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Suspension des lotissements : "C’est une mesure anti-développement", selon Cyril Goungounga

Publié le mercredi 27 avril 2005 à 07h31min

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Le 14 avril dernier, au cours du discours du Premier ministre sur la situation de la nation, le député Cyril Goungounga (ADF/RDA) a posé le problème de la suspension des lotissements.

Nous lui avons demandé de préciser sa position sur la question et il est catégorique : il s’agit d’une "mesure anti-démocratique".

"Le Pays" Comment jugez-vous la politique gouvernementale en matière de lotissements ?

Cyril Goungounga : Concernant les lotissements et l’aménagement du territoire, on n’a pas l’impression que le gouvernement a un plan. Les lotissements se font au gré de l’autorité municipale. On accumule les lotissements et ce sont les mêmes qui ont les parcelles. C’est pourquoi je déplore l’absence de politique gouvernementale dans le domaine.

Est-ce un manque de prospective qui a entraîné tous les problèmes autour des lotissements ?

Je ne pense pas que c’est cela. Je voudrais saisir l’occasion pour rendre hommage au maire de Ouagadougou qui est le président de l’AMBF (Association des municipalités du Burkina Faso). Il se bat comme un beau diable pour que tout aille bien. C’est dire que certains maires exercent bien leur mandat mais qu’il y en a qui font des parcelles une affaire commerciale. La gestion des parcelles est devenue l’essentiel de leur mandat.

Il y a peut-être des maires dont le niveau intellectuel ne permet pas de se rendre compte que la question des parcelles est très dangereuse. D’ailleurs, en Afrique, on dit souvent qu’il ne faut pas s’amuser avec la terre. On assiste à une course effrénée vers le patrimoine foncier. L’immaturité des maires fait du tort aux populations. La réforme agraire et foncière doit être appliquée dans toute sa rigueur.

Quand on donne le pouvoir à des gens qui n’ont pas les ressources intellectuelles pour l’assumer, cela pose problème. Bien sûr, l’intégrité morale est aussi déterminante dans une bonne gestion des affaires publiques. Au Burkina Faso, on se connaît tous. Il n’y a pas de génération spontanée en matière de richesse. Quand on voit des immeubles qui poussent, on sait d’où ça vient.

Que reprochez-vous à l’arrêté interministériel suspendant les lotissements ?

Il s’agit d’un arrêté conjoint du 18 février 2005 signé par quatre ministres. Dans la forme, j’estime qu’une décision de cette envergure doit être prise par le Conseil des ministres. Un quarteron de ministres ne peut donc pas signer un arrêté pour bloquer le lotissement sur toute l’étendue du territoire national pendant un an. Ensuite, j’estime qu’il s’agit d’une décision anti-développement.
Le lotissement fait partie des activités de développement et on ne saurait suspendre le développement pendant une année.

On peut, à la limite, prendre des mesures ciblées, selon les localités à problèmes. Notre inquiétude est que dans certaines localités, on a perçu de fortes sommes d’argent auprès des populations pour faire des lotissements. Or depuis plusieurs années, rien ne se fait. Les maires qui ont organisé cette collecte de fonds vont s’en tirer à bon compte après les municipales. Les populations sont très inquiètes à ce niveau. En tout cas, j’aimerais connaître les raisons pour lesquelles cette suspension a été décidée.

Cette suspension va peut-être permettre au gouvernement de mettre de l’ordre dans les lotissements...

Je dis bien que je veux être informé. Comme l’a dit le professeur Ki-Zerbo, en l’absence d’explication, toutes les hypothèses sont permises. J’estime qu’on n’a pas besoin d’une décision administrative de portée nationale. S’il y a des villes où il faut sévir, alors, que les autorités agissent de façon ciblée. Il y a des municipalités qui n’ont pas de problèmes et qui sont touchées par la mesure. Je trouve que ce gouvernement se mêle un peu trop des affaires des collectivités.

Propos recueillis par Mahorou KANAZOE
Le Pays

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