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Les pauvres et les médicaments

Publié le mardi 10 mai 2005 à 07h41min

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Ce ne sont pas tous les Burkinabè qui sont pauvres, mais 95% d’entre eux tirent quand même le diable par la queue. Ils sont plus de 40% dans la pauvreté absolue. Plus on est pauvre, plus on risque d’être malade. Pour les pauvres, il y a au moins deux grandes difficultés pour se soigner, et les deux difficultés peuvent être partiellement résolues par deux structures qui ont comme vocation d’être au service des malades.

Première structure : le personnel soignant qui prescrit les ordonnances. Les ordonnances ressemblent parfois à une litanie. Les médecins et les infirmiers qui veulent le bien de leurs malades doivent tenir compte de la capacité financière de ceux-ci. Pourquoi faire une longue liste de médicaments s’ils ne sont pas tous nécessaires ?

Si ces personnes soignantes connaissent bien leur métier, elles doivent savoir ce qui est nécessaire. Dans beaucoup de cas, les médicaments génériques soignent plus lentement, mais mieux vaut guérir lentement que de ne pas obtenir de médicaments à cause du manque de moyens financiers.

Je pense que le personnel médical peu compétent prescrit beaucoup de médicaments pour plusieurs maladies hypothétiques parmi lesquelles se trouve peut être celle du patient. Prescrire beaucoup de médicaments fait impression sur le malade. Il ne s’agit pourtant pas de faire impression sur le malade, mais de l’aider à guérir.

La deuxième structure : les pharmacies. On tient une pharmacie pour gagner de l’argent. Je le comprends, mais cet appétit du gain ne doit pas obscurcir la vraie raison de l’existence d’une pharmacie : procurer des médicaments pour le bien-être des malades.

Je pense ici surtout aux malades pauvres, donc à presque tous les malades au Burkina Faso. Pour rendre les médicaments accessibles aux pauvres, on fait la publicité des médicaments génériques. Une petite enquête a été faite dans plusieurs localités et le résultat n’est pas très flatteur pour nos pharmacies et donc pour nos pharmaciens. Pour l’enquête, on a fait une liste des trente-trois médicaments génériques les plus importants.

En moyenne, seulement deux sur trois médicaments génériques étaient en stock. Il s’agit ici des trente-trois médicaments génériques les plus importants sur plus de deux cents. Il y avait quand même une pharmacie où il ne manquait qu’un seul médicament générique de cette liste. Tant pis pour le malade pauvre qui devient un pauvre malade.
Il y a certainement beaucoup de raisons pour expliquer cette absence de médicaments génériques. J’ai peur que la raison la plus importante soit le manque à gagner.

Plus un médicament est cher, plus le pharmacien y gagne. Pour un médicament qui ne coûte que 15 F, le bénéfice ne peut jamais être de 20 F. Mais un médicament de 1 500 F rapporte bien plus que 20 F de bénéfice. D’ailleurs, je l’ai moi-même souvent expérimenté : si je demande un médicament, on ne me présente jamais le générique ou bien je dois le demander explicitement. Naturellement, je ne suis pas considéré comme un pauvre.

Du 25 octobre au 1er novembre, les pharmaciens ont fait une action d’envergure contre les médicaments de rue. Ces médicaments sont très dangereux. Ils peuvent tuer et sont parfois plus chers que les médicaments de pharmacie. Cette lutte est-elle menée pour le bien des malades ? Si les pharmaciens sont si soucieux des malades, pourquoi ne vendent-ils pas davantage de médicaments génériques ?

Si un pauvre vient avec une ordonnance surchargée sur laquelle on ne trouve que des médicaments spécifiques, le pharmacien pourrait l’aider à diminuer le nombre de médicaments et à remplacer les autres par des génériques. C’est peut-être bien un peu trop idéaliste !

Mais pourquoi alors cette action contre les médicaments de rue ? Plus la rue vend de médicaments, moins les pharmacies en vendent. Les vendeurs de médicaments de rue cherchent à gagner de l’argent. Et les pharmaciens qui n’ont même pas les génériques en stock, qu’est-ce qu’ils cherchent ? La motivation entre les vendeurs de médicaments de rue et les pharmaciens qui n’ont pas les génériques en stock est-elle vraiment différente ?

La recommandation de Bamako date de très longtemps. La lutte contre les médicaments de rue est noble et les autorités pourraient faire plus. Les médicaments de rue sont très dangereux pour la santé et se vendent publiquement. Qu’attendent les autorités pour intervenir ?
Aidons notre pays, consommons le riz du Burkina.

Bonne nouvelle : J’ai vu des élèves du secondaire travailler durement durant leurs congés pour payer leur scolarité.

F. Balemans
BP 332 Koudougou
frans_balemans@hotmail.com

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