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Discours de nos hommes politiques : D’une indigence frisant l’incompétence

Publié le samedi 28 mai 2005 à 09h10min

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Cette semaine et la précédente n’auront pas été la joie pour la démocratie au Burkina Faso. Chaque jour qui passe nous conforte dans l’idée que nos partis politiques sont des regroupements de gens d’une misère morale et intellectuelle affligeante.

Les attaques de deux d’entre eux contre la CENI et son président sont d’une bassesse et d’une mauvaise foi, propres aux politiciens en retard de deux guerres. Salir ainsi gratuitement une institution de la république n’honore aucunement des responsables et qui pensent répondre de notre devenir. Ce type de pratique politique arriérée traduit simplement leur incapacité à inventer pour le Burkina Faso.

Ce n’est pas tant la violence du propos voilé du PAI de Soumane Touré contre la CENI, relayé par un parti inconnu, créé ex-nihilo, le parti socialiste paysan mais plus fondamentalement la facilité avec laquelle, nos politiciens usent de l’arme abjecte de l’injure et de la diffamation qui est en cause. Quand on pense à leur nombre, peuvent-ils exister autrement que de nous faire croire par un langage ordurier qu’ils défendent quelque chose.

Comment ne pas une fois encore saluer le courage des journaux qui participent à cette manifestation de l’exercice des vertus de la démocratie d’une autre époque. Que ce doit être bon de se répandre ainsi dans la presse, en se donnant le beau rôle du parfait citoyen, du Zorro national sans peur ni reproche et qui a vu contrairement aux autres, les plaies purulentes sur le corps a un million de défauts de la CENI. Ce doit être jubilatoire de verser dans la calomnie, jeter à moindre frais l’opprobe sur son voisin et continuer d’aller tranquillement de son chemin.

Mais si le principe cher au modèle de pays démocratique, auquel on se réfère si souvent était appliqué, certains n’auraient droit par an qu’à un quart de page d’un quotidien et à trente secondes de voix dans une radio ? Non, ils doivent ignorer que lorsqu’on ne représente rien ou presque rien, on a gagné le droit de se taire.

Le lecteur n’est pas inculte...

La charge de ces partis contre la structure chargée d’organiser les élections était aussi malveillante qu’inutile. Si nul ne se hasardera à dire qu’elle est la perfection même, ces pamphlets fleuves ne nous feront pas oublier que la CENI est l’émanation des partis politiques.

Ils y sont tous représentés, pouvoir, oppositions et société civile.

Il est pourtant incompréhensible qu’au lieu d’y mener les débats et sereinement, des politiciens choisissent la voie de la polémique et pire de la calomnie facile. La CENI actuelle a eu à conduire plusieurs élections, si elle avait autant de défauts, pourquoi n’avoir pas à la suite de ces scrutins fait des propositions réfléchies et pertinentes pour améliorer son fonctionnement et mieux asseoir sa crédibilité. Pourquoi attendre à l’orée des futures élections de 2005 et 2006 pour pourrir l’atmosphère, en engageant un débat de caniveau, indigne même d’étudiants en porte-à-faux avec la société. Les effets dévastateurs de ces écrits ne contribuent qu’à tailler les partis eux-mêmes et à gommer la petite once d’estime que le citoyen pouvait encore avoir en leur endroit. Si ce qu’ils savent faire se réduit à balancer, c’est que leur vision ne dépasse pas le bout de leur nez.

... encore moins le citoyen

Oui, on est obligé de constater que le Burkina Faso est doté de partis politiques bizarres. Lorsqu’on écoute ce qu’ils disent, lit ce qu’ils écrivent, ils se complaisent dans les constats généralisants au mieux et au pire - leur sport favori - ils versent dans la diabolisation de l’autre.

Pensent-ils un seul instant que faire dans le cannibalisme verbal suffit à attirer la sympathie de l’électeur. Le citoyen attend autre chose que ces incessantes récriminations, il veut voir des débats qui proposent, qui éclairent l’avenir en explicitant chaque projet par la déclinaison des moyens à mettre en œuvre, du comment les mobiliser, et les utiliser pour quels résultats.

Le constat revient invariablement, mais nos partis politiques feignent de ne rien comprendre. Il leur est reproché de ne pas disposer de programme et de ne jamais dire clairement ce qu’ils vont faire une fois au perchoir. On ne sait pas qui fera quoi, pourquoi et comment si d’aventure le pouvoir lui tombait dans les bras.

Cela est d’autant plus la vérité incontestable, que Fidèle Hien parlant au nom de l’UNDD dans un quotidien de la place s’est vu interrogé sur la cherté de la vie. Que croyez qu’il réponde : des généralités.

"Oui, il est possible d’augmenter les salaires dans ce pays : il suffit d’aller chercher l’argent où il se trouve". Il faut croire que c’est là une vraie révélation. Les travailleurs peuvent être certains qu’ils auront leur 25 % d’augmentation, une fois son présidentiable de Hermann Yaméogo élu.

Quant au PAI, s’il n’a pas de quoi faire rêver, il serait judicieux au moins pour lui et pour Soumane Touré d’apprendre à se taire ou à parler intelligemment.

Après plus de dix ans de démocratie, on se désole de constater qu’au lieu de s’améliorer, nos partis politiques s’enfoncent plutôt dans la médiocrité. On sait que le politique est un spécialiste de la duperie, mais devenir spécialiste de la calomnie et de la critique simpliste, c’est vraiment que le costard de la politique est trop grand pour certains.

Souleymane KONE
L’Hebdo

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