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Opérations d’adressage : Eviter la précipitation

Publié le vendredi 29 avril 2005 à 06h54min

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Parlant de la beauté de la capitale, tout le monde ou presque connaît ce slogan de Simon Compaoré. "Ouagadougou sera ce que vous voulez qu’elle soit". Nul n’ignore en effet, le grand attachement du maire central à la beauté et à l’élégance de la capitale.

Mais cette beauté, pour être réelle et complète, ne devrait pas uniquement concerner les rues ombragées, les majestueux immeubles futuristes, les et les avenues fleuries. Encore qu’à ce niveau, si le centre ville a tous les attributs d’une belle métropole qui n’a rien à envier à certaines capitales africaines, force est de constater que ses périphéries nous restituent parfois l’image de ce cheval au visage richement paré, mais répugnant par derrière.

C’est donc dire que pour que Ouagadougou soit réellement belle, il y a lieu d’intégrer beaucoup d’autres éléments que sont l’histoire, la culture, la coutume, la religion, etc. Participent de cette recherche de beauté, les opérations d’adressage, c’est-à-dire de numérotation des rues et des portails.

Ces opérations qui ont déjà eu lieu il y a quelques années, avaient pour finalité de permettre aux citoyens de mieux s’orienter et de faciliter leurs mouvements, et aux services essentiels tels les sapeurs-pompiers, les ambulanciers, la SONABEL, l’ONEA, l’ONATEL, etc. de réagir avec plus d’efficacité et de rapidité aux sollicitations des citoyens.

Or, le moins que l’on puisse dire, ces opérations d’adressage ont plutôt désorienté les gens. Les exemples sont légion. Lorsqu’un résident de n’importe quel secteur de la ville sollicite l’intervention des services suscités, il est obligé d’aller se poster au bord d’un grand axe pour les conduire.

La situation est d’autant plus compliquée que dans certains quartiers périphériques, les seuls élements qui permettent de s’orienter, c’est le numéro de la rue, précédé de celui du secteur. Dans ces conditions, il faut slalomer entre impasses, rues sans caniveaux, etc, pour certaines cours en détresse. Lorsqu’un résident des 1200 logements déclare habiter dans une villa qui porte le numéro X, l’on se demande par quel bout rechercher le numéro.

Au moment où il est question de procéder à un nouvel adressage, ne serait-il pas recommandé de revoir la manière de procéder afin d’éviter les erreurs du passé ? Loin de renier ou de remettre en cause et les compétences et la composition des membres de la commission qui ont procédé à cet adressage et au baptême des différentes artères de la capitale, il serait souhaitable que ces derniers se remettent un peu en cause (s’ils sont les mêmes que l’équipe précédente) ou qu’ils soient à l’écoute de l’opinion (s’ils sont de nouveaux venus).

En effet, quand on se refère aux résultats du travail de la première commission, l’on a l’impression qu’il n’y a pas eu une large consultation pour recueillir les avis des principaux intéressés, la population de Ouaga. Une opération de ce genre devait être précédée d’un large sondage et intégrer les préoccupations des populations.
Faut-il le repéter, Ouagadougou est un condensé de toute l’histoire du Burkina.

En effet, parce que ville cosmopolite, temple de toutes les nationalités appelées à cohabiter harmonieusement, il serait contraire à la recherche et à la consolidation de ce sentiment d’appartenance à une même Nation, de privilégier la langue d’une nationalité au détriment de celle des autres. Or manifestement, d’autres nationalités semblent être exclues de ce baptême qui devrait être intégrateur et non ciblé sur une seule langue, fût-elle majoritaire.

Le nom du pays, "Burkina Faso", qui est la somme d’au moins trois langues, devrait inspirer la future commission. Par ailleurs, dans un souci réel de simplifier la vie des citoyens, n’y a-t-il pas lieu de revenir à l’appellation de nos quartiers car chargée d’histoire et puisant son origine dans l’âme de notre société ; une société dont l’organisation qui n’a jamais été imposée, contrairement aux secteurs non seulement mal assimilés par les populations, mais également à l’égard desquels des citoyens gardent un mauvais souvenir.

Si tous ces éléments ne sont pas pris en compte, on assistera à un nouvel adressage peu efficace et coûteux. Ce serait dans ces conditions, une initiative qui ne serait pas conforme au sentiment du plus grand nombre.

"Le Fou"
Le Pays

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