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Côte d’Ivoire : Le "poker-menteur" continue

Publié le vendredi 13 mai 2005 à 07h40min

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Il apparaît quelque peu superfétatoire d’écrire à l’heure actuelle sur la Côte d’Ivoire, tant l’évidence crève les yeux qu’avec l’actuelle classe politique, la paix demeurera introuvable dans le pays.
Ainsi donc, la première rencontre FANCI - Forces nouvelles de la semaine dernière à Bouaké, en vue de discuter des modalités pratiques du désarmement aurait fait "chou blanc".

Les deux parties ont convenu de se retrouver aujourd’hui même pour reprendre les discussions. Un premier rendez-vous manqué qui est illustratif de la rupture de confiance entre protagonistes de la classe politique ivoirienne que nous évoquions, il y a un mois, pour parler de "nécessaire transition" en Côte d’Ivoire.

C’est vrai que le président sud-africain Thabo Mbeki avait bien "ficelé" son affaire mais, comme nous l’indiquions, la Côte d’Ivoire a dépassé le stade du compromis politique depuis le déclenchement de la crise du 19 septembre 2002 voire bien au-delà. Que l’on traite aujourd’hui Laurent Gbagbo de "dictateur" parce qu’il veut par le biais de l’article 48, diriger la Côte d’Ivoire par "oukazes" est tout simplement étonnant. Gbagbo était déjà un dictateur lors de sa prise de fonction dans des conditions "calamiteuses" (c’est lui-même qui l’a dit) lorsqu’il fit tirer sur les sympathisants du RDR qui réclamaient, le 26 octobre 2000, la reprise des élections de la veille. Ayant soldé le compte du "général-balayeur" en le contraignant à une fuite aérienne vers son village natal, Gouessésso, le nouvel homme fort d’Abidjan n’entendait nullement revenir sur des élections qui n’avaient concerné qu’un tiers de l’électorat. Gbagbo a persévéré dans sa politique fascisante lorsqu’il fit suspendre le forum de réconciliation nationale en décembre 2001, tendance qu’il confirmera les 24 et 25 mars 2005 avec des massacres qui firent de nombreux morts à Abidjan.

Ce n’est pas de la diabolisation, car, cerné par son clan qui a vu ses intérêts se sédimenter au fil du temps, Gbagbo ne peut plus s’ouvrir aux autres. Ce serait trahir les siens avec tous les risques que cela pourrait entraîner pour son intégrité physique.

Alors, on prend le corps électoral en "otage", en confiant le recensement à l’Institut national de la statistique et de la démographie (organe de l’Etat, donc sous "contrôle") alors que cela était du ressort de la CENI.

Les FN ratent leur rendez-vous avec l’histoire

Gbagbo est donc dans sa logique d’exclusion et de repli identitaire.

D’ailleurs dans un pays déchiré comme la Côte d’Ivoire, où l’Etat n’a plus le monopole de la violence, entreprendre un recensement et en escompter des résultats fiables, serait une vue de l’esprit. C’est cette réalité du terrain qui a échappé aux négociateurs de Pretoria qui ont fait preuve de tant d’angélisme juridique en confiant les pleins pouvoirs à Gbagbo.

Dans le camp d’en face, les griefs ne manquent pas, car les Forces nouvelles (FN) qui ont joui dans un premier temps d’un fort capital de sympathie, n’ont pas su effectuer leur mue de façon pratique comme elles l’ont réussi théoriquement en passant du statut de rebelles à celui de FN.

En cause, des "chefs militaires" ombrageux, jaloux de leur pouvoir et des immenses privilèges qu’il confère. On les a vu s’étriper à Korogho, Bouaké et Man pour contrôler ces villes devenues de véritables vaches à lait. Guillaume Soro qui parle en leur nom est en fait leur otage et il ne pouvait que se ranger du côté des plus forts dans le duel Wattao, Chérif Ousmane d’une part et Ibrahim Coulibaly "IB", de l’autre. Au milieu, le colonel Michel Gueu, officier transfuge des FANCI est un "beau bijou" que l’on exhibe, pour donner l’impression d’être une force organisée, alors que l’on ressemblait plus, à un certain moment, à une bande de criminels. On comprend aisément pourquoi un intellectuel féru de sciences politiques comme Louis Dacoury-Tabley, "recrue" de premier ordre des FN, observe actuellement un silence de cathédrale.

Les griefs qu’il reprochait à Gbagbo étant partagés, il doit sans doute méditer sur les vicissitudes de la politique, surtout que Soro est plus enclin à la jouer "solo".

Les FN ont pour l’heure, raté leur rendez-vous avec l’histoire, tout comme les deux autres dinosaures de la classe politique, Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara qui sont à l’origine de tout ce bordel.

Et puis, Bédié n’aime pas Ouattara qui le lui rend bien et tous les deux haïssent Gbagbo, ce professeur qui ne cesse de rouler tout le monde dans la farine.

Les trois hommes ne considèrent Soro que comme un "petit" qui prend des airs de grand avec la surmédiatisation dont il est l’objet depuis le 19 septembre 2002.

