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Elections : Campagne hors campagne, le danger de l’effet épouvantail

Publié le lundi 23 mai 2005 à 07h19min

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Le pays des Hommes intègres vit une période pré-électorale aux allures de guerre de tranchées. L’opposition, qui a déjà choisi ses candidats à la présidentielle, attend de se mesurer à son challenger. Son ? Naturellement, puisque, apparemment, dans le camp de la mouvance présidentielle il ne se dégage aucune probabilité d’un candidat autre que celui à qui tout le monde demande d’être candidat.

A l’allure où vont les choses, le probable candidat (peut-il faire autrement ?) court vers un plébiscite, une élection massive et populaire, si tant est que tout ceux qui se mobilisent aujourd’hui dans les rangs des amis de Blaise Compaoré joignent l’acte à la parole le 13 novembre prochain.

En tout cas ces marches et meetings que seules perturbent médiatiquement les tournées des tout nouveaux gouverneurs coupent court aux débats sur la possibilité pour le locataire actuel de la Présidence du Faso de se présenter ou pas. Le président du « pays réel » avait déjà dit que ce n’était pas de ce côté-là qu’il fallait attaquer la citadelle. Le jury populaire des marcheurs donne chaque jour son point de vue, fut-il partisan. Mais qu’importe, partisan, c’est le propre du politique.

Un observateur de la scène politique conclurait que c’est joué d’avance. Que peut bien contenir la campagne présidentielle proprement dite ? Les programmes des candidats, peut-être. Mais sous les tropiques il n’y a pas trente-six programmes à proposer : ici au Faso où la vie est dure, le seul programme alléchant est celui du boire, du manger, de s’éduquer et de se soigner. Comment y parvenir ? Ce sera aux candidats de s’y employer.

Et même pour cet exercice, en dehors de quelques cartons rouges, Blaise a tout juste à entendre les échantillons des différents corps professionnels qui donnent de la voix dans les villes et campagnes dans les marches comme dans les grands rassemblements du parti majoritaire.

A ce rythme, le seul risque que court le camp présidentiel, c’est de contribuer à décourager le camp adverse. Participer à une compétition suppose en effet qu’au départ tous les participants caressent le secret espoir de vaincre. Mais si les carottes sont cuites d’avance, le jeu n’en vaut plus la chandelle.

Le jeu politique n’est pas encore inscrit aux jeux olympiques où l’essentiel serait de participer. Autrement dit, les « blaisistes » ont intérêt à lever le pied pour ne pas effaroucher les challengers de leur poulain. Ça ne serait pas beau qu’il fasse cavalier seul du style candidat unique ou unique candidat. Une vague déferlante, ça fait forcément peur.

L’espoir du Burkina de vivre une élection ouverte et très disputée repose pour l’instant sur la volonté de l’opposition de se faire entendre. Cette détermination est-elle à l’épreuve du découragement ou du simple prétexte pour l’opposition de retirer ses billes, ce qui pourrait faire « mal » à une démocratie qui se veut un modèle dans la sous-région ? « Mal » est un gros mot, juste une égratignure, mais une égratignure quand même !

Bref, il faudra donc tout simplement espérer que les candidats de l’opposition maintiennent le cap de leur volonté de changement. Même pour les spectateurs politiques, le spectacle le plus beau est celui d’un vrai combat avec des adversaires déterminés..

JOurnal du jeudi

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