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CDP/COMOE : Vers la déchirure ?

Publié le mercredi 11 mai 2005 à 07h16min

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Il n’y a plus de doute, la pré-campagne électorale s’est bien installée à Banfora et la fièvre politique bat son plein à l’orée des échéances électorales qui s’annoncent. C’est l’inquiétude et l’équation à résoudre pour préserver la paix sociale.

L’incident est loin d’être banal. Le bourgmestre, Sagnon Yacouba, en tournée dans les bureaux de recensement le 3 mai dernier a, après son passage au secteur 5, fait l’objet d’une attaque verbale de la part d’un enseignant.

Vive altercation sur les lieux, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre en ville et des jeunes acquis à la cause du maire se rendent le lendemain sur les lieux pour mettre en garde l’enseignant. A y réfléchir, on ne peut qu’inviter à la retenue de part et d’autre. Un danger couve et qui pourrait exploser à tout moment à Banfora, conséquences directes de basses manoeuvres politiciennes. Et le parti majoritaire qui a la gestion de la ville n’est pas étrangère à cette situation qui, si elle évolue sur cette lancée, pourrait nuire au développement de la ville.

Bagarre pour le contrôle de la mairie

Les dissenssions au sein du parti majoritaire à Banfora ne sont plus un secret car elles apparaissent au grand jour. En témoignent les marches solitaires dans la ville pour soutenir la candidature du chef de l’Etat à l’élection présidentielle du 13 novembre. Chaque clan, au sein du CDP, a organisé sa marche, malgré le ridicule que cela peut entraîner, même si l’objectif est de démontrer sa capacité de mobilisation. Cela n’a pas été sans conséquence avec une sortie des ABC de la Comoé pour se plaindre d’un des initiateurs (Cf Le Pays n°3362 du 26 avril 2005).

Les chefs de file de ces tendances sont connus, le bourgmestre d’une part, et l’ex-député de l’autre, qui ne cache pas ses sentiments de reprendre ce qu’il avait cédé à l’actuel maire en 1997, à savoir le fauteuil de la mairie. Ce dernier a été débarqué de la tête du parti dans la Comoé lors des derniers renouvellements des structures du parti. Il a réussi, après avoir occupé de hautes fonctions, à se rapprocher de la troisième tendance, celle de l’ex-député Jean-Pierre Soulama.

Avec sa déconvenue au sein du parti, il entend exploiter sa "popularité" pour revenir à la mairie qu’il convoite sérieusement ; il ne s’en cache pas d’ailleurs. En face, la tendance du maire Yacouba Sagnon ne serait pas prête à se laisser éjecter aussi facilement de la gestion des affaires. Pour cela, les crocs-en-jambe, les peaux de banane, ne manquent pas et toutes les failles seront exploitées pour arriver au but visé. Les conséquences déjà de cette pratique sont telles que l’on ne peut rien initier sans être soupçonné de rouler pour tel ou tel bord.

L’ex-député Koné Mamadou avait déjà annoncé les couleurs lors de l’adoption du budget 2005 de la mairie en s’abstenant de voter le budget pour la première fois car il ne serait pas réaliste. Dans cette guéguerre, la gestion de la Mairie, avant même que le maire ne présente son bilan quinquennal, est l’objet de tirs croisés et l’édile se défend (Cf. l’entretien accordé au journal "Le Pays" n° 3357 du 18 avril 2005).

Si la ville bruit déjà de spéculations, chose somme toute normale en période pré- électorale, il faut regretter cependant le fait qu’il existe véritablement des indices de haine qui pourraient être regrettables si l’on n’y prend garde.

Imposer l’ordre et la discipline du parti

Dans cette situation où les enjeux sont divergents au sein du CDP/Comoé, pour les observateurs de la scène politique de Banfora, l’élection présidentielle est moins inquiétante que les municipales en ce qui concerne la cohésion du parti. Et dans certains milieux, on pense cependant qu’il faudrait plus de clairvoyance et de retenue pour ne pas inutilement ouvrir des plaies qui seront difficiles à panser.

En effet, il ne s’agit pas de s’agiter car pour qui connaît la pratique au sein du CDP, c’est le parti qui désigne ses candidats, c’est-à-dire qu’il les fait et les défait au gré des intérêts du parti et non des individus. La question primordiale est de savoir comment l’ex-député s’y prendra quand on sait que pour le moment, il n’est pas en odeur de sainteté avec celui désigné par le parti comme commissaire régional.

Pourra-t-il percer la "carapace" et s’imposer, étant donné qu’il risquerait de ne pas bénéficier des financements du parti pour la circonstance pour ses ambitions ? La question embarrasse certains milieux de la ville et l’on évoque la création d’un nouveau parti de la mouvance présidentielle par l’ex-député Koné pour assouvir ses ambitions.

Mais si ce parti voyait le jour ou si l’ex-député rejoignait un autre parti de la mouvance, serait-il suivi par tous ses sympathisants ?
Autant de questions que les différentes tendances doivent examiner en vue de recadrer les actions au sein du parti et maintenir la cohésion sociale dans la ville.

Par Luc OUATTARA
Le Pays

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