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Canicule préélectorale : Ça baille et ça braille au Faso

Publié le lundi 2 mai 2005 à 09h24min

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Si les Ouagalais transpirent en cette période de fortes chaleurs, ce n’est pas de s’échiner au travail. Bien au contraire, le mois de mai qui s’annonce devrait être celui du farniente collectif et de la sieste prolongée. Sauf quand il s’agira de se secouer en groupe, en vue d’échéances électorales porteuses d’espoirs... égoïstes.

Le 1er mai, les travailleurs fêteront le turbin dans une canicule qui ramollit toute velléité de dynamisme professionnel ; mais qui suscite d’interminables jérémiades stériles sur la température. Et le calendrier n’arrange en rien l’apathie générale. C’est bien connu, les jours fériés, on « fait-rien ».

La semaine dernière, le Mouloud - que tout le monde « fête » sans forcément en connaître la signification - tombait un jeudi, anesthésiant le moindre effort de ceux qui n’ont pas fait le pont jusqu’au week-end. Lundi prochain, le 2 mai, on chômera pour compenser le dimanche 1er mai où l’on aura pourtant passé le temps à se caresser le ventre à domicile.

A peine remis du repos de trois jours, on chômera le jeudi de l’Ascension, sacrifiant à l’avance l’ardeur au travail du vendredi. Chaque veille de jour férié justifiant une « journée continue » aussi improductive qu’injustifiée, le rythme de mai devrait sonner le glas du boulot.

Mais, après tout, n’auront à trouver l’énergie de travailler que ceux qui seront au service. Bon nombre de ministres-coordonnateurs sont déjà en précampagne électorale, suivis par des essaims de courtisans ABC. Les dossiers importants seront sans doute remis aux calendes grecques et rangés au placard avec quelques autres pendants.

Quant au ministre du Turbin lui-même, il patronne, du 29 avril au 8 mai, une fermentation « trop moins chère » à la Maison du Peuple, plus propice à la propagation des « 3B » qu’à l’exercice serein et efficace d’un travail. Ça va roter dans les services... Ça va ronfler dans les chambres à coucher.

Quant aux élèves et aux étudiants, lorsqu’ils ne sont pas en classe d’examen, ils voient en mai le bout du tunnel académique, la fin prochaine d’une année scolaire débutée effectivement il y a à peine six mois.

Mais ne plaignons pas trop les Burkinabè. S’ils traînent des figures de chiens battus quand il s’agit de se rendre au bureau, ce n’est pas pour avoir été piqués par une mouche tsé-tsé. Ils ne manquent pas de ressources physiques. Il suffit de voir l’ardeur mise à marcher en plein soleil pour soutenir un candidable qui n’a pas attendu les suppliques d’une frange de la rue pour prendre une décision qu’il garde bien à l’abri des contradicteurs. Et il faut en brûler, des calories, pour affronter sur le goudron ceux qui braillent au viol de la Constitution.

Oubliée, l’énergie qu’on déploie à convaincre son supérieur hiérarchique qu’il faut booster sa carrière. Il s’agit maintenant de démontrer à son « supérieur politique » qu’il serait de bon ton de parler de soi en plus haut lieu. Car, si tout va bien, la carrière devrait suivre...

Journal du jeudi

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