Voilà les hommes auxquels on demande de faire la paix des braves, pour le bonheur d’un pays auquel ils s’identifient tous. Un jeu de dupes qui ne s’arrêta jamais, surtout que Gbagbo tout comme les FN ne sont pas à l’abri des foudres onusiennes si ledit jeu se terminait à leur désavantage. Alors, entre Marcoussis, Accra et Pretoria, on se chatouille pour rire, pour le plus grand malheur du peuple ivoirien qui aspire plus que jamais à la paix. Malheureusement pour lui, il manque un vrai "faiseur de paix".

Boubakar SY
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 13 mai 2005 à 23:15, par Jacques Lohourou Digbeu-Badlor En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le "poker-menteur" continue

    Laurent Gbagbo : l’ Afrique francophone tient son orfevre politique

    "On a beau appuyer les touches de l ’ordinateur, secouer la machine, mon nom ne sortait nulle part". On le sait aujourd’ hui, Laurent Gbagbo s’ est bien gausse, au debut de son mandat, de la cecite de ses adversaires et autres ennemis politiques -en interne- et de leurs suppots exterieurs qui avaient du mal a comprendre la montee en puissance d’ un homme politique de convictions "tombe de mars" double d’un stratege forge au fer rouge du baobab Houphouet. Le multipartisme qu’ il a impose au defunt president aidant, l’ on a decrete que tout chef de parti avait une etoffe, brouillant ainsi inutilement la scene politique eburneenne. L’ observateur perspicace du "fait politique" en Cote d’ Ivoire, lui sait, qu’ a part Gbagbo, l’ espace ivoirien est deseperement depourvu d’ acteurs politiques credibles. Henri Bedie ignore tout du combat politique. Dramane Ouattara doit encore apprendre le metier. Les heritiers du parti unique, de toute evidence sont mal a l’ aise dans le pluralisme. Mais ils ont des soutiens, tout aussi aveugles et autistes que leurs ouailles. Des lors, aucun d’entre eux n’etait assez outille pour preter attention a la boutade de Gbagbo. Et c’est a cet homme qu’ on a voulu tordre le bras plutot que de chercher a le connaitre, definir et prendre acte de son audience pour preparer l’ offensive. Lome, Marcoussis, Accra x, Thswane...Depuis le "monde entier" - petit monde vicieux et vicie- se brise contre le roc sans que les "experts" ne se posent la seule question qui en valent vraiment la peine : d’ ou vient-il que ce "nain politique" nous tienne la dragee haute a ce point et aussi longtemps ? C’est de cette demission de la pensee que decoulent les jugements hatifs des analystes, pardon, des litterateurs politiques de la trempe de l’ auteur de cet article :
    - angelisme a Marcoussis a l’egard de Laurent Gbagbo
    - angelisme dans l’ application de Marcoussis
    - angelisme encore a Tshwane a la faveur de la mediation de Thabo Mbeki...
    Ca commence a faire beaucoup. Et si on reconnaissait enfin que cet homme hai est le meilleur sinon du pays, du moins de sa generation !!! Car l’ homme politique qui merite encore ce nom n’ est surement pas celui qui joue le jeu de l’ adversaire comme le souhaite aujourd’hui contre tout bon sens la "bande franceafricaine". Bien au contraire, il manoeuvrera -appelez ca "rouler dans la farine" si cela vous chante- pour renaitre de ses cendres. Cela, Laurent Gbagbo l’ a applique a la lettre lors des sommets boucles d’ avance cites plus haut. En obtenant l’ inviolabilte de la constitution sur laquelle il a prete serment, le president savait qu’ il conservait la une arme bien utile contrairement a ses adversaires naifs qui criaient victoire en sablant le champagne dans ce stade de rugby. En cedant enfin sur l’ article dictatorial 48 a la demande pressante de Chirac, Ouattara, Bedie et les sages de la franceafrique, il n’ igrorait rien de son redoutable champ d’ application. Peut-on sans rire lui faire grief des insuffisances d’ une opposition ivoirienne peu preparee a la chose politique ? Telle est l’ erreur qu’ on commet volontiers pour voiler ses turpitudes. Sans consideration aucune pour le lecteur qu’ on croit abuser. Mais pour combien de temps ? Car contre vents et marees, la carrure politique de Gbagbo s’ impose de plus a ses adversaires. Le depit vertigineux qui habite ses contradicteurs en est le satisfecit paradoxal.
    Jacques Lohourou Digbeu-Badlor

  • Le 20 mai 2005 à 12:13, par jean kiffas En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le "poker-menteur" continue

    je suis très surpris de ton analyse et je comprends ta position tant mieux placée que beaucoup absurde. Je crois qu’ on est sage quand on va à la racine d’ une chose. Nous sommes tous des africains ,le burkina , la côte d’ivoire etc... Quand on sert de base arrière , c ’est pas étonnant qu’ on dise des choses aussi absurdes qu’ on ne mesure pas la gravité.
    Je te demande de sortir de ses illusions et redeviens positif, car la roue tourne et nous savons tous que le burkina est le premier pays des coups d’ état .
    alors je suis prêt à te fournir des infos plus justes .
    je t’ attends.
    kiffas0208@hotmail.com

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