LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Présidentielle togolaise : Réussir ensemble ou périr

Publié le lundi 25 avril 2005 à 00h15min

PARTAGER :                          

Les Togolais étaient hier aux urnes pour élire le successeur du président Gnassingbé Eyadéma décédé le 5 février dernier.

Trois candidats étaient en lice pour ce scrutin présidentiel controversé dès le départ : Faure Gnassingbé, 39 ans, fils du président défunt, candidat du Rassemblement du peuple togolais (RPT), Emmanuel Bob Akitani, 74 ans, dauphin de Gilchrist Olympio, pour le compte de la coalition de l’opposition et Harry Olympio, un opposant modéré. Un quatrième candidat qui s’était annoncé au départ, l’homme d’Affaire Nicolas Lawson, a dû retirer sa candidature à deux jours du scrutin après les déclarations spectaculaires du ministre de la Sécurité et de l’Intérieur invitant à l’arrêt du processus électoral.

Cette défection de dernière heure n’a pas de conséquence sur l’issue de ce scrutin qui reste avant tout, un duel entre Faure Gnassingbé et Bob Akitani. Le dernier cité, avec son seul parti, l’ULC avait obtenu 33,68% à l’élection de juin 2003 face à Eyadéma. D’aucuns disent même qu’il avait battu Eyadéma.

Aujourd’hui, investi par la coalition de l’opposition pour la conquête du pouvoir, il va s’en dire que l’homme représente un obstacle sérieux pour le représentant du pouvoir qui compte certainement sur la "machine du parti" pour succéder à son père.

En attendant de connaître le successeur de Eyadéma, quelle est la portée de ce scrutin pour le Togo ? Le premier élément que l’on peut retenir, c’est d’abord la tenue même de cette élection qui constitue une bataille de gagnée pour la classe politique togolaise et tout le peuple togolais. Jusqu’à la dernière minute, le doute planait sur la tenue effective de l’élection non seulement au regard des incidents qui ont émaillé la campagne mais aussi aux multiples appels au report de l’opposition, des religieux et surtout de la déclaration spectaculaire du ministre de la Sécurité et de l’Intérieur.

En dépit de toutes ces considérations, les votes se sont déroulés dans un calme apparent sur toute l’étendue du territoire.

Cette étape franchie, les Togolais devraient encore transcender leurs divergences pour gagner ensemble, celle de l’acceptation du verdict du scrutin. Ils devraient dépasser les procès d’intention, les déclarations de campagne tenues çà et là sur les "victoires" acquises d’avance et accepter la proclamation des résultats officiels. Pour ce faire, les structures commises à cette noble et difficile tâche, devraient veiller au grain et ne voir que l’intérêt du pays. Elles devraient éviter toute manipulation qui pourrait être préjudiciable à l’acceptation des résultats. En somme, le fair-play devrait prévaloir à tout point de vue. Les perdants devraient être de bons perdants et accepter avec philosophie, leur défaite.

Troisième défi, la gestion du pouvoir.

Quel que soit le successeur de Eyadéma qui sortira de ce scrutin, il devra avoir pour premier objectif, le rassemblement de tous les fils du Togo pour la reconstruction du pays. Qu’il soit du RPT ou de l’opposition, le futur président du Togo devrait faire beaucoup de concessions en favorisant une franche collaboration avec l’autre camp. Cette bataille, au-delà de son aspect politique, devrait être économique afin de donner de réelles chances au Togo de sortir de son marasme économique.

Au terme de ces différentes épreuves, les Togolais devraient pouvoir cultiver un nouvel esprit de tolérance, de solidarité, de bonne gouvernance pour un meilleur développement et un avenir radieux de leur pays après la disparition du père-fondateur de la Nation dont les 38 ans de règne sans partage ni concession, ont précipité le Togo dans l’abîme.

La nouvelle classe politique dirigeante devrait vite tourner cette page et ouvrir ensemble de nouveaux chantiers de développement en associant tout le monde.

C’est sûrement à ce prix qu’elle construira la paix sociale et redonnera confiance à la communauté internationale et surtout, aux bailleurs de fonds.

Par Zakaria YEYE
Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique