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Rapports Nord-Sud : Salif Diallo pour un commerce agricole équitable

Publié le mercredi 25 mai 2005 à 08h05min

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Le séjour du Président du Faso en Italie prend fin en principe aujourd’hui. C’est au pas de charge que Blaise Compaoré a exécuté son agenda entre la FAO, le FIDA, les autorités italiennes et le Vatican. Au four et au moulin, le ministre d’Etat, Salif Diallo, qui préside la 31e session du comité de la sécurité mondiale, n’en est pas moins très occupé.

Il a toutefois eu le temps de nous situer sur les enjeux de cette réunion de la FAO et des rapports Nord-Sud en matière de commerce agricole.

"Le Pays" : Depuis la 30e session, vous êtes le président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale. Concrètement, quelles sont les préoccupations de la FAO et de l’ensemble des pays membres ?

Salif Diallo : D’abord, il faudrait rappeler que le Comité de la sécurité alimentaire mondiale est un mécanisme du système des Nations Unies chargé de suivre et d’évaluer l’offre et la demande alimentaire mondiale, d’évaluer de façon périodique, les stocks dans tous les pays et surtout, de déceler les régions où les pays sont en butte à des difficultés. Quatrième caractéristique de ce commerce, si une découverte de semences venait à être réalisée au Mexique, l’information est donnée et tous les pays membres du comité peuvent essayer d’adapter cette semence à leur pays et d’augmenter la production alimentaire.

A cette 31e session, nous avons eu l’honneur d’accueillir le président du Burkina Faso qui a été désigné, au nom des chefs d’Etat, pour prendre la parole au vu de son implication personnelle dans la recherche de la sécurité alimentaire dans son pays et en Afrique. Les présidents du Mali et d’Algérie sont également venus pour présider des segments de cette 31e session. Dans l’ensemble, le constat est qu’il y a suffisamment de nourriture dans le monde. Mais l’autre constat aussi est que malgré cette abondance, des régions souffrent de la famine, particulièrement l’Afrique au Sud du Sahara, qui connaît des difficultés en dépit des potentialités existantes.

Le Comité, une fois de plus, a attiré l’attention de la communauté internationale sur le fait qu’il faudrait, dans les années à venir, dire les mécanismes et les méthodes de production pour hisser le niveau de production à un seuil acceptable. Et le lien est fait entre pauvreté et sécurité alimentaire sous l’angle selon lequel l’absence de sécurité alimentaire est ipso facto considérée comme une situation de pauvreté. Cette 31e session est donc un cadre d’échanges, de propositions et d’entraide entre les pays de la planète.

Comment va s’exprimer la solidarité internationale en faveur des pays d’Afrique subsaharienne ?

Il ne s’agit pas, encore une fois, de prélever sur les stocks mondiaux pour alimenter les pays africains en difficulté. Il s’agit d’appuyer concrètement des politiques. Car le constat est fait que l’Afrique au Sud du Sahara peut nourrir non seulement sa population mais être partie prenante du marché mondial.

Si vous prenez le cas de la Chine qui a 21% de la population mondiale, 7% des terres arables au niveau mondial, elle arrive à nourrir sa population, de même que l’Inde, grâce à sa révolution verte. La question est donc de mettre à niveau des systèmes de production, des méthodes culturales, en un mot, avoir des politiques agricoles conséquentes, à travers la maîtrise de l’eau, la sélection des semences, la liaison de la production avec le marché et bien entendu la formation des producteurs.

Car en réalité, le paysannat, chez nous, souffre de l’ignorance, de l’absence de techniques modernes de production et de la non maîtrise de son environnement de production. Ce sont là les aléas en Afrique subsaharienne qu’il faut travailler à lever. Pour ce faire, il faut aller vers des projets ou programmes qui permettent à ces pays de se prendre en charge eux-mêmes. Il ne s’agit plus de prélever des stocks et à les distribuer aux uns et aux autres.

Cela est une mauvaise politique qui a montré ses limites. Au niveau des pays au Sud du Sahara, nous estimons que le potentiel productif existe et qu’il s’agit d’organiser autrement les politiques agricoles.

A la séance inaugurale de la session du Comité, le président du Faso a déploré les barrières non tarifaires et les subventions, pendant que le ministre belge de la coopération parlait d’aide au développement. N’y a-t-il pas un dialogue de sourds entre pays africains et ceux du Nord ?

Il y a effectivement, quelque part, des compréhensions différentes. Nous, nous sommes au stade de la recherche de la sécurité alimentaire pour nourrir nos peuples et contrôler nos propres marchés. C’est un premier aspect que nous n’avons pas encore atteint en Afrique. L’autre dimension, c’est que si nous voulons participer au commerce mondial, cela doit se faire sur des bases équitables, à savoir l’absence de barrières non tarifaires, conformément aux règles de l’OMC. Ce qui n’est pas le cas dans la pratique.

Notre revendication a deux formes : d’abord, aller vers des programmes agricoles qui satisfassent les besoins de nos populations et contrôler nos propres marchés ensuite, compétir sur une base équitable, avec les autres pays du monde, notamment ceux du Nord. Mais le fait est que non seulement nous n’arrivons pas à commercer équitablement, mais en plus nous recevons notre propre alimentation des productions du Nord qui sont subventionnées pour nos propres consommateurs. Et en retour, nous sommes incapables d’accéder à leurs marchés à cause de toutes ces barrières qu’on qualifie de normes, de labels, etc. Récemment, il y a eu également la chute des cours.

Nos pays sont donc confrontés à deux séries de difficultés. Au plan strictement africain et dans nos pays respectifs, nous avons des systèmes de production contre-performants qui nous empêchent de participer de façon conséquente au commerce mondial. Deuxièmement, ce marché international est déjà occupé par des systèmes performants du Nord où des règles non écrites sont imposées. Nous devons de ce fait nous organiser, avoir une démarche solidaire pour obtenir des résultats probants pour nos populations.

Propos recueillis à Rome par Mahorou KANAZOE
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 25 mai 2005 à 14:25 En réponse à : > Rapports Nord-Sud : Salif Diallo pour un commerce agricole équitable

    Les discours sont toujours biens rédigés et rapportés.Oui pour un commerce agricole équitable, Oui aussi à une gouverance équitable. Comme dirait l’autre on ne peut pas chercher des solutions à la lutte contre la pauvreté dans un hotel de cinq étoiles...
    Une autre Afrique est possible
    Le Mossi

    • Le 26 mai 2005 à 13:12, par Nobody En réponse à : Blaise et ses minitres consomment-ils Burkinabe ou meme Africain ?

      C’est beau tous ces discours mais concretement que faites messieurs les "honorables" dirigeants africains concretement pour rendre rentable l’agriculture en Afrique ? Le vrai probleme est que nos dirigeants ont ouvert grandement et meme naivement je dirais nos frontieres aux produits du Nord sous pretexte d’une mondialisation qui n’est rien d’autre qu’une annexion economique apres que celle que nous connaissons tous. Pour que nos producteurs produisent plus il faut qu’ils gagnent plus avec leurs produits. Entre nous messieurs et si on consommait ce que nous produisons c’est pas mieux ?

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