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Partis politiques burkinabè : Halte à l’infantilisme !

Publié le lundi 23 mai 2005 à 07h20min

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Décidément, jamais l’on ne finira de disserter sur les heurs et malheurs de l’organisation et de la conduite même des partis politiques au Burkina Faso. D’aucuns diront que nous n’en sommes qu’à l’apprentissage du b.a.-ba de la démocratie !

Ce serait oublier que peu après les années 70, la Haute-Volta d’alors était considérée comme pionnière, dans tout l’Ouest africain, de la promotion de la démocratie. Le général Sangoulé Lamizana en sait bien quelque chose, lui qui, après douze années d’exercice du pouvoir, s’était retrouvé en ballottage avec un candidat que l’on qualifiait alors d’« illustre inconnu ».

Où sont donc passés ces grands moments où les débats d’idées, d’un niveau très élevé, n’avaient guère exigé couteaux et autres armes à feu pour se faire valoir ? La génération actuelle d’hommes politiques voudrait-elle, elle aussi, faire son histoire, une histoire ne répondant principalement qu’aux règles du chacun pour soi et sus aux autres ? Nous n’osons pas le penser car ce serait là, et volontairement, vouloir instaurer une doctrine qui n’aurait rien à voir avec les intentions officiellement proclamées et les promesses faites aux populations.

Coup de gueule par-ci, scissions par-là, limogeage à côté, voilà des scénarios auxquels nous a habitués la classe politique avec, comme accessit notoire, cette propension à instrumentaliser, à individualiser et à médire.
Ils sont rares, les partis assez représentatifs, n’ayant guère connu ou vécu ces transformations parfois injustifiées et incompréhensibles à l’issue de congrès ou d’assemblées générales convoqués en catimini.

Certains l’expliquent par le fait qu’en Afrique, généralement, ce sont les créateurs de partis qui endossent tout, les finances surtout. Le système de cotisations des militants, par l’acquisition de la carte du parti, existe bien, mais n’est pratiquement pas appliqué, sauf par une poignée d’individus, pour se donner bonne conscience. Il en résulte un phénomène tout à fait naturel et humainement compréhensible. On critique ’’l’autocratie’’ du chef du parti, une autocratie créée par la non participation financière des militants à la vie du parti.

Comme le disait un humoriste américain, « nos difficultés ne viennent pas de ce que nous ignorons, elles viennent des choses que nous savons... et qui ne sont pas vraies ». Au Faso, on invoque les principes démocratiques, même lorsqu’on leur tourne le dos en privé et qu’on ne fait rien pour les pousser à s’ancrer dans l’esprit des électeurs. Ainsi finit-on par transformer la scène politique en théâtre tragi-comique où la médiocrité se dispute au ridicule.

L’actualité politique nationale se nourrit à la source de ce qui se déroule présentement au sein du parti majoritaire, le CDP. Beaucoup s’en inquiètent car, lorsqu’on se dit « premier », l’on devrait, en principe, servir d’exemple, de modèle, ce qui, à bien des égards, semble loin d’être le cas pour ce parti dont certains militants étalent de jour en jour plus leur soif de pouvoir qu’autre chose.

Toutes ces inquiétudes qui viennent du Nord comme de l’Ouest rejaillissent, semble-t-il, à des périodes identiques : la veille d’élections. Là se pose la question de savoir si cette « campagne » avant la campagne à laquelle on assiste ne serait pas une très mauvaise affaire. L’idée, reconnaît-on généralement, serait des ’’ABC’’, une association dont nombre de Burkinabè ignorent le statut exact et l’assimilent plutôt à une ONG politique subventionnée on ne sait trop comment. Et s’ils s’étaient simplement contentés de faire du porte-à-porte, d’inciter leurs « amis » à s’inscrire en masse sur les listes électorales en vue d’élire victorieusement le « chef des Amis ? »

A l’allure où vont ces marches, ne risquent-elles pas d’étouffer en fin de compte le candidat de trop de soutiens... et de vils intérêts ? Déjà, au niveau de certains partis de l’opposition les réflexions faites à propos ne sont guère reluisantes. Certes, cela reste de bonne guerre, mais en toutes choses l’excès nuit.
L’affaire la plus criarde, la plus sensible aussi, dit-on, reste celle qui s’est déroulée dans le Zondoma.

Des noms ont même été cités, qui seraient à l’origine de ce qui s’est passé. Parmi eux, celui du ministre d’Etat Salif Diallo, dont chacun sait la place qu’il occupe sur l’échiquier politique du parti, mieux, auprès du chef de l’Etat lui-même. Ce n’est pas la première fois que certains concitoyens manquent d’indulgence à l’égard de cet homme, et c’est normal : a-t-on déjà vu pardonner à un individu que l’on considère comme les yeux et les oreilles d’un maître, donc le meilleur ? Du reste, les hommes politiques burkinabè devraient savoir une chose que déjà répétait Danton : « Ce n’est pas être homme public que de craindre la calomnie ». Afin d’éviter des représailles et de perpétuelles vendettas...

On a vu, depuis, que le CDP tentait de rapprocher les protagonistes afin d’arrêter le « massacre ». Mais en s’évertuant à vouloir faire du dialogue et de l’apaisement ses chevaux de Troie dans cette histoire, le parti ne court-il pas aussi le risque de se voir accuser, par d’autres militants, de vouloir blanchir des « coupables, en mettant un voile pudique sur leurs égarements ? ».

Déjà on parle de « choix cornélien », ce qui laisse supposer l’entrée dans l’histoire de facteurs n’ayant aucunement rien à voir avec la politique, mais qui dérangent. Bien sûr, on finira par dire que tout est rentré dans l’ordre, que tout va pour le mieux dans le meilleur des partis au Zondoma. Mais pour combien de temps ? Les uns et les autres devraient comprendre que dans une organisation que l’on a volontairement et librement intégrée, lorsque l’on n’accepte plus, ni n’en admet plus les règles du jeu, il y a une vertu dans la démission.

A. Pazoté
JOurnal du jeudi

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