Alliance de l’opposition contre Gbagbo : Occupons-nous d’abord de nos ennemis
Dans notre édition du lundi 27 septembre 2004, nous avions qualifié la future alliance Ado-Bédié de « mariage de la carpe et du lapin ». Et plus loin, nous écrivions que « Seules les montagnes ne se croisent pas. Avec cette citation, on peut illustrer la rencontre entre Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara.
Ainsi donc, les deux ennemis héréditaires, formés dans le moule de l’Houphouëtisme, semblent décidés à enterrer la hache de guerre. Henri Konan Bédié et madame ont en effet reçu à dîner, dans leur appartement parisien, l’ancien Premier ministre et son épouse le 23 septembre. Un dîner familial pour se réconcilier, dit-on. Sans blague ».
C’est dire que nous étions sceptiques, comme beaucoup d’observateurs de la scène politique ivoirienne. Mais contre toute attente et toute analyse, les tourtereaux politiques semblent occupés à roucouler et à consommer leur union.
Les principaux opposants ivoiriens ont conclu mercredi dernier à Paris, une alliance inédite dans l’espoir de gagner l’élection présidentielle d’octobre, face au chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, et de « gouverner ensemble » la Côte d’Ivoire toujours coupée en deux par une rébellion armée. Une plate-forme a été signée par le Rassemblement Des Républicains (RDR), d’Alassane Ouattara, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Bédié, ainsi que par le petit Mouvement des Forces de l’Avenir (MFA). Elle inclut aussi l’Union pour la Démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), dirigée actuellement par Albert Mabri Toikeuse, mais créée par le général Guéï, ancien chef de la junte, tué en septembre 2002, lors de la tentative de coup d’Etat.
Ce militaire avait d’ailleurs chassé du pouvoir en 99 l’homme court de Daoukro à la voix nasillarde, lors du premier coup d’Etat de l’histoire de la Côte d’Ivoire indépendante. Bédié et Ouattara, un musulman originaire du Nord, s’étaient eux aussi déchirés dans les années 90 pour la succession du président Houphouët.
Ils ont aujourd’hui décidé de faire tabula rasa du passé et de tous les ressentiments qui en sont liés. Alassane utilisera même une image en disant que « de l’eau a coulé sous les ponts ».Il a dénoncé la politique de Gbagbo, leur ennemi commun, « qui conduit le pays au chaos et à la ruine » et a estimé que cette alternative est sérieuse et crédible. Le leader du RDR a reçu un accueil triomphal de ses partisans, nombreux dans la salle de réception où se déroulait la cérémonie de signature, dans le quartier huppé des Champs-Elysées.
Du côté de Yamoussokro par contre, le clan Gbagbo regarde la chose avec une dose de suspicion et d’incrédulité. Le porte- parole du chef de l’Etat, l’inénarrable Désiré Tagro, dira que ce n’est rien d’autre qu’une union de façade et que chaque partie attend que l’autre trébuche pour mieux la ... (excusez-nous de l’expression) couillonner. Certes si on connaît le lourd contentieux qui existe entre les leaders des deux principaux partis, à savoir Ouattara du RDR et Bédié du PDCI-RDA, il y a de quoi être conscient de la fragilité du couple. Mais reconnaissons que ces deux hommes politiques ont eu de la suite dans les idées.
Tout a commencé le 21 septembre 2004 dans les locaux de l’UNESCO. Les deux lauréats du prix Houphouët de cette année-là, le cardinal Roger Etchegaray et l’imam principal de Zagreb, Mustapha Ceric, ont été à leur insu les artisans de cette rencontre. Henri Konan Bédié a profité de cette tribune pour parler de la paix et de la tolérance en faisant une allusion directe aux difficultés que rencontre la Côte d’Ivoire. Ce jour-là, il est même allé plus loin en prenant l’Assemblée à témoin d’un véritable engagement « pour une union fraternelle entre lui et l’ancien Premier ministre ». On était bien devant la tribune de l’UNESCO !
Les applaudissements qui s’en sont suivis dans la salle ont été reçus comme un encouragement. Cela a poussé les deux leaders politiques à convenir rapidement de la date d’une autre rencontre. Et de rencontre en rencontre, voici aujourd’hui le résultat. Qui n’est pas si mal quand on sait qu’il n’y a pas longtemps, ces deux opposants ne voulaient même pas se voir en peinture. Le souhait serait seulement que cette union tienne, jusqu’à l’hypothétique élection de cette année en Côte d’Ivoire. Et même au-delà !
Surtout que les différents signataires de l’alliance ont promis de gouverner ensemble. C’est bien de s’occuper de ses ennemis communs. Mais s’il faut s’en occuper pour ensuite s’entre-déchirer, assurément, la paix dans ce pays sera encore rejetée aux calendes grecques. Souhaitons donc une longue et joyeuse union aux nouveaux alliés et que surtout ce mariage accouche de beaux enfants.
Issa K. Barry
L’Observateur Paalga
Vos commentaires
1. Le 23 mai 2005 à 20:17, par Olivia D Marcelle En réponse à : > Alliance de l’opposition contre Gbagbo : Occupons-nous d’abord de nos ennemis
Bedie-ADO : L’union de l’idiot et de l’extremiste.
L’ancien president ivoirien Henri Konan Bedie est un veritable idiot. Cette union dite "houphouetiste" qu’il vient de signer avec le RDR n’est autre qu’un moyen pour ALassane Dramande Ouattra (ADO)de le rouler encore une fois dans la farine. ADO proclame sur tous les toits que son parti politique est majoritaire dans l’electorat ivoirien. Si cela est le cas, pourquoi donc signer un bail avec Bedie, quand seuls les electeurs RDr peuvent faire la difference ? Le secret de l’union avec Bedie est que ADO ne pourra pas faire campagne au sud de la Cote d’Ivoire ou l’attendent des millions d’ivoiriens pour lui faire payer la destruction de leur pays. Alors ADO voit en Bedie celui qui permettrait au RDR de "prendre" des voix au sud. En verite, ADO SAIT TRES BIEN que son parti n’a pas de base solide. Tous ces freluquets qui se reclament du RDR ne sont pas tous des electeurs en ce sens qu’ils ne remplissent pas les criteres requis aux electeurs : ils sont soit non-ivoiriens soit legalement mineurs. Pour prendre le fauteuil presidentiel de Gbagbo, il faudra que ADO ait des voix autant au sud qu’au nord du pays. Si ADO peut s’occuper de renflouer les urnes au nord, Bedie, lui, le fera au sud. Mais au benefice de qui ? Bedie, qui croit toujours que le fauteuil presidentiel lui revient de droit ne le laissera pas aussi facilement a ADO qui, lui, croit que la presidence ne sera mieux servie que si SEULEMENT ADO est president. Nous sommes donc partis pour des elections mouvementees (si elles ne le sont deja) ou nous verrons ADO rouler Bedie dans la farine et Bedie rappeler a tous son concept d’ivoirite quand ADO l’attaquera de front. Cette union de l’idiot et de l’extremiste ne fera que elever Gbagbo qui se presentera aux ivoiriens avec les mains propres et non les mains ternies de sang comme le sont celles de Bedie et Ado.
Mais dans tout cela, avons-nous oublie la France chiraquienne ? C’est elle le "big player" ; c’est chirac le joker, mais un joker qu’il faut ABSOLUMENT ecarter si nous voulons avoir des elections libres et transparentes. La Cote d’Ivoire n’est pas le Togo. Si la France impose un candidat a tarvers un coup d’etat, la maison ivoire va bruler pour longtemps. Au detriment de tous les ivoiriens.