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Opposition burkinabè : Le divorce comme programme politique

Publié le lundi 23 mai 2005 à 07h56min

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Telle une grenade dégoupillée loin du champ de bataille, l’Opposition burkinabè unie (OBU), née il y a à peine deux ans, vient de voler en éclats à la veille des échéances électorales de 2005 et de 2006.

Une chose qui conforte celui censé être l’ennemi commun, Blaise Compaoré, aux commandes du "Pays des hommes intègres" depuis maintenant dix-huit ans. Un non-événement quand on sait l’Opposition perpétuellement empêtrée dans ses propres contradictions. Et le divorce intervenu ces derniers jours entre les pères fondateurs de l’OBU est le reflet de cette opposition qui s’est toujours trompée d’adversaire.

Car, avant Laurent Bado, candidat annoncé de l’OBU à la présidentielle 2005, et Emile Pargui Paré, "le chat noir" du Nayala), qui voit sa proie lui filer entre les griffes, bien d’autres gourous de l’Opposition nous ont enseigné qu’en politique ce sont les intérêts personnels et immédiats qui comptent le plus. Au Rassemblement des 16 (R16) et, ensuite, à Alternance 2005, on n’osera pas nous dire le contraire. Chacun s’est, en effet, découvert un destin national, foulant aux pieds et la voix des militants et les textes régissant la vie du parti.

Que nous sachions, au jour d’aujourd’hui, aucune formation politique n’a encore tenu un congrès ordinaire ou extraordinaire devant désigner ou investir son candidat pour la course à la magistrature suprême. Or, combien sont-ils les prétendants qui ont déjà dévoilé leurs intentions urbi et orbi ?

Les adversaires déclarés de Blaise Compaoré , candidat virtuel du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ont effet, pour noms : Ernest Nongma Ouédraogo de la Convention panafricaine sankariste (CPS) ; Ram Jean-Baptiste Ouédraogo du Rassemblement des écologistes du Burkina (RDEB), Hermann Yaméogo de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), Bénéwendé Stanislas Sankara de l’Union pour la Renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS), Philippe Ouédraogo du Parti africain de l’Indépendance (PAI), tous trois battant pavillon Alternance 2005, Ali Lankoandé du Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS), Laurent Bado du Parti de la renaissance nationale (PA.RE.N.) et chef de file de ce qui reste de l’Opposition burkinabè unie (CNDP, PAREN, PDN et PNR/JV).

En attendant les autres qui ne manqueront pas de se découvrir bientôt, comme Norbert Tiendrébéogo du FFS ou Gilbert Ouédraogo, président de l’ADF-RDA et chef de fille de l’opposition, qui, à ce titre, n’a pas d’autre choix que de se présenter. Si notre mémoire ne nous trahit pas, ce sera bien la première fois de l’histoire de la Haute-Volta au Burkina Faso, que nous enregistrons autant de candidats à une élection présidentielle.

Et la liste n’est pas close, puisque le Conseil constitutionnel n’a pas encore ouvert officiellement le bal et que certains partis aiguisent discrètement leurs armes. Une pléiade d’Etalons pour la course nationale du 13 novembre 2005, c’est bien l’expression vivante de la démocratie burkinabè, mais le risque est grand que l’alternance tant souhaitée ne se réalise pas. L’émiettement des voix ne profitera qu’à l’Etalon déjà en selle, et il n’est point besoin d’être un dieu du Pari politique burkinabè (PPB) pour s’en convaincre, au vu du spectacle qu’offre une opposition qui, décidément, s’est toujours trompée d’adversaire.

Nous attendons en tout cas d’être démentis par les urnes au soir du 13 novembre 2005, mais les faits sont là. A quelque cinq mois de cette échéance, ils sont d’ailleurs rares les candidats et les partis a avoir révélé aux électeurs que nous sommes leur programme politique, leur projet de société. Sur quelle base donc devra-t-on voter ? Mystère et boule de gomme. Or les slogans, les déclarations de guerre et les incantations dans la presse ne sauraient eux seuls emballer les troupes.

Avant-hier,- c’est Hermann et Gilbert qui divorçaient, hier c’est Ram qui claquait la porte d’Alternance 2005 parce que sa candidature à la candidature n’a pas été retenue, aujourd’hui c’est Bado et Paré qui offrent l’image d’une opposition dont on finit de désespérer. A l’anaIyse, les années passées à marcher, boycotter, à faire le procès du régime Compaoré, à s’entredéchirer, à se trahir auraient suffi à concocter un met délicieux qui rencontrerait l’assentiment des fins gourmets de la République.

Mais hélas, nous devons encore attendre, le temps que tous soient rassasiés. Et nous nous plaisons à faire nôtre cette formule choque du révérend Issa Tiendrébéogo, l’enfant terrible de Saponé : "Quand vous menez la politique du tube digestif, ne rêvez point de pouvoir déplacer des montagnes". Il ne croyait pas si bien dire, le patron du Groupe des démocrates et patriotes (GDP), car à bien y voir on se surprend à conclure que c’est Ia recherche effrénée de la pitance qui divise les rangs de bien des partis et des regroupements.

Nous n’osons pas prêter de telles intentions aux nouveaux divorcés, Laurent Bado du PAREN et Emile Paré du Mouvement pour le socialisme / Parti fédéral (MPS/PF), mais le constat est là que la perspective de la subvention de l’Etat -aux candidats à l’élection présidentielle a fait plus de dégâts que de bien au sein des troupes. Osons croire que le mal qui fragilise l’Opposition burkinabè n’est que passager et qu’à l’occasion des joutes électorales de 2005 et de 2006, elle saura porter la contradiction à son vis-à-vis. Elle a son destin en main, à elle de savoir jouer.

Observateur Paalga

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