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Requiem pour l’OBU

Publié le lundi 30 mai 2005 à 08h51min

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Face aux nombreuses unions qui se sont révélées nocives, les partis politiques seraient bien inspirés d’adopter Ie principe de la publication des bans avant toute union ou regroupement. Comme en religion ou dans le cadre civil, les citoyens seraient invités à porter à la connaissance de la société tout empêchement à cette union.

On aurait ainsi fait l’économie des crises qui ont secoué bien des partis comme celle entre l’UDF et l’ADF/RDA, l’UNDD et I’ADF/RDA, etc. Le conflit qui défraie la chronique est celui qui oppose le PAREN de Laurent Bado au MPS/PF d’Emile Paré, mettant en péril l’existence de l’OBU.

La faiblesse de l’union de Laurent Bado et d’Emile Paré réside dans leur ressemblance mutuelle. Les deux hommes se ressemblent un peu trop en effet et c’est ce qui a précipité leur rupture. Si ailleurs, les couples se déchirent pour incompatibilité d’humeur, le mariage de Laurent Bado et Emile Paré péchait par son extrême compatibilité d’humeur. C’est difficile à expliquer, j’en conviens.

Pour faire simple, disons que du couple Bado-Paré, si l’un est comme l’autre, l’un n’est pas fait pour l’autre. Si vous ne comprenez toujours pas, imaginez un peu Laurent Bado et Emile Paré en tête-à-tête au Jardin du Maire près du rond-point des Nations unies ou chez Madame X à Pissy. Si brusquement, d’un coup de poing, Laurent Bado tape sur la table, Emile Paré tapera sur la table bien plus fort.

Et là-dessus, si Paré se met à hurler, Bado se mettra à hurler encore plus fort. Hurler, hurler, toujours hurler, à la fin on passe pour un hurleur. Les hurlements ne sont pas faits pour consolider les ménages. Voilà pourquoi l’idylle a tourné court. C’est arriver peut-être plus tôt que prévu, mais ça devait arriver. C’est l’heure des regrets et chacun doit se mordre les doigts. Bado a déjà avoué : « J’ai été naïf ! ».

Que dites-vous, M. le député ? Vous avez été naïf ? Moi je dirais plus que cela : « Vous avez été naïf ! ». N’étiez-vous donc pas au courant de cette sagesse du Mosstenga ? « ...Si tu vois un cheval errant, la bride sur la tête, le mors aux dents, la selle tombante et sans cavalier, gare à toi si tu l’enfourches ». Vous n’allez quand même pas me dire que vous ne connaissiez pas Emile Paré, le Docteur Emile, qui fut dans une vie antérieure CDR-Chef au Secrétariat général des CDR !

Vous savez au moins son histoire avec le professeur Ki Zerbo ? Ce qu’il a fait au vénérable professeur, personne d’autre ne l’avait encore fait. Comme diraient encore les Mossis, Emile Paré est « un enfant qui a les yeux secs ». A ce qu’on dit il ne surveillait pas son ton devant le vieux qu’il toisait, longuement, avec défi, sans battre des paupières. Alors, si vous êtes parti vous marier à un tel garçon, on peut dire que vous l’avez bien cherché. Et estimez- vous heureux si Emile n’a pas fait le siège de votre domicile avec une horde de partisans.

Et toi Pargui ? C’est à croire que tu n’as jamais fait l’école onze, zéro, un. Ce Bado que tu disais « anticommuniste viscéral », réactionnaire indécrottable et qui était fier de l’être, traitant les révolutionnaires de tous les noms d’oiseau, c’est avec lui que tu t’es mis en ménage parce que tu veux être président du Faso ? Mais je crois savoir pourquoi.

Très probablement, quand Laurent Bado déclarait à tout moment qu’il n’a pas créé le PAREN pour le pouvoir, qu’il ne veut pas le pouvoir, tu y croyais. Pauvre petit frère. Sache que quand Bado disait cela, sans doute était-il sincère. Il n’avait pas encore gouté au pouvoir. Voilà 2 ans qu’il siège à l’Assemblée, il s’est certainement ravisé. Deux ans de "M. le député", du matin au soir, ça peut vous changer un homme.

