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Guinée-Conakry : Un pays malade de son président

Publié le mercredi 18 mai 2005 à 07h31min

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Alors que le diabète le ronge depuis plusieurs mois, le président guinéen Lansana Conté s’accroche au pouvoir et donne toujours des ordres. L’homme de Wawa (son village natal) joue les prolongations, même si la gestion des affaires lui échappe de plus en plus. Aujourd’hui, son pays se meurt et tout semble indiquer qu’on se dirige vers un blocage institutionnel.

La crise économique frappe de plein fouet tous les secteurs d’activités, contribuant ainsi à la dégradation des conditions de vie des populations.

Il est difficile pour le visiteur de garder un bon souvenir de la Guinée parce que l’eau, l’électricité, le téléphone ne sont quasiment accessibles qu’à des privilégiés. Pourtant, rien ne manquait à ce pays pour décoller. C’est un scandale géologique, comme dirait l’autre. La nature a, en effet doté ce pays de minerais comme la bauxite, le manganèse, le fer, le diamant, etc., et il possède en plus d’énormes richesses forestières et maritimes.

En fait, bénie de dame nature, la Guinée ressemble désormais à une terre maudite par la bêtise de ses fils depuis pratiquement 1958. L’instabilité politique et économique, la malgouvernance ont fait le lit des régimes dictatoriaux qui ont écrasé pendant de longues années le peuple. Avec Lansana Conté, le septuagénaire mourant entré par effraction le 3 avril 1984 dans l’histoire de cet Etat, le système est plus que jamais verrouillé. Au tableau sombre sur toute la ligne, s’ajoute la réticence des investisseurs étrangers.

Comment construire le développement socio-économique quand l’extérieur ne fait plus confiance aux dirigeants politiques d’un pays très pauvre ? Qui libérera la Guinée de son célèbre diabétique qui n’est entouré aujourd’hui que de quelques proches et quelques généraux de l’armée ? Il est vrai que cette situation, prévue dans la Constitution, autorise la Cour suprême à déclarer l’incapacité du chef de l’Etat à poursuivre son mandat. Mais, cette institution républicaine n’a plus de président depuis le 23 mars dernier, ce qui l’empêche d’agir.

On imagine même difficilement qui oserait prononcer le remplacement de Lansana Conté par le président de l’Assemblée nationale, Aboubacar Somparé (chargé d’assurer l’intérim, selon la loi fondamentale). Si donc les moyens constitutionnels ne peuvent permettre à la Guinée de sortir de l’impasse, il reste l’opposition politique.

Elle a plus que jamais un rôle historique à jouer dans la transition vers un régime véritablement démocratique. Même si elle est assez forte et donne souvent de la voix, elle a besoin de s’organiser désormais pour refuser la compromission. Il n’est pas inutile, à ce propos, de rappeler que de nombreux opposants ont, à plusieurs reprises, pactisé avec le régime de Lansana Conté.

Ces politiciens avaient ainsi sacrifié l’avenir des Guinéens sur l’autel d’intérêts purement égoïstes. Aujourd’hui, c’est un devoir citoyen pour eux de resserrer leurs rangs pour mettre fin à la politique du "diviser pour mieux régner" du grabataire. Cela aura peut-être l’avantage d’éviter le chaos probable après le départ du dictateur guinéen, qui s’accroche déraisonnablement aux honneurs.

Il n’est peut-être pas tôt que la CEDEAO, l’Union africaine et l’ONU se penchent sur ce cas de la Guinée, parce qu’à la décharge de Lansana Conté, le pays constitue depuis quelques années le repli naturel des réfugiés libériens et sierra-léonais, source d’instabilité pour la sous-région. Personne ne peut prévoir les lendemains d’un Etat qui n’a plus de direction et où régne la terreur.

Le Pays

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