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La Chine populaire s’ouvre à l’Afrique : Des journalistes francophones invités

Publié le samedi 21 mai 2005 à 09h29min

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Du 10 au 21 avril dernier, 27 journalistes venant de 26 pays africains francophones ont pris part à Beijing (Pékin) au deuxième séminaire organisé à leur intention en vue de confirmer l’ouverture effective de la Chine continentale au continent africain et définir un nouveau partenariat pour lutter contre la pauvreté.

L’ex-empire du milieu n’est pas la porte d’à-côté. Plus de 15 heures de route pour débarquer à Pékin. La première étape Ouagadougou-Paris, 5 heures de vol nous a épuisés si l’on ajoute les 6 heures d’escale passées à l’aéroport international Charles-de-Gaulle. Les va-et-vient incessants à Charles-de-Gaulle pendant ces heures d’escale finissent par lasser et ennuyer et nous demandions si effectivement nous verrons le bout du tunnel.

A 14 heures, heure du départ le 11 avril, on est plus anxieux dans la mesure où l’étape Paris-Beijing, la plus longue (10 heures de vol sans escale) pèse énormément sur les fesses et le voyageur continue de se poser la question de savoir s’il tiendra le coup. Après toutes ces heures de vol, nous débarquions effectivement à Beijing le matin du 17 avril.

La première impression qui conforte notre peur de l’inconnu, c’est que certains voyageurs portaient des masques au nez pour se protéger du SRAS, l’épidémie contre la grippe aviaire.

Que diantre, sommes-nous venus chercher dans cette galère ?

L’impression n’est pas la même dès que le visiteur quitte l’aéroport et affronte la ville. C’est des tours qui sont en train d’être dressés, des grues suspendues à chaque coin de la rue comme pour dire que le pays se modernise et se construit.

Le Chinois à vélo, en voiture et surtout à pieds semble courir contre le temps. La nouvelle Chine est-elle à l’image de cette population qui, très pressée, passe son temps à courir dans la rue ?

Pour des réformes entamées effectivement dans les années 1980, la Chine émerveille aujourd’hui le visiteur. Gratte-ciel, tours, une architecture moderne alliée à l’architecture traditionnelle chinoise, l’ex-empire du milieu présente un visage de jeune fille à l’âge de la fleur qui fait l’objet de toutes les convoitises. Touristes, hommes d’affaires, visiteurs ont fait présentement de la Chine une destination privilégiée. Les hôtels et autres lieux d’hébergement sont pris d’assaut par les Occidentaux, notamment les Européens (Allemands, Français, Néerlandais...), les Américains (Canadiens, Etats-Unis), les Arabes, les Asiatiques, etc. Seul l’Africain au Sud du Sahara ne semble pas avoir perçu ces nouveaux enjeux et opportunités qu’offre ce pays à la taille d’un continent avec son milliard d’habitants. L’Africain, même s’il l’avait compris en a-t-il réellement les moyens de sa politique ?

Une coopération mutuellement avantageuse

Au lieu que ce soit les Africains qui se précipitent en Chine pour des opportunités d’affaires, c’est plutôt le contraire qui se présente. La Chine qui voit en l’Afrique un partenaire et un marché potentiel s’ouvre vers elle en invitant d’une part les communicateurs africains des zones anglophones et francophones à visiter le pays et d’autre part les autorités politiques à s’y rendre.

Pour la Directrice générale en Afrique du ministère chinois des Affaires étrangères, Mme Jinghu Xu, ce 2e séminaire à l’intention des journalistes s’inscrit dans le cadre du renforcement de la coopération sino-africaine et vise à développer les relations entre les presses africaine et chinoise.

Rappelant que les relations entre la Chine et l’Afrique datent d’il y a 3 000 ans avant Jésus Christ, Mme Xu a précisé que celles-ci se sont développées et intensifiées au XXe siècle avec la multiplication des échanges et des visites de haut niveau de part et d’autre. Selon les statistiques du ministère chinois de l’Economie, depuis 1956, la Chine a aidé les pays africains à réaliser plus de 800 projets portant sur l’agriculture, l’élevage, la pêche, le textile, l’énergie, les infrastructures, l’hydraulique, l’électricité. Selon la même source, plus de 50 000 ingénieurs et techniciens ont été envoyés à cet effet dans les différents pays bénéficiaires.

Dans le cadre du soutien mutuel dans les affaires internationales, la Chine, selon Mme Xu a bénéficié de nombreux appuis des Africains sur des problèmes internationaux, régionaux d’importance majeure. "La Chine n’oubliera jamais le fait qu’en octobre 1971, c’est avec l’appui de nombreux pays en développement dont les pays africains que la Chine a recouvré son siège légitime au sein de l’ONU", a-t-elle fait remarquer.

Pour ce faire, la Chine se dit très attachée à sa coopération avec l’Union africaine et les organisations régionales africaines (CEDEAO, COMESA) pour renforcer les efforts du peuple africain dans sa quête pour réaliser la stabilité et le développement et entend appuyer la mise en œuvre du NEPAD.

