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Incidents du 1er mai à Gourcy : Le parti majoritaire joue avec le feu

Publié le lundi 9 mai 2005 à 07h39min

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Le parti doit mettre fin aux frondes qui persistent. Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) connait des empoignades récurrentes de ses militants. Deux localités, le Houet et le Zondoma sont en passe de gagner leurs lettres de noblesse en matière de hooliganisme politique de certains dits militants du parti majoritaire.

Si Bobo-Dioulasso s’est déjà mal ilustré à travers des affrontements sanglants lors des municipales de 2000, Gourcy vient de lui succéder dernièremet, même si dans le Houet, le feu couve toujours sous les cendres. A l’origine de cet accès de folie furieuse des militants du Zondoma, le renouvellement des structures de base du parti qui à ce qu’on dit n’a pas été des plus transparent. Pendant combien de temps encore, ce cirque va-t-il perdurer ? Ne faut-il pas reconnaître là que le parti au pouvoir fait une très mauvaise publicité de la politique et plus grave de la démocratie ?

Car cette dérive des clans devient presque le mode de gestion d’un parti censé être le phare de l’organisation partisane au Burkina Faso.

Si la grande partie du continent souffre de l’ouverture démocratique de la fin des années 80, l’incurie de ceux chargés d’animer les partis en est la cause principale. Les querelles de clochers qui sont le lot quotidien de ces partis ne reposent sur aucun fondement idéologique, de stratégie ou de divergence dans la construction des programmes politiques. Elles sont bassement confinées dans les eaux nauséabondes des combats de positionnement. Tel poste me revient de droit même si je n’en ai pas le profil. Alors on peine à voir sur quel argument se bâtit une telle prétention.

La bonne question à se poser serait celle de comprendre comment un parti responsable en arrive à laisser son image de marque salie par quelques individus en mal de gloriole ? Il y a là un mystère complet qui exige par son éclairage, une lecture au-delà des apparences.

Absence de culture militante

Le CDP est bien assez grand pour comprendre qu’il devient urgent de mettre un terme à cette comédie. A force de jouer avec le feu, on finit par y laisser des plumes. La politique de l’autruche ne peut que conduire à une désillusion, surtout que se profilent à l’horizon quelques échéances électorales.

La solution à cette situation de dégénérescence, semblent dire les deux camps, est que le bureau politique prenne ses responsabilités. Mais peut-il vraiment les prendre quand on sait qu’il est directement responsable du fait que ses militants se donnent en spectacle peu recommandable ?

Pour avoir consciencieusement érigé le parachutage en mode de recrutement et pire de promotion de ses militants, le bureau politique et ceux qui l’animent ont eux-mêmes introduit le vers dans le fruit.

Il est vrai qu’on ne peut tenir grief à cette direction d’avoir adopté, avec le passage à la démocratie et à l’usage du vote pour la dévolution du pouvoir, la stratégie de bâtir un parti de masse.

Mais là où le bât blesse, c’est d’entretenir une confusion à dessein entre militants, sympathisants ou tout simplement électeurs.

Un militant passe par des stades et des étapes avant de se voir confier des postes de responsabilité. Il fait ses preuves sur le terrain et concomitamment, il suit des cycles de formation politique. Il doit être doté de capacités et dans bien des cas, les responsables désignés du CDP ne font pas le poids. Faire le poids, c’est avant tout faire l’unanimité, à tout le moins fédérer autour de sa personne. Ils sont peu nombreux dans ce cas.

L’entre deux élections sert à ça et pour ce qu’on voit, ou constate, aucun parti burkinabè, fut-il majoritaire ne forme ses militants. Les militants sortent du néant et se voient bombardés pour les plus astucieux aux postes de responsabilité avec les conséquences qu’on sait.

La force du parti à l’épreuve

Ce qui vient de se passer à Gourcy est suffisamment grave pour ne pas mettre à l’épreuve la capacité de la direction à mettre de l’ordre dans la maison.

Un parti marche, nous osons encore le croire avec des principes, une discipline et des règlements. A l’image de l’armée, le parti tire sa force de la discipline de ses troupes, surtout par rapport à ses mots d’ordre et décisions.

Le CDP est donc face à lui-même, sa capacité à ramener dans le rang les brebis égarées. Rien que ça serait-on tenté de dire mais c’est déjà beaucoup, puisque ces frondes persistent et signent.

Qu’un militant montre sa différence sur les idées et la vision du parti, on veut l’accepter parce que c’est une manifestation de la démocratie et du dynamisme interne aux partis. Mais qu’il s’arc boute pour un poste, on nage en plein délire parce que c’est un acte délibéré de sabotage et même de sapement des bases du parti.

Après Bobo-Dioulasso où, on n’a rien vu venir comme prise de mesures pour réduire la fracture, le parti est-il à même d’imposer sa loi dans le Zondoma ?

Connaissant les conséquences de cette remise en cause de sa cohésion, le CDP doit oser se regarder afin de mériter d’être la vitrine de la démocratie au Faso. Quand une branche est pourrie, très simplement on la coupe pour que l’arbre respire de plus belle.

Souleymane KONE
L’Hebdo

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