait, il faut l’admettre, avancer l’UA. Et, celle-ci risque de retomber beaucoup plus bas si son mandat n’est pas renouvelé. Grâce à son action, lors de la crise du Darfour, l’organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) avait accepté d’appuyer les victimes de la crise en leur apportant une aide logistique.

Personne d’autre à sa place n’aurait jamais condamné avec autant de force et de conviction la manière dont Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir, en bafouant notamment la constitution. On sent qu’il veut vraiment impulser un changement mais il est limité dans sa mission par les textes. Un de ses atouts est d’avoir été président de son pays. Il fait preuve aussi de courage qu’il faut saluer. Reste à savoir si la commission d’enquête internationale qu’il demande ne dépendra pas encore des chefs d’Etat. Quelle suite peut être réservée à cette commission ?

Pour permettre au président de la commission de l’UA d’avancer dans sa mission, des réformes sur les clauses paraissent nécessaires. L’Afrique doit édicter des clauses allant dans le sens d’un meilleur fonctionnement de l’UA. Les chefs d’Etat devraient renoncer à une partie de leurs prérogatives.

Les chefs d’Etat peuvent toujours prendre d’importantes décisions mais, ils devraient agir de sorte à ne pas entraver la mission d’Alpha Oumar Konaré.
C’est un grand panafricaniste qui est aux commandes de la commission de l’UA et il est dommageable pour l’Afrique qu’il n’ait pas de réelles coudées franches pour son action.

Le Pays

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