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Crise au sein de l’OBU : Déchirure consommée ?

Publié le samedi 28 mai 2005 à 09h19min

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Le 5 août 2003, le MPS/parti fédéral du docteur Emile Paré et le PAREN du professeur Laurent Bado se sont regroupés pour former l’OBU (Opposition Burkinabè Unie). Puis l’OBU s’est s’élargie par l’adhésion d’autres formations politiques de l’opposition : la CNDP, le PDN, le PSU.

Tout semblait aller bien puisque le parti unifié avait réussi à élaborer un programme de gouvernement. Mais depuis un certain temps, les deux pères fondateurs se disputent la place de candidat de l’OBU à l’élection du 13 novembre, mettant ainsi en péril l’espoir d’une candidature unique du groupe.

L’OBU, à l’opposé d’autres groupes de l’opposition, semblait avoir le consensus comme leitmotiv. On se souvient que c’était l’OBU, contre toute attente, qui avait proposé à l’opposition dans son ensemble la présentation d’une candidature unique à la présidentielle de 2005. Elle croyait à l’unité de l’opposition burkinabè pour favoriser l’alternance.

Pour cela, il aurait suffi de trouver un candidat de consensus qui sera à même de capitaliser tout l’électorat de l’opposition et s’attirer les faveurs de tous les déçus de la politique du pouvoir en place. En son temps, l’OBU prônait pour un candidat de l’opposition le moins comptable possible de la gestion des deux mandats du président Compaoré et surtout ayant un programme de gouvernement alternatif. C’est ce manque de consensus, qui avait d’ailleurs précipité son départ de l’Alternance 2005. Depuis l’élaboration de son programme de gouvernement, le peuple burkinabè attendait de connaître le candidat de l’OBU.

Ce silence lourd laissait croire que le parti se préparait pour trouver un candidat à la hauteur de son ambition. Un candidat consensuel moins comptable de la gestion du pouvoir comme le parti le voulait. Aussi est-on quelque peu surpris de la déchirure actuelle ? Chacun des deux “grands leaders” veut se présenter à l’élection du 13 novembre, comme si ce qu’ils prônaient hier ne l’était pas par conviction.

Laurent Bado se proclame candidat de l’OBU

Le samedi 21 mai 2005 Laurent Bado, alors que le parti était toujours dans le flou, convoquait la presse pour annoncer qu’il a été désigné par l’OBU pour être candidat à l’élection présidentielle du 13 novembre.

Au cours de cette conférence de presse, Laurent Bado a affirmé que "la crise tire ses origines de la difficile communion d’âme et d’esprit ainsi que des nobles ambitions des opposants burkinabè".

Comme on le sait c’est la désignation du candidat de l’OBU qui sera la pomme de discorde entre Laurent Bado et Emile Paré. Selon les explications de Laurent Bado, le comité directeur national, constitué des représentants des six partis, est chargé de cette désignation. La date du 24 mars fut retenue pour la réunion. Réunion au cours de laquelle ni Laurent Bado ni Emile Paré, n’ont pas voulu renoncer à leur candidature, d’où la fracture consommée suite aux tractations pour trouver un terrain d’entente. Le 17 mai 2005 le comité directeur national se réunissait sans Emile Paré le président du Parti, et sans le PSU et la CNDP. C’est au cours de cette réunion que Laurent Bado a été désigné, selon lui, comme unique candidat de l’OBU à l’élection présidentielle du 13 novembre prochain.

"L’OBU ne reconnaît pas cette candidature", selon le président Emile Paré

Le lundi 23 mai, nous avons eu l’occasion de rencontrer Emile Paré alors qu’il était venu à une conférence de presse donnée par le PNR/JV. Nous avons, à la sortie de la conférence de presse, profité lui poser la question sur le candidat de l’OBU à la présidentielle.

Pour Emile Paré, Laurent Bado s’est autoproclamé candidat de l’OBU. Et jusqu’à preuve du contraire, il reste le président et par conséquent l’OBU ne peut tolérer ce genre de comportement. Pour Emile Paré, le groupe tiendra des rencontres et une conférence de presse sera organisée bientôt pour mettre les choses dans l’ordre. C’est dire que le bras de fer entre les deux amis d’hier n’est pas prêt de connaître une issue immédiate. Au regard de cette crise au sein de l’OBU qui avait donné à espérer, on se demande si l’opposition burkinabè n’est pas composée seulement de leaders qui ne pensent qu’à leur petite personne au détriment de l’intérêt de leur parti ? En effet, la publication officielle de son programme de gouvernement, un programme d’actions qui se voulait un engagement solennel des partis membres à l’égard de la nation, l’OBU avait convaincu plus d’une personne. Dans son programme de gouvernement, l’OBU déclarait que dès sa prise de pouvoir, des mesures diligentes seront prises pour garantir aux Burkinabè le développement.

"Un contrat d’amour et de sang avec le peuple burkinabè", disait le docteur Emile Paré. Et le professeur Laurent Bado d’affirmer que : "Le programme de gouvernement éradiquerait la pauvreté au Burkina en 6 ans et assurerait le décollage industriel du pays en douze ans et ce, en dépit de la globalisation". N’était-ce que de belles paroles ?

Kibsa Karim
L’Hebdo

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