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Présidentielle centrafricaine : Bozizé sans surprise

Publié le jeudi 26 mai 2005 à 07h08min

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La Centrafrique tourne la page, pour longtemps on l’espère, de l’Etat d’exception. En effet, l’ex- rebelle et putschiste François Bozizé vient de remporter la présidentielle, ralliant autour de sa personne 64,6% des suffrages. Il a supplanté ainsi son challenger au second tour, l’ex-premier ministre Martin Ziguélé, crédité quant à lui de quelques 35, 4% des voix.

C’est donc sans surprise que l’ex- rebelle devenu l’homme fort de Bangui, à la faveur du putsch de mars 2005 contre son prédécesseur Ange Félix Patassé, remporte la dernière manche d’une bataille politique en deux rounds, dont il était dès l’entame, le grand favori.

Cette confortable victoire, le président sortant la doit sans doute à sa position privilégiée, mais aussi au coup de pouce de quelques personnalités politiques de premier plan. Il a en effet bénéficié, contre toute attente, du report des voix des partisans de certains de ses adversaires du premier tour, lassés sans doute de piétiner dans les rangs de l’opposition.

Parmi les transfuges les plus remarqués, l’ancien premier ministre Jean- Paul Ngoupandé et le « patriarche » de l’opposition, Abel Goumba. Ils étaient pourtant membres, avec Martin Ziguélé, d’une même coalition anti- Bozizé. Or depuis le premier tour, le vent a bel et bien tourné, entraînant dans son sillage des changements forts opportuns d’alliances.

Mais apparemment, ni le revers politique ni la « déloyauté » de ses alliers de l’opposition ne semblent avoir affecté le principal challenger de François Bozizé, qui a surpris tous les observateurs en admettant sa défaite. Bon perdant, il a déclaré que « le nouveau dirigeant doit tout faire pour ramener la paix, la sécurité et la cohésion » dans le pays, ajoutant qu’il était prêt à « être utile pour le pays » si le président nouvellement élu faisait appel à lui.

C’est chose rare sous nos tropiques, que d’enregistrer de telles déclarations venant de la bouche d’un candidat malheureux à la présidentielle. On se serait plutôt attendu dans le meilleur des cas à des récriminations sur l’organisation du scrutin et à une plainte auprès des autorités compétentes en la matière et au pire, à des échauffourées entre les partisans des deux camps. Mais à Bangui, rien de cela n’est arrivé grâce en grande partie, au fair-play dont a fait preuve Martin Ziguélé.

C’est donc dans la douceur qu’après une dixaine d’années d’instabilité politique grave, la Centrafrique passe du régime de « transition consensuelle », instauré par les derniers putschistes en date, à une nouvelle ère démocratique, elle aussi fortement imprégnée de l’esprit du consensus.

On regrettera cependant le fait qu’un pouvoir acquis par la force des baïonnettes, grâce à la prise de la capitale et ayant exercé deux ans durant à la limite de la légalité constitutionnelle, soit si aisément légitimé. Mais il faut aussi reconnaître que c’est en toute souveraineté que les Centrafricains ont démocratiquement désigné leur dirigeant.

Reste à espérer qu’après toutes ces années d’instabilité chronique, François Bozizé, l’homme de la « transition consensuelle » sera fidèle à sa promesse de gouverner le pays sans la moindre exclusion. Ainsi la Centrafrique, pays pauvre malgré ses nombreuses richesses, reprendra enfin le chemin d’une croissance mise entre parenthèses durant une décennie.

H. Marie Ouédraogo
L’Observateur Paalga

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