Aujourd’hui il affirme à la ronde qu’il va prendre sa retraite dans 2 ou 3 ans ; sois comme saint Thomas : si tu ne vois pas, ne crois pas. Quand on ne veut pas le pouvoir, quand on a en tête de prendre sa retraite très bientôt, on ne présente pas sa candidature à l’élection présidentielle de novembre 2005. L’OBU qui se meurt et la presse qui s’emballe.

Pourquoi donc se faire du mouron parce que deux amis de 2 ans ne boiront plus de bière et ne mangeront plus de brochettes ensemble au Jardin du Maire près du rond-point des Nations-Unies et non plus chez Mme X à Pissy ? Pour ma part je ne verserai pas de larmes parce que deux amis de deux ans sont en rupture de fiançailles.

De mon banc de touche j’ai déjà vu des situations plus dramatiques : Philippe Ouédraogo et Soumane Touré, deux amis de trente ans, qui sont devenus les pires ennemis au Faso à cause du contrôle d’un parti mythique ; un cousin de Saint Pierre Yaméogo Lève-toi et marche - qui a échappé au bannissement ; des couples prestigieux, madame émargeant à droite de la Droite et Monsieur émargeant à gauche de la Gauche. Ça se passe à Ouagadougou.

Pourquoi toutes ces déchirures pour un pauvre petit fauteuil présidentiel ? Avec son petit tapis rouge, sa petite sirène, sa petite fanfare et... ses gros mangeurs. Fin de course donc pour l’OBU. Pour Toégui, il n’y a rien au village. Tout va très bien. Ce qui est par contre grandissime et troublant, c’est cette rumeur à forte odeur de sous qui s’est emparée de Ouaga. Sur cette caricature parue récemment dans un hebdomadaire de la place, on voit en couverture deux personnages hilares, l’un ressemblant à Laurent Bado, l’autre à Emile Paré.

Tous les deux ont dans les mains de grosses liasses de billets de banque. Face à eux sont arrêtés Blaise Compaoré et Roch Marc Christian Kaboré, président du CDP, et ils puisent dans une caisse pleine de "feuilles". Et si on examine le dessin de Timpous de plus près, on a comme l’impression que le président du PAREN et celui du MPS/PF, fondateurs de l’OBU, esquissent des pas de "couper décaler". Visiblement ils sont dans la joie. Dans les pages intérieures on apprend que les deux hommes ont reçu des "feuilles" avec pour mission de présenter leur candidature à la prochaine présidentielle afin de fragiliser l’opposition. Si cela n’est pas de la diffamation, il faudra alors qu’on m’explique ce qu’est la diffamation. Et jusque-là, aucune réaction connue, aucun démenti, aucun hurlement, ni de Laurent Bado, ni d’Emile Paré.

Tout de même curieux. On les prenait pour des CDPphobes purs et durs, mais on nous les présente comme des CDPphobes circonstanciels, et personne ne hurle. Moi Toégui, je ne connais rien en Droit, je ne suis l’"enfant terrible"de nul village, je n’ai jamais offert de coupe de football ni distribué du mil au peuple affamé en partenariat avec la TNB.

Pour tout dire, je suis un "petit" du genre à tendre la joue droite lorsque je reçois une claque sur la joue gauche. Mais si j’avais été un homme politique de la notoriété de Laurent Bado et d’Emile Paré et qu’on me jouait un coup pareil, ça ne se serait pas passé ainsi. J’aurais fait un malheur. Je hurlerais d’abord. Ensuite je ferais plus que hurler.

Mais mon petit doigt me dit : "Du calme. Si un journal a osé publier ce que tu as lu, c’est qu’il doit avoir des preuves irréfutables". La situation est néanmoins très grave. Ces histoires d’argent... Ces histoires de "feuilles", il ne faut pas s’ amuser avec... On doit pouvoir accuser un homme politique de tout, sauf qu’il a un faible pour l’argent.

Si Laurent Bado et Emile Paré ont été achetés comme ce qui se dit, c’est que tout le monde est achetable ici au Faso, Halidou est achetable, Tollé Sagnon est achetable, Monseigneur Anselme Sanou est achetable, la Croix-Rouge est achetable. Mahamoudou Ouédraogo est achetable, Monique Ilboudo est achetable, le dispensaire Saint-Camille est achetable, tous les gens bien du Burkina sont achetables. Nous sommes foutus.

Charles Guibo
Observateur Paalga

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