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Togo : Election sous haute tension

Publié le vendredi 22 avril 2005 à 06h47min

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Dimanche prochain en principe, les Togolais se rendront aux urnes pour désigner le successeur de Gnassingbé Eyadéma. Un scrutin qui va se dérouler dans un climat sociopolitique tendu, faisant dire à nombre d’observateurs qu’il ne résoudra pas "l’équation" togolaise. A moins que...

La CEDEAO, par la voix de la ministre nigérienne des Affaires étrangères, Aïssata Mindaoudou a prévenu : "aucun trouble ne sera toléré par l’Organisation sous régionale, lors du scrutin du 24 avril 2005".

Dans la foulée, 150 observateurs seront envoyés au Togo pour "surveiller" le déroulement du scrutin et dénoncer tous les "pêcheurs en eau trouble". Une déclaration "guerrière" faite à l’issue de la réunion de Niamey de mercredi dernier, qui a regroupé autour du président Tandja, tous les protagonistes de la classe politique togolaise, à l’exception de l’opposition dite "radicale" qui a jugé inopportun de se rendre à Niamey.

Emmanuel Bob Akitani, le champion de cette frange de l’opposition pour le scrutin, a en effet, déclaré que le "climat délétère" qui a régné lors de l’établissement des listes électorales, n’a pas permis à tous les militants de s’inscrire sur lesdites listes. Mieux, il soutient que ce climat de violence a été entretenu à dessein dans le but évident "d’affaiblir" l’opposition lors du scrutin.

Il faut dire que Bob Akitani est conforté dans sa position, par la démarche inédite entreprise par le clergré catholique et des organisations des droits humains en direction du président intérimaire Abas Boufo, en vue d’obtenir le report du scrutin. Fin de non recevoir catégorique du côté du pouvoir, qui a invoqué la légalité constitutionnelle pour se justifier.

Ce sont ces mêmes personnes qui ont "exigé" le respect de la constitution le 6 février dernier, a déclaré le ministre de l’Intérieur. Elles sont donc "disqualifiées" pour demander un report en raison d’une paix sociale "menacée" ; argument qui ne "tient pas" selon le tout-puissant ministre. C’est dire que le feu couve sous la cendre à Lomé et les incidents sanglants qui ont émaillé le début de semaine n’augurent rien de bon pour l’après-scrutin.

Faure a les clés

Ce d’autant que "la vérité" sur le contentieux politique passé et la réhabilitation du père de l’indépendance, Sylvanius Olympio réclamé par l’opposition radicale, ne semblent pas être la tasse de thé du pouvoir. "Faure a demandé pardon", a indiqué son directeur de campagne, ajoutant qu’il veut "réhabiliter" la mémoire de Sylvanius Olympio et rétablir la démocratie et l’Etat de droit au Togo. Mieux, il propose "l’institution d’un juge des libertés" chargé de veiller au respect des règles du jeu démocratique.

Et, "last but not least", Faure se présente comme "l’homme du renouveau" et la "passerelle" entre le Nord et le Sud en raison de son "métissage". De la "poudre aux yeux" rétorque l’opposition qui soutient qu’il ne saurait y avoir réconciliation sans "l’indispensable vérité" sur les crimes commis au Togo depuis janvier 1963. Nous ne voulons pas "d’une paix des cimetières" et d’une démocratie "factice" où les libertés d’expression et d’opinion sont confisquées.

En cause cette fois, la suspension des radios privées Canal FM et Nana FM, accusées de troubler l’ordre public. Par ailleurs, l’opposition réclame le "rééquilibrage" de l’armée "noyautée" par les Kabyés, l’ethnie du défunt président Eyadéma, qui a "façonné" l’armée à son image, au point qu’elle serait devenue "la voix de son maître". Idem pour l’administration où toute la haute fonction publique est "gangrenée" par cette ethnie.

Dans cette atmosphère de suspicion généralisée et de rancune tenace, et alors qu’il apparaît que le résultat du scrutin est connu d’avance, on peut affirmer que Faure a tous les atouts en main pour amener le Togo dans l’espace démocratique. Ce n’est pas faire injure à l’opposition togolaise que d’affirmer que le fils Eyadéma a une longueur d’avance. 38 ans de règne de son père ont permis de mettre le Togo sous coupe réglée et la machine à gagner du RPT est plus présente et plus forte que jamais.

Fambaré Natchaba et les autres sont bien là et comme le quartier de l’opposition (Gbè à Lomé) a été "snobé" lors du recensement le deal est quasiment ficelé. L’enjeu pour le Togo réside donc dans l’après-élection notamment de ce que Faure fera de sa victoire. Présenté comme "l’otage" de la haute hiérarchie militaire qui l’avait adoubé le 5 février 2005 ainsi que des vieux bonzes du parti, Faure devra d’abord "prendre son indépendance" avant de prétendre libérer son peuple par le biais de la démocratie. Sans renier l’héritage de son père, il devra cependant en faire l’inventaire, exercice certes difficile mais indispensable en raison de son caractère cathartique.

Ouvrir le jeu politique, assainir les mœurs économiques, tendre la main aux exclus, voilà entre autres les impératifs catégoriques auxquels devra s’astreindre le vainqueur présomptif du scrutin du dimanche. Autrement, "le régime d’exception qui avait succédé au régime d’exception d’Eyadéma le 5 février 2005" (dixit Blaise Compaoré) se perpétuera pour le plus grand malheur du peuple togolais.

Boubakar SY
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 24 juillet 2006 à 14:25, par remy En réponse à : > Togo : Election sous haute tension

    Quel risque peu avoir une entreprise francaise qui souhaite s installer en import export Et quel avantage à cette entreprise de s installer au togo plus qu ailleur merci

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