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Affaires africaines : Sale temps pour Debbasch

Publié le vendredi 13 mai 2005 à 07h38min

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Né en 1937 à Tunis, Charles Debbasch a eu une carrière universitaire fulgurante, devenant à 36 ans à peine, président de l’Université d’Aix-Marseille III.
Tout aussi doué en politique, il a été nommé à 41 ans conseiller du président Valéry Giscard d’Estaing pour l’éducation, la jeunesse et les sports.

Il deviendra l’homme fort de la droite aixoise, jusqu’à se présenter en tête de liste aux élections municipales en 1983.

A la fin des années 80, monsieur Debbasch a rencontré le président Eyadéma alors qu’il dirigeait le Dauphiné libéré. Une certaine confiance se noua entre les deux hommes et Debbasch devint le conseiller de feu le président togolais Gnassingbé Eyadéma.

Il a alors été qualifié d’éminence grise du régime togolais. Et ceux qui soutiennent cette thèse n’ont pas tort, car l’homme est considéré comme l’un des artisans des modifications constitutionnelles qui ont permis à Faure Gnassingbé d’accéder au pouvoir le 3 mai dernier.

Alors qu’il se la coulait douce du côté de Lomé, voilà qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre lui puisqu’il a été condamné mercredi en appel à deux ans de prison dont un avec sursis pour détournement d’œuvres du maître de l’optique art, Victor Vasarely.

Cette peine est assortie d’une mise à l’épreuve de trois ans, avec obligation d’indemniser les victimes. Le professeur Debbasch, 67 ans, devra aussi payer 150 000 euros d’amende et sera privé de ses droits civils, civiques et de famille pendant cinq ans. En revanche, la cour a relaxé cet ancien président de la Fondation Vasarely (1981-1993) du délit d’usage de faux.

Mais rien ne semble s’arranger pour Debbasch qui avait été condamné en appel en janvier 2003 à trois ans d’emprisonnement dont un an ferme pour le détournement de plus de 400 000 euros et le "pillage systématique de l’œuvre" du peintre d’origine hongroise décédé en 1997.

Il faut rappeler aussi qu’en octobre 2004, la Cour de cassation avait validé la culpabilité pour les faits "d’abus de confiance", laissant à la Cour d’appel d’Aix-en-Provence la charge de le rejuger pour "faux et usage de faux", et de fixer la peine pour la condamnation définitive déjà prononcée.

On le voit, l’éminence grise du régime togolais est dans la tourmente et de mauvaises langues diront qu’il vient d’être rattrapé par son passé.

"Ce n’est qu’une étape sur son chemin de croix judiciaire", a commenté maître Christian Dureuil, avocat de monsieur Debbasch qui a annoncé son intention de se pourvoir en cassation. C’est de bonne guerre surtout qu’à la lecture de l’arrêt, Dureuil avançait que son client était malade au Togo.

Que fera alors Faure Gnassingbé de son hôte devenu encombrant ? Il a plus urgent à faire avec son opposition qui se concerte pour une éventuelle entrée dans l’équipe gouvernementale à venir. Charles Debbasch est dans de sales draps et revoilà posé le problème de ces conseillers de "l’ombre" de nos gouvernants.

Pour le cas Debbasch, tout porte à croire qu’il s’est préparé pour faire de vieux os à Lomé, et revoir la Tour Eiffel de si- tôt n’est pas dans ses préoccupations.

Pierre Tapsoba

Observateur Paalga

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