Le commerce sino-africain qui ne représente qu’un pourcentage très faible dans le commerce extérieur de la Chine (2,6% en 2004) renferme pourtant d’immenses potentialités. Selon les statistiques du ministère chinois du Commerce, les échanges entre la Chine et l’Afrique augmentent rapidement. Dans les années 1950, ce volume qui n’était que 12 millions de dollars US est passé à 817 millions en 1979. En 2000, il a dépassé le cap des 10 milliards de dollars US pour être en 2004 de 29,462 milliards de dollars US.

Cette coopération, qualifiée par les Africains de "mutuellement avantageuse", s’est traduite par des investissements directs chinois en Afrique qui remontent actuellement à 625 millions de dollars US. Selon Mme Xu, son pays a signé avec 26 pays africains des accords bilatéraux sur la protection des investissements et quelque 600 entreprises chinoises se sont installées en Afrique.

Les autorités chinoises trouvent que le domaine de la coopération culturelle, éducative et sanitaire avec l’Afrique a atteint des résultats appréciables. La Chine a signé des accords de coopération culturelle avec 46 pays africains et plus de 1000 programmes d’exécution annuelle. Au total, 15 600 étudiants de 52 pays africains ont déjà bénéficié de bourses chinoises. En 2004, 352 étudiants se sont inscrits en Chine pour poursuivre leurs études. Dans le cadre de la coopération inter-universitaire, 19 universités chinoises ont établi des liens académiques avec 29 universités réparties dans 23 pays africains. Cette coopération est soutenue par 530 professeurs chinois qui y sont envoyés.

Sur le plan sanitaire, 30 hôpitaux ont été construits en Afrique avec l’aide chinoise. Depuis, l’envoi de la première mission médicale chinoise en Algérie en 1963, la Chine a envoyé au total, 15 000 médecins dans 47 pays africains. Actuellement, 1 100 médecins chinois travaillent en Afrique.

La politique africaine de la Chine

La chute du mur de Berlin, la mondialisation et la situation politique internationale ont certainement amené les dirigeants chinois à adopter une politique africaine afin que la Chine et l’Afrique puissent se serrer les coudes, renforcer leur coopération de solidarité pour apporter une réponse commune au contexte international délétère et établir un nouvel ordre international équitable et rationnel. Pour Mme Xu, le renforcement de la coopération sino-africaine va contribuer au développement des économies des deux parties, à la promotion de la coopération Sud-Sud, à l’enrichissement en commun des pays en développement et plus largement à la réduction des écarts Nord-Sud et à la promotion de la paix, de la stabilité et du développement du monde.

C’est pourquoi, son pays entend continuer d’appliquer les principes de la coexistence pacifique, encourager les pays africains à régler leurs différends et litiges par voie de concertations pacifiques. Outre le fait d’œuvrer pour consolider et développer avec les pays africains les relations amicales, la Chine veut continuer à leur accorder, dans la mesure de ses moyens, une assistance économique assortie de conditions politiques, appeler la communauté internationale à accorder une grande attention aux problèmes de paix et de développement en Afrique et prêter soutien aux pays africains pour qu’ils puissent participer sur un pied d’égalité aux affaires internationales en y jouant un rôle actif. Pour Mme Xu, la politique africaine de la Chine est fondée sur les intérêts stratégiques communs et à long terme des deux parties.

Dans cette perspective, la Chine, de concert avec certains pays africains, a lancé l’initiative du Forum sur la coopération sino-africaine en l’an 2000 en vue de relever ensemble les défis qu’apporte la mondialisation économique et d’assurer un développement partagé. Au cours de la première conférence ministérielle du Forum, il a été adopté "la Déclaration de Beijing" et le "Programme de coopération sino-africaine sur le développement économique et social". Ces deux instruments servent de cadre pour le développement d’un partenariat sino-africain de type nouveau caractérisé par la stabilité dans la durée, l’égalité et les avantages réciproques.

Des résultats remarquables ont été enregistrés depuis 2000 dans les domaines politique, économique et social avec l’annulation en partie ou en totalité de dettes des pays africains. La Chine a annulé 156 dettes d’un montant total de 1,3 milliard de dollars US de 31 pays africains et a créé le "Fonds de mise en valeur des Ressources humaines en Afrique".

La 2e conférence ministérielle du Forum tenue en décembre 2003 à Addis Abeba (Ethiopie) a également pris des engagements allant dans le sens du renforcement de la coopération entre la Chine et l’Afrique. A cette occasion, la première session des entrepreneurs chinois et africains a eu lieu avec la signature de 21 accords de coopération d’une valeur totale de 1 milliard de dollar US.

Outre l’ouverture du marché aux pays africains en appliquant un tarif douanier zéro à une partie des marchandises provenant des pays les moins avancés, la coopération touristique a été élargie en accordant le statut de "destination approuvée pour les citoyens chinois par 8 pays africains". Cinq ans après sa création, a expliqué Mme Xu, le Forum sur la coopération sino-africaine est devenu un mécanisme efficace de concertation collective et de dialogue entre la Chine de certains pays africains et une nouvelle plate- forme d’entreprendre les échanges et coopération amicaux à part les canaux bilatéraux. La 4e réunion des hauts fonctionnaires est prévue en 2005 et la 3e conférence ministérielle en 2006.

Issa SOMA
Burkina Faso-Chine populaire-Burkina Faso
Sidwaya

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