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Référendum sur la constitution européenne : Chirac et Hollande sur le gril

Publié le vendredi 27 mai 2005 à 08h04min

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Ce dimanche sera décisif pour la construction européenne, mais peut-être aussi et surtout pour l’avenir de la France au sein de la Communauté dont elle est jusqu’ici l’un des principaux moteurs.

C’est en effet ce jour-là que les citoyens de l’Hexagone seront appelés aux urnes pour approuver ou rejeter le projet de constitution européenne rédigé sous la houlette de leur ancien président Valery Giscard d’Estaing.

Mais à quelque 48 heures du scrutin, bien malin est celui qui peut prédire l’issue de cette journée, car si les derniers sondages donnent le non gagnant, il ne faudrait pas prendre ces sondages d’opinion pour paroles d’Evangile, mais surtout tenir compte du fait qu’il y a encore une belle brochette d’indécis, objet de toutes les attentions aussi bien de la part des partisans du oui, que de ceux du non.

L’affaire, il faut le reconnaître, aurait été plus simple si Chirac avait choisi comme Schröder, son voisin et allier de toujours, la voie parlementaire pour ratifier le traité. Mais, poussé par une partie de l’opinion et de la classe politique qui tenaient coûte que coûte à ce que le peuple soit consulté, le président de la République française a certainement été mu par des calculs politiciens, qui se sont révélés désastreux. On se souviendra de la dissolution de l’Assemblée nationale en 1997 qui a abouti à la cohabitation.

Le locataire de l’Elysée s’est finalement résolu à jouer la carte risquée du référendum, nourrissant le secret espoir d’installer « la chienlit » comme l’aurait dit en son temps De Gaulle, au Parti socialiste. Et Chirac y est incontestablement parvenu. Il suffit pour s’en convaincre de voir les difficultés avec lesquelles François Hollande, actuel premier secrétaire du PS, arrive à maîtriser ses troupes. Sans compter ces poids lourds comme Laurent Fabius, Henri Emmanuelli ou Jean-Luc Mélenchon qui, passant outre la décision du parti de militer pour le oui, s’en donnent à cœur joie dans le camp du non, à l’instar des dirigeants du Parti communiste et même de l’extrême droite. Comment s’étonner alors de voir les éléphants socialistes s’écharper à qui mieux mieux...

Alors quel que soit l’issue de la consultation de dimanche, on assistera à des changements au sein du Parti socialiste français : ou le oui l’emporte et Hollande s’en trouvera renforcé dans la perspective de la présidentielle de 2007, ou le non l’emporte et là il n’est pas exclu qu’on assiste à un changement de direction au sein du parti. La droite ne sera pas non plus épargnée par les conséquences de cette consultation. Comment le pourrait-elle, puisqu’étant aux affaires.

Il faut d’ailleurs croire que dans ses petits calculs, le grand prêtre de la chiraquie avait oublié la possibilité d’un sévère retour de manivelle. Certes si au sein de l’UMP, on s’échine à dissocier les affaires domestiques des enjeux régionaux que véhicule la constitution européenne, il devient vital de faire en sorte que le scrutin de dimanche ne se mue pas en sanction de la majorité. Mais l’exercice s’avère difficile, et si le non devait l’emporter, la politique gouvernementale et le président lui- même en seraient durablement affectés.

D’autre part, tout en menant campagne pour le oui, Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, ne serait pas mécontent qu’un non remette en cause dix années de suprématie chiraquienne, ce qui mettrait l’actuel locataire de l’Elysée hors course pour l’investiture de l’UMP en 2007 ; ce qui mettra du coup l’homme trop pressé sur les starters. Quant au premier ministre Jean-Pierre Raffarin, lui qui a déjà réussi l’exploit de tenir si longtemps malgré une impopularité record, son sort semble scellé quelle que soit l’issue du scrutin.

H. Marie Ouédraogo
Observateur Paalga

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