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Philippe Ouédraogo : La patience est un chemin d’or

Publié le lundi 30 mai 2005 à 08h53min

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Le PAI/Philippe Ouédraogo a eu raison du PAI/Soumane Touré ce jeudi 26 Mai 2005. Si certains félicitent la justice pour son indépendance puisqu’elle consacre la victoire du camp de l’opposition vraie, il y a lieu de mettre un bémol à cela quand on remonte le fil du temps qui montrera clairement que le pouvoir a été forcé et contraint d’abandonner Soumane Touré.

L’histoire du Parti Africain de l’Indépendance, c’est une vieille histoire d’amour entre la Gauche et la Haute Volta devenue Burkina Faso ; c’est une histoire qui puise ses racines dans les convictions d’un homme de vertu, Hamirou Thiombiano. Si pendant longtemps, ce parti a évolué dans la clandestinité, creusant son sillon avec la LIPAD comme à une certaine époque le Parti communiste révolutionnaire voltaïque PCRV l’a fait avec Boug Paarga, son heure de gloire viendra avec la Révolution d’août.

Sur cette révolution, il reste encore beaucoup à écrire notamment sur ses déterminants. Que l’on aime ou que l’on n’aime pas le PAI, une part non négligeable sera faite à ses animateurs qui ont été pour nombre d’entre eux, les "Voltaire" et les "Rousseau" pour nos officiers, de cette révolution. C’est ce qui explique qu’ils aient été pendant un certain temps aux premières loges de cette transformation structurelle de la société. Mais c’est une leçon tirée des expériences de la vie que les rois n’aiment pas avoir à côté d’eux, ceux qui les ont fait rois.

Le PAI en fera la dure expérience dont les dirigeants, après avoir échappé au pire, se réfugieront dans le maquis du silence. Il faudra attendre la " Rectification " pour voir sortir de leur hibernation, les gens du PAI, les voir même renouer les fils avec les anciens élèves.

Le retour en grâce ne se fera pas sans des remous à l’intérieur du parti. Au fil du temps en effet, le pouvoir réussira, comme il a réussi dans d’autres structures partisanes et sociales, à semer la graine de la division dans le PAI, à amener l’aile Soumane Touré à s’opposer à l’aide Philippe Ouédraogo.

Et comme toujours en pareil cas, il n’hésite pas à mettre tout son poids, autrement dit le poids de l’Etat, pour soutenir la fraction qui a sa préférence.
C’est ainsi que, contre les textes du PAI et contre la loi, la tendance Soumane Touré sera reconnue contre la tendance légitime. C’est ainsi qu’au prix d’un faux, et en dépit d’une décision de justice contraire, le Journal Officiel subira les outrages d’un faux d’Etat, fera mentir la parole de la Justice et consacrera celle du pouvoir en faveur de Soumane Touré.

Aujourd’hui, les choses ont pris une telle tournure que le pouvoir ne peut continuer dans la compromission ; le pouvoir lève alors le pied, laisse le droit se dire, sacrifiant ainsi l’ami Soumane d’hier, jeté avec autant moins d’état d’âme que, sentant l’abandon prochain, il se montrait de plus en plus critique, iconoclaste voire impertinent. Ils l’abandonneront, comme ils abandonneront d’autres, sans avoir auparavant tout mis en œuvre pour lui scier les dents, afin de le rendre inoffensif. Il risque de voir sa fraction amputée de quelques éléments qui, comme hier Auguste Kaboré du PCLI s’est découvert une passion pour la culture, se découvriront une passion pour les rôles qu’on leur a offrira.

San Finna ne voulait pas laisser passer cette tranche d’histoire judiciaire et politique comme ça. Si l’événement n’a pas de chance de faire la Une des médias internationaux, d’interpeller le pouvoir sur ses responsabilités civiles et pénales, nous voulions être de ceux qui luttent pour mettre dans le marbre cette décision et c’est pour cela que nous avons tendu notre micro au premier responsable du PAI, candidat à l’élection présidentielle de 2005, pour qu’il nous parle de cette affaire.

1) Vous avez obtenu du Tribunal un sursis à exécution. Quel commentaire faites-vous ?

Philippe Ouédraogo : Les requêtes examinées ce 26 Mai par le Tribunal administratif de Ouagadougou ont été en fait déposées depuis mars 2002. A cette époque, nous avions souhaité que le Tribunal administratif décide ce sursis pour une suspension immédiate de l’arrêté du 5 Octobre 2001 du Ministère de l’Administration territoriale, délivré irrégulièrement au groupe de Touré Soumane et qui permet à ce dernier de se prévaloir abusivement du titre de Secrétaire général du PAI, de parler et d’agir abusivement au nom du PAI.

Grâce aux manœuvres du pouvoir et du groupe de Touré Soumane, manœuvres qui ont exploité en particulier la production d’un faux numéro du Journal Officiel, trois années entières ont passé depuis le dépôt de nos requêtes. Mais aussi loin que va le mensonge, la vérité le rattrape un jour.

Depuis hier 26 Mai 2005, le Tribunal administratif a décidé le sursis à exécution de l’arrêté du 5 Octobre 2001 qui constituait la seule référence des prétentions du groupe de Touré Soumane à représenter le PAI. Nous allons demander que cette décision de justice soit effectivement appliquée. Ce qui mettra un terme à la fuite en avant frauduleuse de ce groupe. Nous pourrons attendre ainsi dans la sérénité la décision d’annulation que nous avons également demandée, sachant que le Tribunal administratif a fixé le délibéré au 30 Juin 2005.

2) Le 30 Juin prochain, pensez-vous avoir gain de cause auprès du Tribunal ?

Philippe Ouédraogo : Le Tribunal a noté les irrégularités contenues dans la lettre du 1er Août 2001 du Ministre de l’Administration territoriale. Dans cette lettre en effet, le Ministre, qui foulant aux pieds les statuts du PAI, le droit pour un parti de s’organiser librement, et les décisions de justice antérieures, a expressément invité, et même carrément ordonné à M. Touré Soumane de convoquer un congrès du PAI. Ce n’était pas son rôle et c’était violer les décisions de justice.

C’est pourquoi, lors de sa séance du 22 Janvier 2004, le Tribunal administratif a annulé cette lettre. Ces mêmes raisons l’ont conduit aujourd’hui à décider le sursis à exécution de l’arrêté dont bénéficie le groupe de Touré Soumane. Même si l’on ne doit jurer de rien, on peut s’attendre logiquement à ce que les mêmes raisons conduisent le 30 Juin prochain le Tribunal à décider l’annulation de l’Arrêté du 5 Octobre 2001 dont se prévaut irrégulièrement ce groupe.
Nous pourrons alors dire au groupe de Touré Soumane et à ses complices du pouvoir : " BOLY BANA ! ".

Propos recueillis par Lamine Koné
San Finna

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